AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LouDeBergh


"Depuis 5 ans que je suis critique littéraire (à Elle, Voici, Lire, au Figaro Littéraire, au « Masque et la Plume » ou sur « Paris Première »), je tente, avec mes maigres moyens – subjectivité d'autodidacte et enthousiasme naïf -, de désacraliser la littérature. Pour moi, rien n'est plus criminel que de la présenter sous un jour solennel (c'est à dire poussiéreux), car le livre est, aujourd'hui plus que jamais, en danger de mort."


Voilà comment Frédéric Beigbeder entame son Dernier inventaire avant liquidation.
Une manière d'envoyer un coup de pied dans la fourmilière un brin vieillotte qu'est devenue Dame Littérature les années passant.
Délicieux, non ?


Tout est parti, raconte-t-il, d'une volonté du Monde et de la FNAC d'élire « les 50 livres du siècle ». Entendez : les 50 livres qui ont fait le XXème.
Durant l'été 1999, il a été demandé à 6000 français d'établir une liste.


Bien que Beigbeder avoue ne pas être pleinement satisfait de celle-ci – nombre d'auteurs qu'il juge essentiels ont, à son sens été oubliés -, c'est elle qu'il choisit comme substrat pour dépoussiérer nos Classiques, desserrer le noeud de leur cravate et ôter leurs escarpins étriqués.
Parce qu'il est plus que nécessaire, pense-t-il, de surmonter la timidité que nous imposent les grandes oeuvres d'art et de faire mentir la célèbre phrase d'Hemingway : « Un chef d'oeuvre est un livre dont tout le monde parle et que personne ne lit. »


Un titre après l'autre, sur trois pages maximum, c'est au couteau et la fourchette que l'auteur s'attaque aux monstres des Lettres que, toujours, l'on cite d'un air entendu. Et je dois dire que le pari est réussi ! Avec toute l'irrévérence, l'ironie et l'humour (« politesse du désespoir ») qu'on lui connaît (doublé d'un talent d'écrivain indéniable), Beigbeder parvient à nous donner envie – le mot est faible – de nous plonger dans ces romans qui, longtemps, nous ont fait peur
et de relire ceux que l'on a lus un jour, parfois « mal lus » car étudiés à l'école, de force, "sans nonchalance ni désir spontané".


C'est souvent tendre et bienveillant, parfois cynique, parfois méchant, mais terriblement savoureux.
Sous sa plume, l'immense Belle du Seigneur d'Albert Cohen devient une pâtisserie appétissante, et le Voyage au bout de la nuit de Céline l'oeuvre sans laquelle on n'imagine plus vivre, ne serait-ce que quelques heures supplémentaires.


Et il faut avouer que notre esprit s'amuse et s'agite en lisant page 53 : « Evidemment, on pourrait penser que le Silence de la mer a aujourd'hui davantage une valeur historique et sentimentale que littéraire : il n'en est rien alors il ne faut pas penser n'importe quoi. »
La voix de Beigbeder résonne dans notre tête - celle-là même que l'on adore détester, mais quelle joie !


Alors dépêchez-vous de vous procurer ce petit manuel de survie.
Il y a des chances que vous ne voyiez plus les choses de la même façon par la suite.
Et il se pourrait même que vous vous réveilliez un matin avec l'effroyable désir de vous procurer Ulysse de James Joyce, ou de jeter un oeil nouveau à La Confusion des sentiments de Stefan Zweig.
Tentant, non ?
Lien : http://www.mespetiteschroniq..
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}