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EAN : 9782844148131
288 pages
L'Association (04/06/2021)
4.4/5   24 notes
Résumé :
À l’aube de ses 80 ans, le dessinateur Edmond Baudoin se lance dans la réalisation de ce livre qu’il porte en lui depuis longtemps. Le titre est sans équivoque : Les fleurs de cimetière.

Une longue et ambitieuse autobiographie qui se déroule au fil de pages composites, denses, où l’évocation des moments passés se mêle aux commentaires rétrospectifs, aux citations d’écrivains admirés ou aux portraits de l’artiste réalisés par des proches.
Edmond... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Nous sommes le résultat non fini d'un processus venu du chaos.
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Ce tome contient une histoire autobiographique, indépendante de tout autre, une connaissance très superficielle de l'auteur suffit pour l'apprécier. La première édition date de 2021. Il s'agit d'une bande dessinée de 280 pages en noir & blanc, avec quelques pages en couleurs, entièrement réalisées par Edmond Baudoin, auteur d'environ soixante-dix bandes dessinées. Il commence avec une copieuse introduction de deux pages en petits caractères, écrite par Nadia Vadori-Gauthier (Une minute de danse par jour) en novembre 2020. Elle commence par poser des questions. Quelle est la mesure de la durée d'une vie ? Celle d'un homme ? Celle d'un arbre ? Elle évoque la façon dont les vies qui ont façonné celle de l'auteur se superposent, comment les dessins sont composés de sensations, des voyages, des arbres, des corps. le lecteur se laisse porter par les sujets évoqués et les questionnements, tout en se demandant à quoi peut bien ressembler la bande dessinée dont elle parle.

Quatre dessins représentant Edmond Baudoin sur la première page, quatre autres sur la seconde et encore deux sur la troisième, chacune le montrant à un âge différent : naissance en 1942, en 1950, en 1954, en 1958, en 1963, en 1972, en 1980, en 1998, en 2009 et en 2015. Sous les deux dernières, l'auteur indique que : Les mamans n'ont pas dans leur organisme toutes les calories nécessaires, les richesses essentielles pour parachever le cerveau de leur bébé. Pour cette raison, à l'instant de l'accouchement, nous ne sommes pas finis. C'est quand, la vraie naissance ? Puis il évoque une de ses premières bandes dessinées, parue en 1982, alors qu'il avait quarante ans. Il s'y représente enfant, adolescent, adulte et vieux. Enfant et adolescent, il l'avait été. Adulte, il l'était. Et il se projetait en vieillard. Ces personnages se côtoient sur la place d'un village, Villars-sur-Var. Nice est à cinquante kilomètres au sud.

Ce livre forme une photographie d'époque, et il a aujourd'hui une couleur sépia. le temps est passé. Faire des photos, du cinéma, écrire, c'est enregistrer la mort à l'oeuvre pour la regarder en face, lui opposer la vie. Au début de L'Oeuvre, Émile Zola raconte la vie d'un jeune peintre arrivant de la province à Paris. Il va en haut de Montmartre, et se promet qu'un jour cette ville lui appartiendra, quelque chose comme ça. Zola s'était inspiré de Cézanne pour le jeune peintre. Quand comme lui, l'auteur est venu pour la première fois dans la capitale, il a fait le pèlerinage. En haut des marches, il a crié : tu sauras qui je suis. Mais Paris n'en avait cure. Les éditeurs aussi, ils lui répétaient de revenir plus tard. En 1978, au retour d'un de ses voyages infructueux, la honte de retrouver son amie avec un panier vide, le fit errer sur le port de Nice jusqu'à la nuit. Il y avait du vent, les filins métalliques fouettaient les mats, ses dents crissaient. le froid l'a décidé à affronter Béatrice. Dans les escaliers, à chaque marche, il a donné un coup de poing dans le mur, en répétant qu'il défoncerait tout le monde. Il habitait au troisième.

En 2021, Edmond Baudoin est âgé de soixante-dix-neuf ans, sa carrière de bédéaste est longue d'une quarantaine d'années et riche de plus de soixante-dix albums. D'une certaine manière, cette bande dessinée constitue une autobiographie savamment recomposée. L'auteur évoque sa mère, son père, son frère avec qui il entretenait une amitié fusionnelle, plusieurs de ses relations amoureuses, ses enfants, et plus rapidement ses petits-enfants. L'artistes les représente avec un noir & blanc un sec, parfois un peu griffé, parfois avec des traits charbonneux. Il intègre également des photographies sur quelques pages, par exemple page 148. Il évoque ses cinq enfants, certains plus en détail que d'autres, ses neuf petits-enfants, et même ses deux arrière-petits-enfants, ainsi que les différentes mères, le temps qu'il a consacré à sa progéniture, parfois plusieurs années, plus souvent quelques moments épars. Il parle de son mode de vie, de ses voyages qui n'étaient pas très compatibles avec une présence durable auprès d'eux. Il parle du cancer de l'un d'eux, des études de marionnettiste d'un autre, confié, encore adolescent, à un homme de l'art. Il parle de ce qu'il leur a transmis de l'exemple qu'il leur a donné, mais aussi de tout ce que eux lui ont donné et apporté, comment l'individu qu'il est a été construit par eux.

L'auteur évoque également son rapport avec les femmes, les nombreuses femmes avec qui il a eu des relations, quelques fois des enfants. Il les dessine sous forme de portrait, ou en train de lui parler, ou même comme une allégorie du mystère de la femme qu'il a surnommée Aile (pour Elle) et qui lui parle, l'interroge, commente son travail. Il les a dessinées, régulièrement nues, essayant de rendre compte de la vie qui anime les corps, mais aussi du mystère insaisissable qui demeure. Quelques-unes de ces peintures sont incluses dans l'ouvrage. Il parle également de ce qu'elles lui ont apporté, du fait qu'elles aussi ont contribué à son développement, à sa construction, à sa personnalité. Il évoque la découverte de la danse contemporaine avec Béatrice, ce qui donnera lieu à une bande dessinée : le corps collectif Danser l'invisible, en 2019. le lecteur éprouve la sensation de suivre le vagabondage de l'esprit de l'auteur, au fil de ses remémorations, une idée ou une formulation ou un dessin le faisant partir dans une direction différente. Puis il expose une autre séquence de sa vie quand le lecteur tourne la page, sans lien logique explicite. Il assume le fait de faire oeuvre de reconstruction de ses souvenirs, leur partialité. Son flux de pensée s'avère protéiforme et sa matérialisation est très visuelle. La graphie de l'écriture change régulièrement : manuscrite, de type machine à écrire, pattes de mouche, et parfois article de journal. de la même manière, le registre des dessins passe d'esquisse, à des peintures monochromes, jusqu'à des photographies, ou de véritables tableaux naïfs ou expressionnistes, et même des portraits de lui réalisé par des collègues ou des étudiants.

Le lecteur se retrouve embarqué dans les pensées de l'auteur, entre état de fugue et associations libres d'idées et d'émotions, et remarques ou réflexions bénéficiant d'une prise de recul. Baudoin se laisse aussi bien guider par le texte que par les images. le lecteur peut parfois éprouver l'impression que le scénariste s'est demandé comment caser certains éléments de sa vie lui tenant à coeur, mais pas assez conséquents ou substantiels pour donner lieu à un ouvrage à part entière. C'est ainsi que de la page 34 à la page 117 (avec une ou deux interruptions), chaque page de droite (impaire) est constitué du dessin d'un arbre, différent à chaque fois, représenté en pleine page, dessiné quand l'auteur était professeur de dessin à l'université du Québec de 1999 à 2003. Ces natures mortes ont été réalisées à l'hiver, des dessins allant du descriptif précis à l'impressionnisme, visiblement un exercice de style de l'artiste, mais aussi une occupation dans laquelle il s'est beaucoup investi, qui a compté pour lui. Ces pages ont tout à fait leur place dans un ouvrage autobiographique, leur positionnement dans la narration induit que ces études font partie intégrante de l'individu au même titre que tout le reste. Cela participe donc à cette immersion non linéaire, à la forme si particulière, dans l'esprit de l'artiste.

La narration n'est pas présentée explicitement comme une autobiographie, et d'ailleurs elle est lacunaire et elle n'aborde pas toutes les dimensions de cette vie. L'auteur ne donne pas d'éléments sur des éléments matériels comme ses revenus, sa santé, ou son hygiène alimentaire. Il évoque partiellement son oeuvre, citant plusieurs de ses ouvrages comme Passe le temps (1982), Couma acò (1991), Piero (1998), le corps collectif (2019), sa participation au magazine le canard sauvage dans les années 1970, le goût de la terre (2013) avec Troubs, Viva la vida (2011) également avec Troubs, J'ai été sniper (2013), ou encore le chemin de Saint Jean (2002) dont le présent ouvrage pourrait être la suite. Pour autant, il ne s'agit pas d'un ouvrage narcissique car il cite également de nombreux auteurs qui ont laissé une empreinte durable dans sa vie, qui l'ont construit comme Christian Boltanski, Leonard Cohen, Maria Rilke, Francisco Coloane, Aude Mermilliod (et sa BD Il fallait que je vous le dise, 2019), Nelson Mandela (1918-2013) amoureux, Craig Thompson (et sa BD Blankets, 2003), Pier Pasolini, Gilles Deleuze, Fernand Bouisset (1859-1925, auteur de l'affiche pour le chocolat Menier), ou encore Jean-Marc Troubs avec qui il a réalisé plusieurs albums, et tant d'autres.

Comme l'annonce Nadia Vadori-Gauthier dans la préface de l'ouvrage certaines thématiques courent tout le long de ce livre : les personnes qui ont nourri son être, ses relations avec les femmes, son besoin de dessiner, sa soif inextinguible de liberté, les morts de migrants chaque année, les violences faites aux enfants et aux femmes, le temps qui passe et les façons de rester en vie pour résister à la mort, les souvenirs, la danse, les voyages, etc. Alors qu'il pourrait craindre une série d'anecdotes plus ou moins originales, plus ou moins parlantes, le lecteur découvre une vie sortant de l'ordinaire, une forme de liberté à la fois égoïste et très généreuse pour les autres, ainsi qu'une sensibilité poétique unique donnant à comprendre une vision du monde solidaire. Enfin, la forme choisie et construite par l'auteur donne la sensation au lecteur de s'introduire dans son esprit, de partager la richesse de sa vie, de penser à sa manière : ce qui aurait pu s'apparenter à un assemblage hétéroclite de dessins épars et sans rapport forme la tapisserie de sa psyché.

En feuilletant l'ouvrage, le lecteur se demande s'il s'agit bien d'une bande dessinée, ou d'un livre illustré. À la lecture, il s'avère qu'il s'agit un peu des deux, une forme hybride et libre découlant directement du mode de penser de l'auteur, affranchi de tout dogmatisme académique sur son moyen d'expression. le lecteur s'immerge dans sa vie, non pas par un récit chronologique et factuel, ni par une rêverie décousue, mais dans un riche flux de pensées, un partage d'une rare prodigalité, une expérience quasi fusionnelle avec l'auteur. le lecteur ressent qu'Edmond Baudoin participe à sa construction, qu'il le nourrit en lui offrant sans compter les expériences uniques de toute une vie. Chef d'oeuvre.
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Je resterai presque sans voix après la lecture de, (comment l'appelez ?), ces carnets de vie ? Edmond Baudoin, avec ses 80 printemps, on sent qu'il n'a plus rien à prouver. D'où ce ressenti de sincérité et de liberté. Il y parle de ses parents, de son frère, de ses amours, de ses enfants et petits-enfants, de son travail, des rencontres avec de beaux auteurs, de ses voyages, des arbres et autres. En tant que femme, je ne peux qu'être touchée par son côté féministe. Des passages qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Des questionnements intelligents et intéressants de ce qu'est une vie. Je vous laisse découvrir ses dessins. Merci à jamik et Presence qui, par leurs critiques, m'ont donné envie d'y aller et ainsi de passer par des stades indescriptibles avec ce grand Monsieur.
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Edmond Baudouin se dévoile dans cette oeuvre un peu marginale, comme lui. C'est fait de brics et de brocs, on a l'impression de naviguer dans ses carnets de notes, des bribes de discussions, de réflexions, d'esquisses préparatoires, de bout d'essais. On retrouve sa technique à l'encre de chine, mais aussi des peintures en couleur, des montages photos, des illustrations d'amis, et même des articles de journaux photocopiés, des longs textes écrits au pinceau, parfois cru, et de beau moments de poésie.
On découvre alors son cheminement créatif, son évolution personnelle, il se met à nu, au propre comme au figuré, il dévoile toute sa vie, son oeuvre, comme une ultime création, un testament graphique. Il nous parle aussi bien de ses conquêtes féminines, de ses enfants que de ses rencontres d'artistes, ses voyages, ses questionnements graphiques, le sens qu'il cherche à travers sa création.
C'est le genre d'oeuvre qui donne les clefs pour comprendre le principe du processus créatif de tout artiste. Évidemment, il vaut mieux avoir déjà ouvert une de ses bandes dessinées pour pouvoir entrer dans ce gros pavé, avoir déjà une idée de ce que son coup de pinceau cherche à raconter. Alors, devant nos yeux se dévoile un personnage intègre et cru. C'est un patchwork, fait de petits morceaux de carnets collés ensemble, pas forcément par ordre chronologique, il vient rajouter un truc ancien dans une réflexion récente, le triture, il laisse parfois le passé s'ingérer dans le présent, tout semble mélanger et il en ressort un totem, un monolithe noir, un récit de genèse, une victoire de la liberté et tant de choses encore.
Quand on le referme, on peut alors le recommencer éternellement, relancer la création depuis le début. Une oeuvre somme qui aura toujours quelque chose de nouveau à nous raconter.
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Vivre sa vie … Pour Edmond Baudoin, ce serait plutôt peindre la vie, écrire la vie, danser la vie. Et c'est ce que, se dirigeant vers le crépuscule de la sienne, il fait avec toute la sensibilité et l'humanité qu'on lui connaît à travers un récit protéiforme Les fleurs de cimetière, paru comme nombre de ses autres albums à L'Association.

Le livre d'une vie
10 portraits,10 dates. Ce monument de 280 pages s'ouvre sur un « album photos » dans lequel Edmond Baudoin se représente de la naissance à aujourd'hui. Et nous voyons se succéder le bébé de 1942, l'enfant de 1950 et 1954, l'adolescent de 1958, puis retrouvons le jeune adulte de 1963 en 1972, 1980, 1998, 2009 avant que cette galerie de portraits ne s'achève sur un selfie de 2015. Et lui qui se dit « inabouti » se pose la question de savoir quand a lieu ou a eu lieu la vraie naissance.
« J'ai été fait par mes amours, par le dessin, mes amis, mes voyages, les paysages, les livres, la danse, les femmes, mes enfants. J'ai été fait par mes oui, par mes non . Par mes peurs, mes fuites, mes lâchetés, mes mensonges. »
L'artiste, pour qui la liberté n'est pas un vain mot, se raconte à travers son amour ou plutôt devrais-je dire ses amours – pour les siens, les femmes, les autres – et ses passions que sont le dessin, l'écriture et la danse. Alors ce n'est pas la première fois bien sûr mais cette fois il va encore plus loin en abordant des sujets jusqu'alors restés dans l'ombre et notamment ses enfants à travers un croisement de regards : le regard qu'il porte sur eux mais également le regard qu'eux portent sur lui. Il se met à nu dans un récit sans complaisance, nous livrant ses questionnements, étalant ses contradictions.

« J'ai été fait par ma mère, mon père, mes frères, ma soeur, mes enfants, Nice, Villars, une rivière, des collines »
Après la série de portraits, on va voir se dérouler sa vie en accéléré, coté famille. Il sera question de sa mère, de son père et puis bien sûr de son frère Piero « le plus grand dessinateur du monde » ainsi que des lieux de son enfance si importants pour lui.

« J'ai été fait d'abord par les femmes que j'ai aimées » 
Aile, c'est cette femme qui se penche sur son épaule tandis qu'il écrit et dessine cet album, son interlocutrice, sa muse, sa confidente. Elle est à la fois unique et multiple, composition de toutes les femmes que cet adepte du polyamour a aimées et qui l'ont aimé, les mères de ses enfants et les autres. C'est à travers la reproduction d'extraits de ses carnets qu'il va les faire vivre ou revivre en suivant le cheminement sinueux de la pensée et ses souvenirs, et qui dit carnets dit arbres majestueux, torturés qui envahissent toute la page et chorégraphient le récit.

De l'éloge de la poussière aux fleurs de cimetière
Si d'aucuns le voient comme une suite du Chemin de Saint-Jean (2002), cet album recelant des paysages parcourus depuis ce chemin situé derrière son village dans l'arrière-pays, c'est à Éloge de la poussière (2002) qu'il s'apparente le plus par son côté profondément intime d'abord, par sa construction ensuite. le récit loin d'être linéaire, se défie de la chronologie. Il vogue d'une époque à une autre et mêle dessins, récits écrits à la main, tapés à la machine souvent ponctués de ratures et corrections, l'auteur considérant que c'est la main qui donne de la vie au texte. On y trouve également des extraits littéraires des écrivains qu'il affectionne, des fragments commentés de ses livres précédents, des portraits de lui réalisés par d'autres et, véritables uppercuts rompant le noir et blanc, quelques compositions en couleur.

Un artiste plasticien du 9ème art, croqueur de vie sur le motif
« Moi, j'ai quitté la comptabilité pour dessiner… pour aller dans le rêve... pour continuer l'enfance... » déclare-t-il à la fin de Piero (1998), album révélant l'extraordinaire complicité qui le liait à son frère et c'est au moment même où ce frère quittait le milieu artistique qu'Edmond Baudoin y entra assez tardivement afin de prendre le relais. Et, excusez du peu, en 40 ans, cet artiste prolifique avoisine la centaine d'ouvrages à son actif.
« C'est debout, dans une rue, un jardin, sur une place, le carnet dans une main, le pinceau dans l'autre que je fais la plupart de mes dessins et portraits. » Cette nécessité de dessiner debout est liée à son rapport au corps en mouvement, à la danse. Il a besoin de sentir le déplacement de son corps induit par le mouvement du poignet tandis que le pinceau se déplace sur la feuille.
Edmond Baudoin : l'homme au pinceau et à l'encre de Chine, mais pas seulement…

Si le titre Les fleurs de cimetière fait songer à la mort, l'album lui est un hymne à la vie d'un homme qui a toujours voulu « aller voir après le virage, là où les trains disparaissent ». Un album testamentaire ? Peut-être … Un album puissant, passionnant, déroutant, sûrement. A découvrir absolument !

Lien : https://laccrodesbulles.fr/2..
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Qu'il est difficile de parler de ces « fleurs de cimetière »… L'émotion est là, comme si je venais de refermer un livre posthume. J'aime Baudoin, je n'ai pas lu tous ses livres, il y en a beaucoup… mais on sent toute de suite que celui-ci est important, particulier. Sorte de journal intime, carnet de dessins, Baudoin y raconte sa vie, comme souvent… Il parle de lui, beaucoup…de ses parents, de son frère, des femmes (nombreuses !), des voyages, des rencontres, des arbres… entre textes introspectifs, citations d'auteurs et croquis à l'encre (parfois en couleurs !) chaque page est une oeuvre d'art.
C'est intéressant, narcissique forcément… c'est émouvant, dérangeant parfois, Baudoin ne cache rien et ne s'épargne rien. C'est aussi foisonnant, audacieux, libre…cette liberté à laquelle il est très attaché…
79 ans, 40 ans de dessins et d'écriture, plus de 100 ouvrages condensés en un dernier livre… jusqu'au prochain, lui qui souhaite dessiner jusqu'à la dernière seconde, je ne le vois pas s'arrêter là !
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critiques presse (2)
BDGest
08 juillet 2021
Une longue et ambitieuse autobiographie qui se déroule au fil de pages composites, denses, où l’évocation des moments passés se mêle aux commentaires rétrospectifs, aux citations d’écrivains admirés ou aux portraits de l’artiste réalisés par des proches.
Lire la critique sur le site : BDGest
FocusLeVif
22 juin 2021
À près de 80 ans, Edmond Baudoin revient avec une foisonnante autobiographie, à la recherche de celles et ceux qui l'ont construit en tant qu'homme.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Je voudrais qu'on me donne une parenthèse pour ma vie, un espace paisible avec fenêtre sur l'ennui, le vide, la solitude. Une parenthèse où je pourrais attendre sans que personne ne vienne me chercher. De la fenêtre, je regarderais un chien qui traverserait la rue vide et tournerait à gauche, ensuite plus rien. Je crois que j'ai fait le tour de ce que j'avais à apprendre, que maintenant tout est rabâchage, que ma vie a déjà servi à quelqu'un d'autre, un étranger qui est partie en me laissant son costume usagé, et c'est avec lui que je parcours le monde, que je te fuis. Quand est-ce qu'on pourra se revoir avec du temps devant comme on en a eu avant ? Il faudrait ce temps pour qu'on finisse cette histoire, pour que la suite semble réaliste par rapport au début. Je suis dans une barque pour l'instant encore au sec, jusqu'ici elle me protège des flots, mais je ne vois plus la côte, et je n'ai pas de rames.
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Il m’expliquait qu’un grand patron travaille bien plus intelligemment sur un terrain de golf qu’enfermé dans son bureau. Depuis, quand je passe aux abords d’un de ces camps de concentration pour riches, je pense aux arbres plantés là, à la quantité d’informations qu’ils ont sur l’élaboration de ce qu’on appelle « les plans sociaux ».
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Les colons américains n'ont pas inventé l'esclavage, ils l'ont planifié. Un esclave mal nourri et travaillant trop succombait au bout de 3 ans. Il fallait en acheter un autre. Ce n'était pas rentable. Bien traité, il pouvait durer 8 ans, trop cher en nourriture et en perte de temps sur le terrain à cause des temps de repos prolongés. 5 ans fut le bon calcul. Pareil pour l'abolition. Bien sûr, il y avait des humanistes dénonçant cette horreur. Mais ils n'ont été écoutés qu'après l'arrivée des machines à vapeur qui ont remplacé avantageusement les esclaves.
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Jeune, je m'appliquais à faire l'amour longtemps, ce n'était pas toujours facile. J'avais trouvé un truc pour tenir. À l'approche d'une éjaculation imminente, je visionnais un match de foot. Les paupières fermées, je scrutais un joueur shooter, le goal plonger. Ainsi, je dépassais le précipice de la jouissance, et pouvais donner cinq ou dix minutes de plaisir supplémentaires à mon amie., lui permettre certaines fois de chanter très fort.
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Je suis incapable, depuis toujours, d'avoir sexuellement envie d'une femme qui ne veut pas de moi, incapable de bander devant Miss Monde nue si je l'indiffère. Bien sûr, je me régale de sa beauté, je ne m'en lasse pas, mais même en convoquant mes fantasmes les plus pornographiques, je reste impuissant avec mon sexe. Et je ne crois pas être le seul mâle à posséder ce handicap. Comment ça marche dans la tête d'un violeur ?
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Videos de Edmond Baudoin (62) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edmond Baudoin
Pour ses 50 ans, Futuropolis republiera une série de 5 ouvrages rares qui ont marqué leur époque et l'histoire de la maison d'édition.
Le premier d'entre eux sera Carla, d'Edmond Baudoin et Jacques Lob, un roman graphique majeur qui commence comme ça : un homme, plutôt jeune, hèle un taxi. Une Mercedes noire. À l'intérieur du taxi, une jeune femme, habillée de cuir noir. C'est Carla. L'homme est pressé, vite à l'aéroport, compagnie Transaerial, au départ. Il est anxieux. Quand il arrive, c'est trop tard, l'avion a décollé. Il retrouve Carla, qui lui propose de le ramener en ville. L'homme lui raconte son histoire : le coup de foudre, réciproque, avec une belle étrangère, l'amour fou, la fuite de celle-ci, et cette nouvelle que la radio diffuse dans le taxi : un appareil de la Transaerial, en direction de New York, s'est crashé peu après le décollage, avec à son bord 450 passagers. On ne sait pas s'il y a des survivants...
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