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EAN : 9782290387221
448 pages
J'ai lu (05/04/2023)
3.74/5   179 notes
Résumé :
Une réécriture moderne et féministe du mythe fondateur de la littérature occidentale
Troie est tombée. Les Grecs ont remporté leur guerre acharnée. Ils peuvent rentrer chez eux en vainqueurs avec leurs trophées : or, armes, femmes. Mais les dieux, offensés, les empêchent de partir, les contraignant à rester dans l'ombre de la ville qu'ils ont détruite. Pendant ce temps, les femmes arrachées à leur foyer patientent elles aussi, promises à un avenir incertain. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
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Retournement de veste pour moi. J'avais été sévère avec le premier tome de la saga : le silence des vaincues, car je n'avais pu m'empêcher de le comparer à l'excellent Chant d'Achille de Madeline Miller qui avait été un énorme coup de coeur. La comparaison ne tenant plus la route ici, j'ai largement pu apprécier la plume et les propos de Pat Barker sur ce qui se passe après la chute de Troie.

En effet, on entre ici avec cette suite dans une partie de l'histoire que je connais bien moins et l'interprétation offerte par Pat Barker m'a beaucoup plu. Pourquoi ? Parce qu'elle s'intéresse sobrement à la nouvelle vie dans le camp grecque après la chute de Troie, la mort d'Achille et Patrocle et la victoire d'Agamemnon de Pyrrhus. C'est un nouveau temps sombre, lourd et pesant, vu ici à travers toujours le même regard, celui d'une femme autrefois vaincue : Briséis, mais qui tente de survivre au milieu de tous ces drames, en protégeant également ses congénères troyennes devenues esclaves après la chute de la ville. Passionnant et déchirant.

La plume tout en sobriété de Pat Barker qui m'avait semblé étrange et déstabilisante dans le premier tome, a pris toute sa mesure ici. Elle est parfaite pour raconter cette histoire particulièrement dure de femmes qu'on cherche à briser, à humilier, qu'on ne considère même plus comme des femmes mais comme des trophées, des objets, voire rien du tout. L'auteur en dit beaucoup sur le statut des esclaves et des prisonniers de guerre sous l'Antiquité. C'est aussi atroce que passionnant à lire car il a vraiment donné vie à tout ce camp.

On suit la vie de Briséis, désormais enceinte et mariée à un ami d'Achille, proche de Pyrrhus qui règne en tyran. On sent à ses côtés tout le mal être et le désoeuvrement de ce camp laissé à l'abandon après cette victoire qui a connu tant de pertes. On sent aussi le malaise face à ce que les guerriers considèrent comme des Dieux en colère contre eux. Ainsi, entre les histoires de femmes qui sont ici mises aux premières loges se dessine également celle d'un peuple très croyant et très fragile, qui ne sait plus où aller après tout ça et que faire. On parle beaucoup de leurs croyances autour de la mort, des dieux, des sacrilèges de la guerre... c'est rude et fascinant car un tout autre monde pour nous et l'ambiance créée par l'auteur comme si le temps s'était arrêté y contribue magistralement.

J'ai beaucoup cet aspect très historique de l'histoire appuyé par des personnages mythologiques qu'on connaît bien. L'auteur revient régulièrement avec une sombre nostalgie sur Achille, Hector et Priam. Il parle du destin d'Hélène et Ménélas. Il s'attarde surtout sur ce Pyrrhus qu'on ne sait si on doit le plaindre ou le détester. Mais il parle aussi beaucoup des femmes, le coeur de son histoire, que ce soit la reine déchue Hécube, sa fille Cassandre, sa belle-fille Andromaque, et bien d'autres qui étaient inconnues de moi avant tant leur nom ne sont pas restés dans L Histoire ou la mythologie. Mais c'est une vraie société qui est décrite ici, une société de femmes qui vivotent et se serrent les coudes au besoin pour survivre.

Les exilées de Troie est ainsi un texte passionnant et fascinant, qui relate du point de vue des femmes vaincues mais pas que, puisqu'on entend aussi parfois la voix désoeuvrée de ce pauvre Pyrrhus, un moment peu brillant de l'Histoire, celui d'après la chute de Troie, un moment terrible où le malaise est partout. Mais voir ses femmes se soutenir, faire face et avancer, au milieu d'un camp en ruine où la tristesse et la peur sont partout est très puissant et je remercie l'auteur d'avoir écrit ce texte pour nous faire revivre ce moment par trop méconnu.

Merci à Babelio et Charleston pour cette lecture. J'espère bien que nous aurons un troisième tome pour voir ce qu'il va advenir de Briséis ensuite.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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L'histoire reprend quelques temps après la fin du premier tome. Nous sommes dans le camp des grecs, au pied de Troie. La ville a été conquise, des ruines partout… Les éléments sont déchaînés et empêchent les vainqueurs de prendre la mer pour rentrer chez eux après la victoire. Briséis, enceinte, a été ‘'donnée'' a un ami d'Achille, après la mort de celui-ci. Elle nous raconte la façon horrible dont les grecs passent leur temps en attendant de pouvoir naviguer vers chez eux. Violence quotidienne, mépris des femmes troyennes, considérées par beaucoup comme des objets, tensions, trahisons aussi… Bref, le temps est long et dur. Un récit qui fait mal à notre coeur de femme. Je connaissais peu ce temps passé entre la victoire et le retour à la maison. Barker nous le livre avec précision, et justesse, peut-être. Et puis, deux personnages sont plus présents dans ce tome : Hécube et Cassandre. Reine devenue sans âme et princesse condamnée à se faire considérer folle à cause de ses visions. Bref, une excellente lecture, qui se déguste, mais qui heurte…
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Qui adore l'histoire de la guerre de Troie, d'Achille et de tous ces héros de l'Iliade ? Mais qui malgré cet amour, trouve que les femmes sont encore une fois les éternels oubliées de l'Histoire?

Si vous cochez oui à l'une ou au deux de ces questions, je vous conseille de découvrir si ce n'est pas déjà fait le silence des vaincues puis de vous lancer dans cette merveilleuse lecture…

Le silence des vaincues avait été un énorme coup de coeur en 2020, j'attendais donc avec impatience la prochaine sortie de cette autrice. Et j'ai été absolument ravie quand j'ai vu qu'elle écrivait la suite de sa réécriture!

Nous reprenons à la fin du tome précédent, au moment où le cheval de Troie entre dans la bataille… Et encore une fois, la voix est donnée à Briséis pour nous conter ce qui se passe… Elle va côtoyer diverses femmes, des connues de l'Histoire telles que Cassandre mais aussi des anonymes, des femmes du peuple…

À travers ses yeux c'est toutes ces femmes à qui on redonne la parole et qu'on met pour une fois aux premières lignes de l'Histoire.

À travers leurs vies et leurs points de vue, on oriente différemment le notre sur ce passage très connu bien que fictif de l'Histoire. Cette réécriture est à la fois très féministe mais aussi tout à fait d'actualité… Car les femmes restent encore et toujours les premières victimes de la plupart des conflits, bien qu'elles n'en soient pas à l'origine, et qu'elles ne fassent que subir. On est donc face a un livre dont l'histoire se passe il y a des centaines d'années, mais qu'on peut tout à fait transposer à nos jours.

Pat Barker utilise une nouvelle fois le passé pour nous raconter le présent et nous pousser à nous interroger et à réfléchir.

Au-delà de cette qualité instructive, la plume de l'autrice est magnifique à lire : elle met des mots simples sur des maux compliqués, elle emploie un ton neutre mais qui pointe de façon précise des situations choquantes.

Pitié… Qu'elle écrive encore la suite de la vie de Briséis! J'aimerais tout voir à travers ses yeux!
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J'avais énormément aimé le Silence des Vaincues de Pat Barker sans que ce ne soit pour autant un coup de coeur. Ce roman s'était révélé être passionnant et marquant. J'avais donc très hâte de découvrir la suite qu'est Les Exilées de Troie et de retrouver Briséis.

Troie est tombée. le roi Priam est mort. Ses fils aussi. Les femmes, de différents statuts, de reine à domestique, ont été enlevées et faites prisonnières par les Grecs. Hélène de Sparte est de nouveau sous la coupe de son époux Ménélas ; la princesse Andromaque devient le trophée de Pyrrhus et se retrouve dans la même position que Briséis jadis ; la prêtresse et princesse Cassandre, fut violée dans un temple sous le regard des dieux, et mariée illégalement au roi Agamemnon ; Hécube, très âgée, veuve de Priam, se voit comme le trophée d'Ulysse par défaut. Toutes ces reines, ces princesses, ces prêtresses de haut lignage, connaissent le même destin que toutes les autres femmes. Toutes sont devenues des esclaves. Celles des vainqueurs, des Grecs. Les femmes se battent, survivent mais certaines s'avouent vaincues. Nous suivons donc la vie de ces femmes au sein du camp. Les Grecs ne peuvent repartir, les vents ne sont pas favorables. Les Hommes ont peur du jugement des dieux. Briséis a été mariée à Alcimos pour être placée sous sa protection, son enfant à naître étant déjà adulé et respecté. La prophétie de Cassandre à propos d'Agamemnon rend fou ce dernier. Les funérailles du roi Priam font débat. Pyrrhus se proclame héros de Troie, apprend à vivre avec la notoriété de son père et ne peut s'empêcher d'être jaloux de ce futur frère à naître. Jusqu'à ce que les dieux autorisent le retour à la maison. S'annonce donc la séparation de ces femmes qui ont lutté ensemble et qui partent chacune vers l'inconnu.

J'ai retrouvé ici une Briséis qui se porte en modèle pour les autres femmes, qu'elle aide du mieux qu'elle peut, un véritable soutien car ce que les nouvelles prisonnières suite à la chute de Troie vivent dans ce tome 2, elle l'a bel et bien vécu dans le premier tome. Ex-reine, ex-trophée d'Achille et portant l'enfant de ce dernier. Et en parallèle, nous avons Pyrrhus, le fils naturel d'Achille, qui n'a pas connu son père mais qui connaît son parcours, sa légende et de ce fait, le fils porte sur ses épaules le poids de la renommé de son célèbre père. Il vit dans son ombre et se révèle très instable, dangereux.

Tellement addictif, féministe, tellement sombre, l'ambiance est malaisante, la lecture prend aux tripes littéralement. le choix des mots de Pat Barker est crucial, c'est incisif, c'est cru. Nous n'avons pas seulement le point de vue de Briséis bien qu'il reste le point principal, mais nous avons quelques chapitres du point de vue de Pyrrhus et de Calchas, un "devin" troyen. Et une fois de plus, la parole est donnée aux femmes, nous découvrons ainsi la vie des femmes troyennes et ce qu'elles doivent faire pour survivre. Quelques petites longueurs par-ci par-là mais rien de bien méchant.

En bref, j'ai encore plus aimé ce second tome. Cette lecture fut absolument délicieuse, cette saga est incroyablement puissante, résonne en moi. La proposition ou revisite du mythe de la Guerre de Troie, qui est un de mes mythes préférés, de l'autrice est cohérente et très intéressante. J'ai bien hâte de lire la suite et de connaître le destin de Briséis et de toutes les autres.
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Ce roman est la suite du Silence des vaincues. Après la ruse du cheval de Troie et la mort de Priam, Briséis est à nouveau la narratrice du récit. C'est donc par ses yeux de femme troyenne que nous voyons le camp des Grecs qui ne peuvent quitter les rives de Troie en raison d'un vent contraire qui souffle de la mer. Mais Briséis n'est plus tout à fait une captive comme les autres, elle porte l'enfant d'Achille et depuis la mort de ce dernier, elle est l'épouse d'Alcimos.
Si le premier volume était une réécriture au féminin de L'Iliade, ce deuxième volet semble disposer de moins de sources antiques (ou alors c'est moi qui les connais moins bien) et cela lui permet une création plus libre. On y retrouve les personnages d'Hécube, de Cassandre et bien sûr d'Hélène chez les femmes, ainsi qu'une certaine Amina très proche de l'Antigone antique. du côté des hommes, tous les rois grecs sont là, et Pyrrhus y est dépeint sous un jour particulièrement peu flatteur.
L'auteure redonne ainsi un souffle épique à ses héroïnes, Troyennes parmi les Grecs, esclaves parmi les guerriers, et pourtant tout à fait capables de se poser en égales face à eux.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Pyrrhus a levé les yeux en acceptant la coupe, et a souri. JE n'ai pas trouvé ce sourire rassurant. J'ai songé que, lorsque Alcimos m'avait ordonné de ne laisser entrer personne, il pensait peut-être à Pyrrhus, sans avoir le courage de le dire explicitement.
Cette visite était hors du commun, pour le moins -normalement, les hommes ne rendent pas visite aux femmes quand leur mari est absent-, mais Pyrrhus ne semblait rien voir là de curieux. Dire qu'il était attardé créerait une impression totalement fausse, et pourtant il lui manquait quelque chose. Il paraissait ne pas savoir comment les gens se comportent, comment les relations fonctionnent, et il enfreignait toujours les règles, non parce qu'il voulait se rebeller contre elles, mais simplement parce qu'il n'avait pas conscience de leur existence. Ou bien parce qu'il estimait qu'elles ne s'appliquaient pas à lui.
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Le jour de la mort de Polyxène, devant le tumulus funéraire d’Achille, je m’étais raconté que l’histoire d’Achille avait pris fin sur sa tombe, et que ma propre histoire allait commencer. La vérité ? L’histoire d’Achille ne se termine jamais : chaque fois que des hommes se battent et meurent, on trouve Achille. Quant à moi, mon histoire et la sienne étaient inextricablement liées.
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Je me suis bientôt rendu compte que tout ici – chaque herbe, chaque fleur, chaque légume – avait été planté par des hommes qui comptaient bien voir la saison suivante, le printemps suivant. Partout s’étalaient les signes d’une journée normale interrompue. Une bêche, le fer incrusté de terre sèche, gisait au bout d’un rang fraîchement creusé. Sur le banc, un carré de tissu rouge et blanc dans lequel était emballé un déjeuner à moitié mangé : une miche de pain et un bloc de fromage jauni, moisi, où l’on n’avait mordu qu’une bouchée. Son propriétaire venait d’entamer son repas quand les portes s’étaient ouvertes pour laisser entrer le cheval de bois – et il était parti, sur un coup de tête, insouciant, sans réfléchir davantage, sûr de revenir. Il avait disparu dans la foule qui criait et fêtait le départ des Grecs…
Rien de ce que j’avais vécu ce jour-là, ni sur le champ de bataille, ni en voyant le guerrier mort, ni même en entendant le bourdonnement des mouches à l’intérieur des remparts, ne m’avait brisée, mais ce dernier détail y a suffi : la marque des dents d’un inconnu dans un vieux morceau de fromage odorant. J’ai enfoui mon visage dans mes mains et j’ai pleuré la destruction de Troie, la mort de Priam et la perte de son peuple.
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Le grand Achille. Le brillant Achille, le bouillant Achille, le divin Achille…
Notre existence se déroulait sous son ombre immense. Voilà ce qui n’allait pas dans mon couple–et je ne connaissais aucun moyen d’y remédier. Peut-être après la naissance de mon enfant, Alcimos me verrait-il simplement comme une femme ? Ou bien prendrait-il confiance en lui, sentant qu’il ne serait pas jamais un deuxième choix ? Peut-être.
Le problème venait de ce qu’Alcimo croyait - ou plutôt supposait –que j’avais aimé Achille et que je l’aimais encore. Il n’était certainement pas le seul à le croire. À cette époque - et encore maintenant - les gens semblaient considérer comme acquis que j’aimais Achille. Pourquoi en aurait-il été autrement ? J’avais dans mon lit l’homme le plus rapide, le plus fort, le plus courageux, le plus beau de sa génération, comment aurais-je pu ne pas l’aimer ?
Il avait tué mes frères.
Nous sommes des créatures étranges, nous autres femmes. Nous avons tendance à ne pas aimer ceux qui massacre notre famille.
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Et j'ai hurlé avec elles, horrifiée par les sons que je produisais mais incapable de m'arrêter. Hécamède a hurlé, et Amina aussi, nous toutes, pour la perte de notre patrie _ pour la perte de nos pères, nos maris, nos frères, nos fils, pour ceux que nous avions aimés. Pour tous les hommes qu'emportait cette marée noircie par le sang.
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