Je me sentais exclu, comme toujours, de l'univers de mes camarades, et je pressentais que le seul avenir possible, pour moi, ç’allait être une mansarde garnie d'une chaise, d'une table et d'un lit où j'allais pourrir toute ma vie. Une vie courte, quarante ans au grand maximum pendant lesquels j'écrirais un roman sans fin, un roman illisible qu'ils découvriraient après ma mort, près de mon cadavre mais dans lequel se trouverait le tout, toute la vérité sur l'existence et l'inexistence, le monde entier avec tous ses détails et son sens.
JE TRAVAILLE SUR UN LIVRE DE MIRCEA CĂRTĂRESCU,”LULU” EN FRANÇAIS, ”TRAVESTI” EN ROUMAIN. J'AIME MIEUX LE TITRE ”TRAVESTI”. QUAND ON ÉCRIT, ON NE PEUT QUE TRAHIR LA VÉRITÉ, LA TRAVESTIR. ET MOI, JE TRAHIS UNE TRAHISON.
Alors, est-ce par malheur ou par bonheur que LULU a existé ? Sans lui, j’aurais déjà tout oublié, et la colonie de BudiLA et son univers dément. Oui, si j’appartiens à ce monde d’alors, c’est grâce à LULU. Mais comment ?