J'apprécie en principe beaucoup les romans de
Linwood Barclay. Mais avec
La fille dans le rétroviseur, la magie n'a pas opéré. Durant 449 pages qui m'ont paru être deux fois plus nombreuses, on suit la déambulation dépressive de Cal Weaver, détective privé dans une petite ville proche de la frontière canadienne et des chutes du Niagara, où sévit une police aux méthodes brutales. Certes, Cal a de nombreuses circonstances atténuantes pour justifier sa déprime. Il vient de perdre son fils unique, Scott, et cherche douloureusement à comprendre s'il s'est suicidé en se jetant d'un toit, ou si quelqu'un l'a aidé à sauter. Pendant ce temps, son épouse, Donna, dessine inlassablement le portrait de leur enfant mort. C'est dans ce contexte neurasthénique, que Cal prend à bord de sa voiture, un soir pluvieux, Claire, la fille du maire. Mauvaise idée !
Il m'a été impossible d'entrer dans cette histoire sans originalité ni caractère, qui se déroule linéairement sans aucun effort de construction. Si Cal s'endort en fin de chapitre, on le retrouve se réveillant le chapitre suivant. Aucune alternance de point de vue, seul Cal raconte, à la première personne. Quelques pages en italiques, magiques, puisqu'elles sont censées livrer lentement la genèse de l'histoire, apportent une petite rupture dans ce rythme monotone. Les dialogues s'étirent, n'apportant que peu d'éléments intéressants. Les recherches de Cal, aussi légitimes soient-elles, se bornent à rendre visite à ceux qui connaissent Claire ou ont connu Scott, parents démissionnaires ou amis paumés, préoccupés par facebook, la boisson ou la drogue.
Au final, une lecture déprimante aggravée par l'épilogue d'une tristesse à pleurer, et par les nombreuses fôtes d'ortograf oubliées par un correcteur distrait, ou des tournures ou expressions (traduction ?) qui rendent la lecture de certaines phrases, acrobatique. Une déception qui ne remet pas en cause le talent maintes fois prouvé de l'auteur ni mon intérêt pour ses productions.