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Critique de ileana


Deux auteurs pour cette présentation : Truffaut (texte datant de 1978) et Bazin (1958, après la sortie du film La Soif du mal).
Truffaut est le préfacier. Son propos bref et nerveux, d'une sensibilité en résonance avec ma mémoire cinéphile, éclipse en quelque sorte la section principale de ce livre, c'est-à-dire la « courte biographie critique », une centaine de pages, signée André Bazin. Par contraste, celle-ci me paraît plutôt scolaire.

La présentation de Bazin s'intéresse à l'expérience d'OW pour le théâtre, à la nostalgie de l'enfance qui sous-tend les deux premiers films (Citizen Kane et La Splendeur des Ambersons), à la passion pour l'univers de Shakespeare, à l'ambiguïté des héros, à la difficulté de trouver le financement etc. Quant aux aspects techniques, il est question de profondeur du champ et contre-plongée, du montage comme « moment capital de la création » …

A la fin je découvre les entretiens – quelle bonne surprise ! C'est dense, passionnant, touchant. Ayant lu ses témoignages plus tardifs (1983), je m'étais heurtée au cabotinage et à la grosse tête de ce cinéaste hors norme.

Extrait de la biographie critique de Bazin :
L'ambiguïté « domine toute l'oeuvre de Welles. [ ] Ne nous étonnons pas si les deux films shakespeariens de Welles [ ] plaident l'innocence pour Macbeth et la pitié pour Othello. Non pas tant la grandeur dans le mal – bien que la grandeur y soit -, mais l'innocence dans le péché, la faute ou le crime. » p126

Extraits des entretiens :
« Question : Vous êtes donc un ‘self-made cameraman', si l'on peut dire ?
Réponse : Je n'ai subi qu'une fois l'influence de quelqu'un : avant de tourner Citizen Kane, j'ai vu quarante fois La Chevauchée fantastique [ ]. A l'époque, à part John Ford, j'admirais Eisenstein – mais pas les autres Russes – Griffith, Chaplin, Clair et Pagnol : par –dessus tout, la Femme du Boulanger. Aujourd'hui j'admire le cinéma japonais, Mizoguchi et Kurosawa. » p190
« Pour mon style, pour ma vision du cinéma, le montage n'est pas un aspect, c'est l'aspect. [ ] le seul moment où l'on peut exercer un contrôle sur le film est le montage. Or, dans la salle de montage, je travaille très lentement, ce qui a pour effet de déchaîner la colère des producteurs qui m'arrachent le film des mains. » p142

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« Welles : Chaque artiste est dans une situation inconfortable. le plus grand danger pour un artiste est de se trouver dans une position confortable : c'est son devoir de se trouver au point d'inconfort maximal, de chercher ce point.
Bazin : Faut-il voir une illustration de cet inconfort dans la façon dont vous dirigez vos acteurs ? Ils sont souvent en équilibre instable, dans une posture précaire.
Welles : [ ] Il y a deux grandes écoles de metteurs en scène : celle où le metteur en scène domine l'acteur et le terrifie pour en faire sa chose, et l'autre, dont je suis : je ne cherche pas à dominer, tous mes interprètes vous le diront. [ ] » p180
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