Citations sur Winter (119)
Je crois à la vieille légende de Jim Bridger, à l'époque où il a passé l'hiver du côté de yellowstone. il est ensuite retourné dans l'est d'où il a raconté aux citadins de ces régions que quand les trappeurs essayaient de se parler, les mots gelaient en sortant de leur bouche; ils ne pouvaient pas entendre ce qu'ils se disaient les uns aux autres, parce que les paroles gelaient dès la seconde où elle franchissaient leurs lèvres - si bien qu'ils étaient obligés de ramasser les mots gelés, de les rapporter autour du feu de camp le soir et de les décongeler, afin de savoir ce qui s'était dit dans la journée, en reconstituant les phrases mot par mot.
Moi je peux imaginer qu'il fasse aussi froid.
Personne ne me demande si j'ai l'intention de passer l'hiver au milieu d'eux ; la formule qu'ils utilisent de préférence, c'est : "Alors comme ça, vous allez essayer de faire l'hiver ici ?"
Après quoi, je serai devenu un habitant du coin - si je tiens le coup. Une fois que j'aurai "fait" l'hiver, je pourrai évoluer avec beaucoup plus d'aisance d'un bout à l'autre de la vallée.
Il n'y a rien de plus excitant que le vent. Si, un nouvel amour — et puis le vent. Mais le vent a toujours été là. Avant même de connaître l'amour, vous connaissiez le vent. Le vent était capable de vous griser quand vous étiez petit, et il le peut encore, et ne s'en privera pas.
C'est un pays de lenteur. Un pays d'il y a longtemps. On apprend plus facilement certaines choses quand on les regarde arriver au ralenti.
Tout est tellement silencieux. C'est presque comme une vie après la vie. Jamais je n'aurais rêvé que je vivrais un jour dans un pays rude, à l'écart des gens, au milieu d'un tel calme.
C'est parfois tout à fait merveilleux de découvrir qu'on était dans l'erreur, qu'on est ignorant, qu'on ne sait rien, peau de balle. Comme ça, on peut recommencer.
Cette lumière, cette lumière ambrée de ferrotype, cette lumière de fin d'été, d'été indien - semble dire quelque chose. Cette lumière est partout. Elle ne change pas, ne devient ni plus éclairante, ni plus terne : elle est tout simplement brillante, gelée, elle existe par elle-même.
Tout ce dont je suis coupable est pardonné quand tombe la neige. Je me sens puissant. Dans les villes, je me sens faible et étiolé, mais ici dans les champs, dans la neige, je suis comme un animal - incapable de contrôler mes émotions, mes bonheurs et mes fureurs, mais libre d'aimer la neige, de me tenir les bras grands ouverts, comme pour l'inviter à descendre, la regardant glisser et déferler à l'oblique, en proie à ses propres fureurs, la regardant tout effacer jusqu'à ce qu'il ne fasse plus ni jour ni nuit - cette espèce de luminosité tout au long de la journée -, le crépuscule débarquant avec plusieurs heures d'avance, et s'attardant, s'attardant à n'en plus finir.
C’est justement pour ça que nous sommes montés jusqu’ici, nous et tous les autres habitants du coin. Il n’y a pas de quoi être fiers, mais nous fuyons tous quelque chose, et cet isolement nous donne l’impression d’être en sécurité.
Cette vallée fourmille de mystère, de beauté, de secrets - et pourtant elle ne livre aucune réponse. Quelquefois, je crois que cet endroit - si haut dans les montagnes, au milieu de bois si touffus - est une sorte de marche menant au ciel, le dernier endroit par où l'on passe avant d'y arriver pour de bon.