Vicki Baum lit l'avenir dans le marc de champagne, ou dans le cristal des lustres des grands hôtels berlinois où se pavane la crème du IIIe Reich. Après
Grand Hotel, l'autrice replace l'action de son roman dans un hôtel. Elle s'y livre à quelques spéculations sur ce que pourrait ou pourra être la fin du nazisme.
Car quand elle imagine et écrit ce roman, plusieurs événements clés n'ont pas encore eu lieu. Mais Vicki Baum se projette. Elle transfère peut-être ses envies, ses désirs les plus ardents et décrit le délitement du nazisme dans un huis clos assez caustique.
Dans ce
grand hôtel berlinois, en 1943, vont se croiser un général, un pilote de chasse, une actrice en vogue courtisée par le général, un déserteur, une prostituée, un journaliste anglais obligé de faire peuvre de propagande dans une émission de radio quotidienne, une mère juive, un coursier faisant partie de la résistance, des profiteurs de tous ordres...
Dans l'hôtel, on vit sur un grand pied. Il y a le luxe nazi, le paraître, le déni de la catastrophe imminente. C'est un huis clos, et souvent on a davantage l'impression qu'il s'agit d'une pièce de théâtre que d'un roman. J'ai aussi pensé à Casablanca. Il y a une atmosphère assez semblable. Une passation de pouvoir, un changement de mentalité. Un côté "fin de siècle".
Là où Vicki Baum touche au sublime, c'est dans les événements qu'elle imagine. le bombardement de Berlin, un complot de généraux contre Hitler... pour n'en citer que deux. En 1943, on en parle sans doute, mais ce n'est pas encore à l'ordre du jour.
Une lecture intéressante. Une écriture assez directe qui plonge le lecteur dans la pensée des protagonistes (même s'ils sont parfois un peu caricaturaux... mais le nazisme est une caricature en soi).