Il passait ses mains sèches sur ses joues mal rasées, et cela faisait un bruit de parchemin comme la fleur de l'immortelle.
Elle aimait les cimetières parce que ce sont des promenades comme il faut, où l'on ne rencontre pas des familles debrailléés en train de manger du cervelas.
Mme Clauvel éprouvait la même sensation qu'un noyé qu'on ranime et qui rouvre les yeux sur la berge. La première chose qu'il voit, c'est le gendarme qui va l'arrêter, ou sa femme qu'il n'aime pas. Mais c'est quand même meilleur que de rester dans l'eau, avec les poissons.
Mme Marshall ne dissimulait pas son âge, comme les autres femmes, elle ne portait pas de masques la nuit, elle n'usait ni de lotions, ni de crèmes. Qu'en avait-elle besoin avec cette peau si fine, si frémissante et le charme pathétique de ses paupières lourdes et de sa bouche un peu grande qui n'achevait jamais le sourire commencé !
Mme Clauvel ne disait rien. La bouffée de sang, évanouie, laissait à sa peau une consistance, une couleur inerte. Elle avait l'air d'un masque posé sur une figure.
Un soupçon d'ironie dans le ton de Frédérique amena deux taches sombres aux pommettes d'Agnès. Elle ressembla aux pêches vineuses d'une pourpre presque noire sous leur duvet d'argent.
Quel silence ! intensifié par un cri d'oiseau dans le bois, par le bourdonnement paresseux des frelons, et le tintement d'une cloche dans un clocher, invisible.
- La maison est inhabitée depuis près de dix ans. Entretenue mais inhabitée.
- C'est admirable ! Dix ans ! Elle ne doit plus avoir aucune odeur humaine.
Il eut envie de l'intelligence, envie du secret de Mme Marshall comme on a envie d'un corps, d'un fruit, comme on a envie d'eau quand on est altéré, de musique quand on aime la musique.