Je me sentais exclu, comme toujours, de l'univers de mes camarades, et je pressentais que le seul avenir possible, pour moi, ç’allait être une mansarde garnie d'une chaise, d'une table et d'un lit où j'allais pourrir toute ma vie. Une vie courte, quarante ans au grand maximum pendant lesquels j'écrirais un roman sans fin, un roman illisible qu'ils découvriraient après ma mort, près de mon cadavre mais dans lequel se trouverait le tout, toute la vérité sur l'existence et l'inexistence, le monde entier avec tous ses détails et son sens.
JE TRAVAILLE SUR UN LIVRE DE MIRCEA CĂRTĂRESCU,”LULU” EN FRANÇAIS, ”TRAVESTI” EN ROUMAIN. J'AIME MIEUX LE TITRE ”TRAVESTI”. QUAND ON ÉCRIT, ON NE PEUT QUE TRAHIR LA VÉRITÉ, LA TRAVESTIR. ET MOI, JE TRAHIS UNE TRAHISON.
Alors, est-ce par malheur ou par bonheur que LULU a existé ? Sans lui, j’aurais déjà tout oublié, et la colonie de BudiLA et son univers dément. Oui, si j’appartiens à ce monde d’alors, c’est grâce à LULU. Mais comment ?
Pour ses 50 ans, Futuropolis republiera une série de 5 ouvrages rares qui ont marqué leur époque et l'histoire de la maison d'édition.
Le premier d'entre eux sera Carla, d'Edmond Baudoin et Jacques Lob, un roman graphique majeur qui commence comme ça : un homme, plutôt jeune, hèle un taxi. Une Mercedes noire. À l'intérieur du taxi, une jeune femme, habillée de cuir noir. C'est Carla. L'homme est pressé, vite à l'aéroport, compagnie Transaerial, au départ. Il est anxieux. Quand il arrive, c'est trop tard, l'avion a décollé. Il retrouve Carla, qui lui propose de le ramener en ville. L'homme lui raconte son histoire : le coup de foudre, réciproque, avec une belle étrangère, l'amour fou, la fuite de celle-ci, et cette nouvelle que la radio diffuse dans le taxi : un appareil de la Transaerial, en direction de New York, s'est crashé peu après le décollage, avec à son bord 450 passagers. On ne sait pas s'il y a des survivants...
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