Année vingt : pour une fois l'arithmétique semble rendre compte quasi parfaitement du cours réel des événements. Ou à peu près : 1919, c'est la fin du conflit et le Traité de Versailles, qui redéfinit les frontières et, croit-on, l'ordre européen; 1929, c'est le krach boursier et l'effondrement de l'économie qui, tant bien que mal, s'était instaurée durent la décennie. De l'octobre rouge à l'octobre noir : en dix ans, on a glissé de l'est vers l'ouest, des convulsions qui ébranlent l'Europe centrale et ses marches - soviets en Russie, conseils ouvriers à Munich, Hambourg et Berlin, révolte de Béla Kun en Hongries - à la faillite qui, du côté du panant, met à bas le nouvel ordre capitaliste...
On prophétisait la dissolution de la ville comme si cette évolution devait libérer l'humanité du fléau qu'elle avait engendré, la Metrapolis décrite par Fritz Lang dans son film de 1927 : Moloch cauchemardesque et mangeur d'hommes, cité-machine terrifiante qui forçait ses habitant à vivre sous terres et réservait aux riches le privilège de voir la lumière du jour.