Beaux Arts Magazine, n°5 : Exposition Gustave Doré

Ce mot "d'Oeuvre d'Art Total" a été inventé par Wagner pour définir son " Drame musical" qui cherchait à intégrer sons, couleurs, formes et mouvement en une même oeuvre synthétique.
C'est avec des accents prophétiques que Richard Wagner, dans les années qui suivent la révolution de 1848, annonce la réunion de tous les arts dans "l'oeuvre d'art total", oeuvre messianique qui devait transformer l'humanité. Évoquant la tragédie grecque comme symbole de la fusion des arts, il retrouve alors les accents nostalgiques de la génération romantique. Nostalgie qui était, au début du siècle dernier autant anthropologique que sociale. Poètes, musiciens ou peintres, les romantiques, surtout en Allemagne, éprouvaient le désir, en réaction contre les règles rigides de l'art classique, de franchir les limites de chaque catégorie artistique.
Cette transgression était fondée sur une croyance largement répandue alors, en une correspondance étroite entre tous les sens de l'homme, correspondance qui aurait existé à l'origine de la création et que l'artiste romantique cherchait à restaurer,

Gustave Doré.
Derrière l'illustrateur et le sculpteur se profile un peintre inspiré qui a su transcender , en visionnaire, les genres académiques de son temps.
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Les catégories sont redoutables. On avait placé Doré côté cour parmi les caricaturistes, les graveurs ; on lui refusait le côté jardin, et la capacité de peindre. Doré eut beau protester contre cette réduction, hurler à l'injustice, affirmer qu'il était d'abord un peintre, qu'il n'illustrait que pour s'offrir des châssis, des couleurs et des pinceaux, rien n'y fit. Le gros garçon resta dans la case attribuée.