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Citations sur Mémoires d'une jeune fille rangée (415)

Mais on m'assura que les temps avaient changé. Les ouvriers travaillaient beaucoup moins, et gagnaient beaucoup plus ; depuis la création des syndicats, les véritables opprimés c'étaient les patrons. Les ouvriers beaucoup plus favorisés que nous [la bourgeoisie], n'avaient pas à "représenter", aussi pouvaient-ils s'offrir du poulet tous les dimanches ; aux marchés leurs femmes achetaient les meilleurs morceaux et elles se payaient des bas de soie. La dureté de leurs métiers, l'inconfort de leur logis, ils en avaient l'habitude ; ils n'en souffraient pas comme nous en aurions souffert. Leurs récriminations n'avaient pas l'excuse du besoin. D'ailleurs, disait mon père en haussant les épaules : "On ne meurt pas de faim !" Non, si les ouvriers haïssaient la bourgeoisie, c'est qu'ils étaient conscients de sa supériorité. Le communisme, le socialisme ne s'expliquaient que par l'envie : "Et l'envie, disait mon père, est un vilain sentiment."
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Avec quelle ingéniosité, avec quel entêtement je m’étais dupée ! J’avais rêvé seule de cette amitié de trois ans ; j’y tenais aujourd’hui à cause du passé, et le passé n’était que mensonge. Tout s’écroulait. J’eus envie de couper tous les ponts : aimer quelqu’un d’autre, ou partir au bout du monde.
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Il me semblait encore important de servir l’humanité, mais je n’attentais plus qu’elle me reconnût puisque l’opinion d’autrui ne devait plus compter pour moi. Ce renoncement me coûta peu, car la gloire n’avait été au fond de l’avenir qu’un fantôme incertain. Le bonheur en revanche, je l’avais connu, je l’avais toujours voulu, je ne me résignai pas facilement à m’en détourner. Si je m’y décidai, c’est que je crus qu’il m’était à jamais refusé. Je ne le séparais pas de l’amour, de l’amitié, de la tendresse, et je m’engageais dans une entreprise « irrémédiablement solitaire ». Pour le reconquérir, il aurait fallu revenir en arrière, déchoir : je décrétai que tout bonheur est en soi une déchéance. Comment le concilier avec l’inquiétude ?
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« Qu’arrive-t-il ? Est-ce cela ma vie ? N’était-ce que cela ? Est-ce que cela continuera ainsi, toujours ? » À l’idée d’enfiler à perte de vue des semaines, des mois, des années que n’éclairaient nulle attente, nulle promesse, j’eus le souffle coupé : on aurait dit que sans prévenir, le monde était mort. Cette détresse non plus, je ne savais pas la nommer.
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Le secret du bonheur et le comble de l'art, c'est de vivre comme tout le monde, en n'étant comme personne.
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La vie m'avait paru si pleine que pour répondre à ses appels infinis j'avais cherché fanatiquement à tout utiliser de moi. Je me sentais des forces pour soulever la Terre : et je ne trouvai pas le moindre caillou à remuer. Ma désillusion fut brutale : " Je suis tellement plus que je ne peux faire !"
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A propos de ses lectures :

Soudain, des hommes de chair et d'os me parlaient, de bouche à oreille, d'eux-mêmes et de moi, ils exprimaient des aspirations, des révoltes que je n'avais pas su me formuler, mais que je reconnaissais.
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Cela me reposait beaucoup de ne plus voir Jacques ; je ne me tourmentais plus. Les premiers rayons du soleil me réchauffèrent le sang. Tout en continuant à beaucoup travailler, je décidai de me distraire. J'allais souvent au cinéma, l'après-midi ; je fréquentais surtout les studio des Ursulines, le Vieux-Colombier, et le Ciné-Latin : c'était, derrière le Panthéon, une petite salle aux sièges de bois, dont l'orchestre se réduisait à un piano ; les places n'y coutaient pas cher, et on y reprenait les meilleurs films de ces dernières années ; j'y vis La Ruée vers l'or, et beaucoup d'autres Charlot. Certains soirs, ma mère nous accompagnait ma soeur et moi au théâtre. Je vis Jouvet dans le Grand Large où débutait Michel Simon, Dullin dans la Comédie du bonheur, Mme Pitoeff dans Sainte Jeanne.
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La littérature permet de se venger de la réalité en l’asservissant à la fiction ; mais si mon père fut un lecteur passionné, il savait que l’écriture exige de rebutantes vertus, des efforts, de la patience ; c’est une activité solitaire où le public n’existe qu’en espoir.
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Mon chemin était clairement tracé : me perfectionner, m'enrichir, et m'exprimer dans une œuvre qui aiderait les autres à vivre.

P. 251
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