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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ayant une fascination étrange pour la Guerre de Troie, c'est tout naturellement que j'ajoute les romans qui traitent de ce sujet dans ma PAL. J'avais une immense envie de lire celui-ci. C'est chose faite. Et ne sachant même pas si j'allais apprécier le style, j'ai acheté la suite. Fort heureusement, j'ai beaucoup aimé. Il faut dire que j'ai un parti pris ! ;)
La version de cette guerre en est une autre : celle des vaincues. Et c'est au-travers le personnage de Briséis qu'elle nous sera racontée. Princesse déchue, donnée à Achille comme trophée, elle nous racontera les horreurs vécues par les centaines de femmes devenues esclaves dans le camp ennemi. En plus d'avoir eu à voir, souvent, leurs maris, leurs pères, leurs frères, leurs fils décimés, elles devront subir les humiliations, les viols, la déshumanisation que les hommes conquérants commettront sur elles. Souvent difficile à lire pour la femme en nous. On se prend rapidement d'affection pour Briséis, qui, au final, n'a eu le tort que d'être une femme.
J'ai beaucoup aimé ma lecture, même si certaines choses n'ont laissé quelque peu perplexe. Notamment, les dialogues, ou plutôt, certains mots employés, qui sont beaucoup trop actuels, et qui cadrent difficilement avec l'époque. L'art du dialogue et des grandes rhétoriques étaient l'adage des Grands de l'époque. Ça casse le style. Et puis, le côté lyrique et plaintif de l'histoire m'a irrité, quelques fois. Mais dans l'ensemble, c'est une excellente lecture. J'aurais aimé que ce soit un coup de coeur, mais bon….
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La parole donnée aux femmes de Troie , celles qu'on n'a jamais entendues alors qu'on sait tout d'Achille et d'Agamemnon et qu'on n'a pas hésité à nous raconter en milliers de vers depuis des siècles, tous les hauts faits des héros couverts de gloire et « emplis de vaillance, plis de vaillance, plis de vaillance… » -Merci Offenbach d'apporter un bémol salutaire- , mais qui a parlé de la face obscure et horrible du sort réservé aux femmes et aux filles des rois et des princes vaincus? Pas une ligne.
L'une d'elle raconte et c'est inoubliable .
Au cours de la guerre de Troie, la cité de Lyrnessos finit par tomber sous l'assaut des Grecs menés par Achille. La reine Briséis, devenue esclave du héros, s'efforce de survivre pour que son histoire puisse traverser les âges ainsi que celle de toutes les femmes réduites au silence par les faits d'armes des guerriers.
Plongez -y et vous compléterez ainsi non seulement votre culture antique, mais votre vision de l'histoire pour les siècles des siècles selon la formule consacrée. Magistral.
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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La guerre de Troie fait partie de notre héritage culturel, même sans avoir lu « L'Iliade » d'Homère, même sans être un helléniste chevronné. Nous avons tous en tête, plus ou moins précisément, l'histoire de cette guerre de près de 10 ans qui opposa les rois grecs aux Troyens parce que Parîs avait enlevé la belle Hélène, et les combats qui virent s'opposer les troyens Hector, Parîs et Priam aux Grecs Alix, Ulysse, Patrocle et le plus grand de tous : Achille, tous ralliés à Agamemnon. Mais à part Hélène et Iphigénie, que savons-nous du sort des femmes pendant cette longue bataille sous les murailles de Troie ?

Avec « le silence des vaincues », Pat Barker donne la parole à celles qu'Homère a totalement oubliées dans ses récits : les femmes, ou plutôt souvent des jeunes filles entre 15 et 20 ans. L'auteure s'empare de la destinée de Briséis, reine de Lyrnessos, faite prisonnière par les Grecs après la chute de sa ville. Comme toutes les femmes des cités conquises elle devient esclave des soldats grecs. du fait de son rang elle est donnée en trophée à Achille. Malgré elle, elle deviendra un enjeu majeur de cette guerre, lorsque Agamemnon ravira son trophée à Achille. Ce dernier refusera dès lors de continuer à se battre à la tête de ses myrmidons, aux côtés des armées grecques . Blessé dans son orgueil par le geste d'Agamemnon il assistera au recul de ses compagnons sur le champ de bataille, jusqu'à la mort de Patrocle.

Briséis sera le témoin des états d'âme du grand héros grec. Fils d'une divinité de la mer et d'un mortel, force de la nature, guerrier téméraire, homme seul aussi. Contrainte, comme ses semblables, à la partager la couche de celui qui a massacré son époux et ses frères, Briséis n'est pas résignée. Pat Barker dresse le portrait de femmes volontaires, déterminées, qui certes tremblent pour leur vie mais qui se battent à leur manière pour rester dignes et pour s'adapter à ces conditions de vie sous le signe de la violence, pour rester en vie et chérir la mémoire de leurs pères, maris et fils perdus, le tout dans un contexte complexe politiquement, humainement et socialement.

Briséis ne raconte pas seulement son histoire. Elle raconte aussi celle d'Achille vue par les yeux d'une femme, laquelle est aussi mère et fille. Car si la guerre est une histoire d'hommes, la guerre de Troie particulièrement implique énormément les femmes. Objet de désir ou objet de vengeance, objet de domination ou exutoire, source de plaisir ou objet de sacrifice aux Dieux pour satisfaire la soif de bataille, de victoire, de vengeance des hommes mortels. L'amour a vraiment peu de place dans cet univers dont il nous est donné à voir l'envers du décor. Lorsqu'il surgit malgré tout, l'auteur démontre toute la complexité de la situation de la femme esclave, à la merci du bon vouloir du vainqueur.

En s'emparant de l'histoire de Briséis, Pat Barker fait de cette guerre, de cette longue bataille de près de 10 ans, une histoire de familles, de pères et de fils, de mère et de filles, de frères et de cousins, de belles-filles et de soeurs, livrant un récit résolument féministe. Elle transforme également ces héros grecs en hommes de chair et de sang, qui obéissent aux règles de leur époque, conformément à l'environnement dans lequel ils ont été élevés, mais qui sont aussi des êtres doués de sentiments. Pas de jugement, seulement un constat.

Un grand roman. Une belle réécriture.
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Dans l'Illiade, nous suivons l'histoire du point de vu des héros.
Dans ce roman, nous appréhendons le point de vue des femmes et des esclaves.
Nous voyons Briseis, Troyenne, devenir esclave et, finalement avoir une petite influence sur son ravisseur.
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Les Grecs font le siège de Troie depuis neuf ans déjà, et la situation est durablement figée alors qu'ils croyaient pouvoir faire une guerre éclair et récupérer Hélène, enlevée par Pâris, le fils du roi de Troie.
Pour combattre les troyens, Agamemnon, le roi des Grecs, a réuni tous les seigneurs en coalition, et le fer de lance de celle-ci est Achille, fils d'une déesse de la mer. Achille est jeune guerrier à la fois sanguin et sanguinaire: il est loué pour ses qualités surhumaines lors des combats, mais la réalité est qu'il est particulièrement cruel au combat. Ainsi, lors de la prise d'une ville troyenne, il tue tous les soldats et jeunes hommes qu'il rencontre, et c'est sous les yeux de Briséis, une reine, qu'il massacre tous ses frères. À son retour au camp, Briséis et toutes les femmes de la ville sont devenues esclaves domestiques et sexuelles. Réparties entre les guerriers selon leur beauté et la vaillance des tueurs au combat, Briséis devient l'esclave d'Achille qui la viole le soir même. Mais dans ce camp où seuls les hommes comptent, les femmes - ces invisibles qu'ont peut frapper, violer et tuer car ce ne sont que des choses, au mieux des trophées - vont s'entraider et se soutenir dans les pires moments, qui sont quotidiens.
J'avais lu « Les exilées de Troie » l'an passé et j'avais adoré, avant d'apprendre que c'était la suite du « Silence des vaincues ». Voilà que j'ai lu les deux tomes, et sincèrement j'ai été bouleversée par cette histoire dans l'Histoire. J'ai lu Homère (plusieurs fois) et d'autres récits épiques mais dans aucun d'eux il n'est jamais question des femmes autrement que comme des faire-valoir ou des génitrices. Mais ce statut n'est pas réservé au monde grec, les européens faisait la même chose finalement.
Ici, la particularité tient en ce que l'autrice, Pat Barker, nous place du point des vue des esclaves, ces femmes invisibles qui servent de monnaie d'échange, de trophées et de défouler à ces hommes abreuvés de vin et de sang, et élevés à la testostérone, et qui ont quitté leur foyer depuis une décennie. On y décrit un Achille arrogant et orgueilleux, capable d'amour (son amant, Patrocle est avec lui) et quelque fois de protection envers son esclave - quoique ce soit souvent l'honneur et la possession qui guide ses actes.
En quelques phrases, je dirai que ce livre est fondamental: certes c'est un roman (mais finalement, l'Iliade aussi) mais le changement de perspective est capital et fondateur pour la pensée contemporaine. Il faudrait généraliser ce revirement afin de ne pas passer à côté de l'Histoire de la moitié de l'humanité…
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L'Iliade, tout comme l'odyssée, relate des aventures et des exploits épiques et guerriers. Les hommes y sont les personnages prédominants. Mais pas dans le silence des vaincues. Ici, ce sont les prisonnières de guerres qui sont mises à l'honneur et c'est Briseis, la porte-parole. Elle est la reine de Lyrnessos, ville voisine de Troie, et non une prêtresse d'Apollon issue d'un film Hollywoodien. C'est une femme mariée et donc pas n'importe qui. Malheureusement, le brutal et mal éduqué Achille va la transformer en trophée, en faire son esclave et sa maîtresse de chaque nuit, tandis que Briseis se terre dans le silence, horrifiée par le sort que les Grecs réservent aux Troyennes. Mais au fond d'elle même, elle hurle, elle se défend et elle brise le silence. Comme bon nombres de victimes d'une guerre (dans L'Iliade il s'agit d'un conflit déclenché par un égoïste amoureux d'une reine demi-deesse), les blessures physiques et psychologiques engendrent des dommages collatéraux et le point de vue de Briseis permet de renforcer ce combat silencieux enduré par les otages et autres prises de guerre. Je le recommande à fond !
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J'ai pris une grosse claque avec ce roman ! À l'instar du Chant d'Achille de Madeline Miller, qui m'avait totalement secouée lors de sa lecture, celle-ci m'a tout autant chamboulée, et peut-être même plus. Bien sûr, les faits de la Guerre de Troie, pour un peu qu'on s'y intéresse, on les connaît. Certains nous répugnent, beaucoup nous écoeurent, mais dans l'histoire, telle qu'usuellement racontée, on est rarement émus aux larmes. Émus de chagrin, par la peine ressentie, par les outrages infligés et par la douleur de toutes ces femmes, si brillamment évoquées ici, mais aussi par celle d'Achille, qu'on nous décrit assez peu souvent. Appréhender cette histoire d'un point de vue différent, avec une telle sensibilité, et une plume si émouvante, a rempli d'humanité des actes qui en sont totalement dénués. Et malgré cette cruauté affligeante, que la voix des femmes, d'ordinaire toujours muettes, ait pu surgir dans cet excellent roman, en fait une oeuvre magistrale de féminisme.
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J'ai adoré cette lecture!! Tout m'a plu dedans alors que j'avais lu des avis mitigés qui critiquaient notamment les dialogues trop modernes. Je déteste quand c'est le cas dans un roman mais ici ça ne m'a pas du tout dérangée.
Tout le monde connaît les grandes lignes de la Guerre de Troie mais on se concentre généralement sur les hommes et leurs actions héroïques (ou pas). le silence sied aux femmes, mais pour une fois la parole leur est donnée via Briseis, reine déchue devenue l'esclave d'Achille. Comment survivre quand on a vu sa famille, son peuple massacrés, et qu'il faut servir sans broncher ses assassins? Lorsqu'on passe d'être humain à chose, objet marchandé par les hommes sans avoir droit au chapitre? En tant que femme, Briseis jouissait déjà de peu de libertés avant mais va réellement connaître la déchéance ensuite. Néanmoins sa voix permet de rendre hommage à ces femmes, de rappeler leur nom et leur destin.
On suit aussi Patrocle, le méprisable Agamemnon, Ulysse...et Achille bien sûr. Présenté ici avec quelques nuances, homme encore brisé par l'abandon de sa mère quand il était enfant, ami (et sans doute plus) fidèle de Patrocle, guerrier barbare et sans pitié tout en étant désintéressé du but de la guerre, cherchant avant tout la gloire.
Ce récit m'a passionnée, on réalise le gâchis énorme que représente cette guerre, l'inutilité de ces batailles pour l'honneur et la douleur infinie qu'elle laisse chez tous ses acteurs quel que soit leur camp. Une guerre sans vainqueur mais avec des perdantes.
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Ce roman se concentre sur la vie des femmes, esclaves, durant la Guerre de Troie. Nous avons un point de vu entièrement féminin, grâce au personnage de Briséis, sur les événements de la Guerre de Troie et sur ses héros.
J'ai réellement apprécié le fait de mettre en avant les femmes durant un épisode aussi important que celui de la Guerre de Troie. En général, c'est surtout les héros grecs que l'on met en avant.

Briséis est une jeune femme admirable, courageuse, forte et loyale. Pas à un seul moment elle ne m'a déçue, elle est même surprenante. Voir la vie durant la Guerre de Troie à travers ses yeux donnait une vision différente de celle-ci, la vision que j'avais de certains personnages aussi changeait.
J'ai eut le bonheur (et la douleur) de retrouver Achille et Patrocle : à travers les yeux de Briséis, vous ne pourrez que les apprécier davantage. En revanche, la mort de Patrocle est toujours aussi douloureuse (et violente), j'avais l'impression de ressentir, encore plus intensément que dans « Le Chant d'Achille », le désespoir et la douleur d'Achille. Certain passage, comme celui-ci, m'ont beaucoup marqué.
J'ai aussi eut le bonheur de retrouver le personnage d'Antigone, quand bien même ce ne fut qu'un court instant.

Si vous avez apprécié « Le Chant d'Achille », je ne peux que vous recommander cette pépite qu'est « Le Silence des Vaincues ». Aussi, la plume de l'autrice est très vite addictive : les pages défileront sans que vous ne vous en aperceviez.
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La guerre de Troie, mais la guerre de Troie comme vous ne l'avez jamais lue, vécue du côté des perdants... et des femmes. Par la voix de la narratrice Briséis, reine déchue offerte en butin de guerre à Achille, parlent toutes les femmes qui traversent la guerre. Brisées, humiliées, réduites en esclavage, traitées comme des objets, elles résistent avec une incroyable dignité.

⚔ Vous avez aimé circé ? Vous adorerez le silence des vaincues. Conseillé par une amie qui avait elle aussi aimé Madeline Miller, le roman de Pat Barker se dévore. Il explore, en reprenant les codes des chants homériques, toutes la palette des émotions, dans une écriture sensuelle et puissante.

💫 Fresque addictive et universelle, vivante et riche, le silence des vaincues rend honneur aux oubliées de l'histoire. Foncez ! C'est brillant et passionnant.
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