J'entends parler de Niezstche. J'achète un premier livre et me sens transporté. Je n'ai jamais éprouvé un tel intérêt pour un penseur.Tout est très grave mais il y a aussi un gai savoir, qui réjouit l'enfant rieur, et dès que je peux je vais à la Bibliothèque royale lire ses livres les uns après les autres, ainsi qu'une biographie et des études sur lui.Ses poèmes me touchent aussi profondément. Je suis troublé par " Ecce Homo", qui me semble proche de la folie.Après cette lecture, Niezstche m'effraie et m'attire de plus en plus.
(p.158)
En commençant " Un coeur simple", j'ai été surpris et me suis dit : " où est l'histoire ?" J'éprouvais cependant l'effet d'un charme inconnu qui n'était plus dans l'histoire mais dans les mots, leur précision, leur abondance bien contenue et l'influence souterraine qu'ils exerçaient. Arrivé au bout de ma première lecture, j'ai été désarçonné. Comment pouvait-on, presque sans histoire, nous faire ressentir tant de choses ?
( p.127)
-(...)Est-ce que la guerre c'est vraiment mal ?
- Regarde les blessés et les morts, tu comprendras.
-Et s'il n'y a pas de guerre, comment est-ce qu'on devient courageux ?
- Par soi-même "
( p.63)
L'enfant rieur sait comme tous les enfant que c'est en se risquant qu'on apprend, qu'on grandit, et qu'il faut des chutes innombrables pour apprendre à marcher.Il a appris à faire la guerre dans une armée qui ne cessait de recevoir des ordres de retraite.Cette période a été dure, c'était une triste façon d'apprendre à défendre son pays.
( p.327)
Pour la première fois, je ressens ce que c'est d'être prisonnier et sans arme.Sans arme ! C'est comme cela que je me suis senti depuis lors.Heureusement, il y a eu l'écriture, qui est une autre arme.
( p.319)
La guerre, cela signifie que tout est difficile.Pour ceux qui ne sont pas soldats, il est malaisé de se nourrir, de se vêtir et, surtout pour les enfants, de rire et de vivre en sécurité.
Le bâton me semblait contenir la force de papa.Je le portais à la main et je fauchais des orties sur le bord du chemin.Maman était contente de me voir si gai.Elle m'a demandé : " Qu'est-ce qui t'arrive?" Surpris, j'ai dit: " Papa répare tous nos jouets et il a une grande collection de papillons, il sait tout faire, il connaît tout, c'est l'homme le plus fort du monde!", et je brandissais mon bâton bien haut.
J'ai vu apparaître sur le visage de ma mère un demi- sourire un peu amer, un peu sceptique, et j'ai compris que, pour elle, papa n'était pas l'homme le plus fort du monde!"
( p.19)