Gustave dort

L'artiste iconoclaste, attachant et inspiré qu'est Albert Lemant, rend ici un subtil et vibrant hommage à un autre illustrateur de talent, dessinateur de premier ordre, caricaturiste de renom et adepte d'une peinture décorative, à l'imagination tout aussi débordante que débridée : Gustave Doré.
Il nous embarque, sans escale, sur les traces et dans la chambrée d'un jeune garçon, Gustave, qui a bien du mal à sortir de ses rêves et se réveiller.
De songe en songe, de pérégrination en pérégrination, nous suivons pas à pas cet enfant qui nous permettra de côtoyer quelques illustres héros de contes et mythes occidentaux tels que le chevalier à la triste figure qui n'est autre que Don Quichotte, Gargantua, le géant de Rabelais dont le ventre deviendra même un labyrinthe à découvrir, le Chat Botté, chaussé de ses bottes de sept lieues ou bien encore la reine de carreau « qui n'a pas la coeur tendre », extraite d'Alice au pays des merveilles.
Nous caracolons ainsi au pas de course avec Gustave, de personnage atypique en personnage de fantaisie, survolant des lieux insolites, initiatiques et pittoresques, accompagnés de tous ces personnages de papier qui, grâce à l'imaginaire de l'enfant ont pris vie et consistance.
Cet ouvrage qui demeure foisonnant, bavard, truculent, tout autant que léché est, par ailleurs, un album à l'expressivité confondante, expressivité rendue encore plus sensible par ce parti pris d'Albert Lemant d'utiliser des doubles-pages à l'italienne ; en outre, l'auteur parvient aussi à retranscrire de façon très intelligente l'univers immensément riche et fécond de Gustave Doré par l'utilisation de la technique de la gravure.
Les références littéraires sont judicieusement trouvées et mises en lumière de belle façon. Même le motif récurrent, leitmotiv prégnant qu'est le personnage de la poule au vert Véronèse, n'a pas été choisi au hasard. En effet, ce fil conducteur est une référence directe à l'enfance même d'un Gustave Doré qui demeura hanté très longtemps par cette poule qui n'aura de cesse de le faire cauchemarder toutes les nuits.
Albert Lemant signe véritablement là une oeuvre magnifique et séduisante, offrant au lecteur un texte sublimé par des illustrations de grande qualité. Cet artiste reste bourré de talent : sa création est brillante, sans être ostentatoire, ludique tout autant qu'empreinte de poésie, fantasque tout en restant incisive.
Gustave dort est, sans conteste, un livre témoin qui montre avec brio combien Gustave Doré occupe encore aujourd'hui une place unique, prépondérante et incontournable dans notre imaginaire contemporain.

Les gravures, estampes, eaux-fortes, lithos … ne sont pas uniquement réservées aux grandes personnes. Voici un livre directement inspiré des merveilles de Gustave Doré, et co-édité par le Musée d'Orsay au moment de la superbe exposition qui lui était consacrée et l'Atelier du poisson soluble. C'est l'oeuvre d'Albert Lemant, auteur-illustrateur né en 1954.
C'est l'histoire d'un petit garçon qui a bien du mal à se réveiller et dont le subconscient est envahi par une foule de personnages de contes et de légendes, issus d'autres livres dits pour enfants. Pêle-mêle : la lune joufflue de Georges Méliès, les contes de fées cruels de Gustave Doré, les romans picaresques ou sombres de Cervantès ou Dickens, en passant par le Chat « Beauté », Paolo Ucello et ses forêts de lances, le baron de Münchhausen, la vilaine reine joueuse de croquet de l'Alice vue par Walt Disney, la fusée du professeur Tournesol, les trois brigands de Tomi Ungerer, et surtout les maximonstres (par Maurice Sendak, décédé en 2012, l'un des livres préférés de ma petite-fille Romane) de Max … et j'en oublie.
Un graphisme éblouissant de noirceur inquiétante, d'une immense finesse avec une foule de détails pleins d'humour à découvrir. Pendant qu'un parent lit le texte à l'enfant, celui-ci peut imaginer de suivre en esprit de nombreux personnages au fil de couloirs et de labyrinthes à surprises.
Avec en guise de « fil rouge », une petite poule peinte en vert véronèse, la seule couleur de cet ouvrage d'art destiné aux petits lecteurs – ou pas même encore lecteurs !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..

Un magnifique album d'une grande richesse :
à la croisée entre Max et les Maximonstres, Nemo et toute une imagerie jeunesse impertinente (des matriochka à haches ! ha ha).
Les illustrations sont superbes et reprennent habilement celles bien connues de Doré. C'est un vrai plaisir de chercher à quels dessins cet album fait référence ! On découvre d'autres moins connues. Et puis on croise aussi un Popeye caché par ci, Trois brigands cachés par là...
Bref, ça fourmille de détails et de finesses.