J'avais beaucoup aimé "
Ils désertent" du même auteur. Cette fois c'est la déception qui est au rendez-vous. Pourtant le thème est le même: une critique appuyée du monde dans lequel nous vivons, de plus en plus virtuel, avec de moins en moins de contacts humains: nous devenons tous des robots.
Pour illustrer cela, un personnage central, nommé "le nouveau". Electricien ayant perdu son boulot, "le nouveau" décroche un job dans le "help desk" d'une grosse firme. Il répond donc au téléphone aux clients qui ont réussi à atteindre un interlocuteur après avoir appuyé maintes fois sur les touches numériques, les dièses, les "chemins de fer'" ...
Tout est factice dans ce boulot: les employés doivent prendre un prénom d'emprunt, la phrase d'accueil est préenregistrée, les réponses doivent suivre un schéma précis en fonction de la question.
Notre homme songe avec nostalgie à l'époque où il se salissait les mains en travaillant. Il essaye d'en sortir en aidant un interlocuteur paralytique chez qui il se rend et qui deviendra presque un ami. Inutile de dire que ce n'est pas prévu dans son contrat.
Mais
Beinstingel nous raconte cela d'une façon qui ne m' a pas emballé: volontairement sans doute, il ne dévoile rien de personnel sur ses personnages. Il ne donne même pas de nom à la firme en question. On ne connaît quasi rien de la vie du" nouveau": seul son nom d'emprunt, Eric, est utilisé. le lecteur est laissé à l'extérieur de ce monde impersonnel. le roman est constitué de courts chapitres au style assez sec, qui répètent mille et une fois les mêmes sentiments du "nouveau".
Beinstingel a peut-être voulu écrire dans un style adapté à la société qu'il dénonce, mais le lecteur que je suis espérait plus de chaleur humaine.