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Critique de PGilly


Trois années de la vie de l'écrivain, la période la plus courte, parmi ses cinquante-deux ans de chronique d'un écriture et d'une vie en devenir. C'est la période de L'enfant bleu, roman que j'élis entre tous.
L'auteur se souvient moins précisément, laisse ainsi de l'espace à la réflexion, fort de ses quatre-vingt neuf printemps.



Henri Bauchau est l'auteur qui m'a probablement le plus remué. J'ai lu l'intégralité de son journal. Et pourtant, je n'en ai pas parlé ici. Je me contenterai de cette seule notice, condensé d'une impression qui m'a habité au long de cette lecture étalée sur plusieurs années, celle d'observer le travail incommensurable que représente l'écriture, oeuvre d'une vie, toujours à reprendre, à peaufiner, à douter.
Bauchau a écrit jusqu'à son dernier souffle en 2012, à la veille de son centenaire. Il commence à publier en 1958 seulement, à quarante-cinq ans. Il n'accroche son public que dans les années 1990, avec Antigone. Avant ce sont Les années difficiles, journal 1972-1983 avant le journal d'Antigone, Journal 1989-1997 et puis le Passage de la bonne graine Journal (1997-2001). Il y aura encore le présent d'incertitude, 2002-2005 et le dernier journal, 2006-2012.
De ces mémoires lues il y a longtemps, je me souviens de l'exigence extrême d'un homme venu sur le tard à la psychanalyse, perpétuellement en recherche d'un équilibre dans son existence et de l'exercice apaisé de son art.
Souvent les journaux cohabitent avec l'écriture d'un livre - La déchirure, le régiment noir, Oedipe sur la route et Antigone.
Mon préféré porte sur la période 1997-2000, après la mort de L. sa compagne. La nature offre un habitat paisible à l'endeuillé. Il raconte ses rêves, ses lectures, ses rencontres, sa relecture de textes précédents. Bauchau cite des écrivains, des philosophes, des artistes. Il s'autorise des tournures légères, des clins d'oeil.
Parmi les pages d'un de mes exemplaires, je retrouve des citations notées lors de vacances en Sicile. Je relis ceci :
"L'art exprime l'Idée sous une forme sensible, c'est l'absolu donné à l'intuition : le Beau est la manifestation sensible de l'Idée, mais sans en être une forme achevée" (Hegel).
Et de ma main :
Geste
Intention
Beauté
Lien
Progression.
À l'époque, nous étions quatre à nous réunir régulièrement afin de cerner l'élan qui nous poussait à peindre, modeler la terre, photographier et écrire. J'ai souvent évoqué Bauchau, en écho d'une démarche à la fois pensée et empreinte charnelle.
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