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Critique de loreleirocks


Quand on conseille un livre de Rick Bass, c'est souvent The Book of Yaak ou The Lost Grizzlies. On se pose la question, compte tenu du nombre d'écrits de Bass, de l'ordre de lecture. J'ai commencé par deux fictions puis poursuivi par The Book of Yaak, puis décidé de tenter une lecture plus ou moins chronologique. Je ne sais pas si finalement c'est bien nécessaire...
Lire Bass, pour moi, c'est une question d'humeur et d'attentes. J'ai de loin préféré Winter & the Book of Yaak à The Lost Grizzlies. Attention, les grizzlis sont tout aussi agréables. Mais je préfère Bass sur son propre terrain. Même Oil Notes m'a été plus agréable dans un sens. Je dirais entrez dans Bass par Winter, découvrez sa vallée avec lui, puis installez-vous avec The Book of Yaak.
Sur son terrain, Bass sait parler de magie et de mystère plus poétiquement, avec un oeil presque naïf et émerveillé qui contre-balance sa conscience du constat terrifiant de la nature écrasée par anthropocentrisme, l'existence du tout au service de l'homme...
Loin d'être absents de ce tome, magie et mystère viennent s'y tisser progressivement pour apparaître plus clairement dans la troisième et dernière partie.
J'ai pu lire quelques critiques de lecteurs mécontents ou déçus indiquant leur ennui face aux facéties des principaux protagonistes des deux premières parties. Je peux le comprendre.
Pas du tout cet effet pour moi. Là aussi, Bass se montre fantastique.
Dans ma découverte de ce genre qui à chaque nouveau livre me semble plus riche, je construit petit à petit ma liste de livre et d'auteurs à découvrir ou approfondir. Bass sait citer un auteur ou un autre, ajoutant à ma curiosité, et ma liste.
Dans The Lost Grizzlies, il fait mieux: Doug Peacock. Découverte d'un personnage, de l'alter-ego du grizzli. Peacock qui donne envie de le découvrir, sa vie, son oeuvre, son amitié avec Edward Abbey. À travers la première partie surtout, on se joint à l'équipée sauvage et rocambolesque de trois hommes dans les San Juan Mountains du Colorado, à la recherche des mythiques grizzlis. On sent bien la fascination et l'admiration de Bass pour Peacock, à travers quelques jours décrits comme une équipée de scouts maladroits et soûls du manque d'oxygénation en grande altitude. La deuxième partie est un peu moins drôle mais annonce la troisième, où la magie prend une place plus importante.

"Et les grizzlis?!" criez-vous tous. Ah, les grizzlis. Bass oscille entre doute et rêve, on voit encore une fois la dualité de sa réflexion (comme cette histoire de plein de bois pour l'hiver dans Winter), sa certitude que la magie de la montagne existe bel et bien et à travers elle, les insaisissables grizzlis, au coeur du mystère, et son esprit plus scientifique qui lui refuse presque de croire entièrement à ce qu'il entrevoit.

Bass revient toujours à son idée d'interconnexion, partant du haut de la pyramide, du prédateur qui régule les écosystèmes et leur permet de fonctionner et perdurer dans leur ensemble. Et le pas suivant qui fait trembler, celui que l'esprit moderne rationnel (à quel point?) écarte d'un revers trop rapide de la main, la disparition des grands prédateurs annonce celle de l'homme, lui-même grand prédateur. Et on apprécie sa réflexion sur le changement des mentalités, l'importance non pas de trouver une ligne complètement nouvelle mais de ne rien oublier, de reconstruire sur le savoir qui est déjà là, sur l'interconnexion, cette fois de l'homme et son environnement naturel, pas de décontextualisation, réciprocité.

En gros, j'ai lu avec un plaisir non moindre ce tome de Bass, mais différent. Et au lieu de reprendre illico ma lecture gourmande de Bass, je vais me tourner vers Peacock, ou pourquoi pas Barry Lopez? Non, Abbey. Non! Ehrlich... Aaaah, tant à lire!
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