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Citations sur L'École des saveurs (54)

Elle me disait toujours que le romarin pousse dans les jardins de femmes fortes. Chez elle, le romarin, on aurait dit un arbre
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C'était comme un tableau, pensa Chloé. Une recette sans mots. Elle resta immobile pour capter les vibrations de la cuisine, sentir l'énergie qu'elle contenait et conserverait jusqu'au lendemain après-midi, quand les cuisiniers, les aides-serveuses et les clients arriveraient et qu'à nouveau elle serait davantage que l'accumulation de l'agitation et des ingrédients, que les plats qui s'y préparaient se mueraient en rires et en idylles, chauds, dorés et brillants. Elle sourit.
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Et, peu à peu, pendant qu'il attendait l'illumination, les évènements de tous les jours - une dispute avec leur fille ou leur fils, les premiers crocus du jardin, l'embarras de Helen face à une nouvelle coupe de cheveux - s'accumulaient en faisant barrage à ce qu'il ne parvenait pas à imaginer, jusqu'à ce que pour finir le secret qu'elle n'avait pas pu garder devienne un élément de leur vie, une brindille de plus dans le nid d'instants et de promesses qu'ils avaient construit - la première fois qu'il l'avait vue, leur deuxième dispute, la main de Carl lui caressant les cheveux quand elle donnait le sein à un bébé. Carl était ornithologue amateur ; il savait que toutes les brindilles d'un nid ne sont pas droites.
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Quelquefois, Nina, nos plus grands talents naissent de ce qui ne nous est pas donné.
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Je t'écoute et ça me fait penser à ce chiot que j'ai vu dans le parc l'autre jour. Il a sauté dans le lac pour suivre sa balle. Il ne s'est pas demandé une seconde si la balle allait flotter, si le lac avait un fond, si il aurait l'énergie de revenir au bord ou même si son maître serait encore là quand il reviendrait....
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Lillian avait quatre ans lorsque son père les avait quittées et que sa mère, sous le choc, s'était réfugiée dans les livres. Elle l'avait regardée s'immerger et disparaître, percevant instinctivement, malgré son jeune âge, que cette décision avait été prise par instinct de survie, et elle s'était adaptée à l'univers qui allait désormais être le sien.
Dans cette nouvelle vie, la figure de sa mère se transforma en une série de couvertures de livres à la place habituelle des yeux, du nez et de la bouche. Lillian ne tarda pas à comprendre que les couvertures pouvaient annoncer une humeur au même titre que les expressions du visage : sa mère s'enfonçait à tel point dans les profondeurs de ses lectures que la personnalité du personnage principal la nimbait comme un parfum appliqué sans discernement. Lillian ne savait jamais qui elle allait trouver à la table du petit déjeuner, bien que le peignoir, les cheveux et les pieds soient toujours les mêmes. C'était comme si elle avait une magicienne pour mère, à une différence près : Lillian soupçonnait les magiciens qu'elle voyait aux goûters d'anniversaire de rentrer chez eux et d'y redevenir des hommes corpulents, pères de trois enfants, avec une pelouse à tondre. Tandis que sa mère, elle, se contentait de finir un livre avant de passer directement au suivant.
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Pour la mère de Lillian, chaque élément du livre était magique, mais ce qui la ravissait le plus, c’était les mots eux-mêmes. Elle recherchait les phrases exquises et les rythmes compliqués, les descriptions qui coulaient en ondulant sur la page comme de la pâte à gâteau dans le moule ; elle lisait à voix haute pour poser les mots dans l’air, où elle pouvait les entendre mais aussi les voir. « Oh, Lilly, disait-elle, écoute-moi celui-là. Il sonne vert, tu ne trouves pas ? » Et Lillian, qui était trop jeune pour savoir que les mots n’étaient pas des sons, écoutait les syllabes fondre sur elle et se disait : Alors c’est ça, le son du vert.
Mais après le départ de son père, les choses changèrent, et Lillian en vint à se percevoir de plus en plus comme l’assistante muette et complaisante d’une collectionneuse de mots et de tournures ou, lorsqu'elles étaient en public, comme alibi de sa mère en société. Les gens souriaient devant cette femme qui nourrissait l'imagination littéraire de sa fille, mais Lillian ne se trompait pas. Dans son esprit, sa mère était un musée de mots; elle, Lillian, était une annexe, nécessaire lorsque la place venait à manquer dans le bâtiment principal. Pas étonnant, donc, qu'en atteignant l'age d'apprendre à lire elle se soit braquée. Ce n'était pas seulement par défi, même si, dès ses premiers jours au jardin d'enfants, elle avait été prise de bouffées d'agressivité envers les livres, qui la laissaient à la fois désemparée et animée d'une légère sensation de puissance. Mais il n'y avait pas que ça. Dans le monde de Lillian, les livres étaient des couvertures, et les mots, du son et du mouvement, pas des formes. Elle n'arrivai pas à faire le lien entre les rythmes qui s'étaient insinués dans son imagination et ce qu'elle voyait sur le papier. Les lettres gisaient sur la page, disposées avec une précision impitoyable. Il n'y avait aucune magie sur le papier, Lillian le voyait bien; or, si cela ne faisait qu'accroître le respect qu'elle avait pour les capacités de sa mère, cela ne stimulait en rien son intérêt pour la lecture. Ce fut au cours de ses premiers accrochages avec la lecture que Lillian découvrit la cuisine.
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Lilian adorait observer ses élèves en cet instant: c étaient des éléments qui deviendraient plus complexes et plus déconcertants à mesure qu ils se meleraient les uns aux autres, mais au début leur essence, mise en relief par l environnement étranger, se détachant distinctement.
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- Je veux juste savoir si je dois attendre jusqu'à Thanksgiving pour manger comme ça de nouveau. Et, dans le cas contraire, Thanksgiving sera-t-il toujours aussi exceptionnel ?
Antonia se joignit à eux.
- Non, dit-elle. Et oui.
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Les évènements de la vie sont une brindille de plus dans le nid d'instants et de promesses qu'ils avaient construit et les brindilles d'un nid ne sont pas droites
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