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Electricien de formation, cet homme était technicien dans les télécommunications. Mais l'entreprise a évolué, il se retrouve sur la touche à cinquante ans comme tant d'autres de ses collègues, et se voit proposer un poste de téléopérateur. La reconversion n'est pas aisée : après un travail manuel, il s'agit désormais de recevoir une dizaine d'appels par heure, de répondre aux questions des abonnés et des potentiels clients de la manière la plus neutre et standardisée possible - d'ailleurs, il doit abandonner son prénom pour un pseudonyme, il sera Eric. Tout cela sur une plateforme, entouré de quelques collègues qui enchaînent également les appels. de plus en plus, les syndicats parlent de souffrance au travail, et les suicides de salariés de l'entreprise se multiplient, la presse s'en fait l'écho.

Voici donc l'histoire émouvante d'un homme qui perd ses repères professionnels à plus de dix ans de la retraite. Difficile pour lui d'accepter ce rôle de robot anonyme, même s'il n'a jamais été très sociable. Heureusement l'ambiance entre les collègues est sereine, bienveillante, presque chaleureuse - il faut dire qu'ils subissent le même sort, et que la plupart ont le même profil.

L'auteur est cadre dans les télécomms, il évoque ce dont il a été très probablement témoin, soulevant les délicats problèmes de la souffrance au travail, des licenciements, des reconversions, de la place des séniors dans les entreprises. Son texte est simple et direct, humain et touchant, à l'image de cet employé. On le lit la gorge serrée.
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Un téléopérateur d'une plateforme téléphonique va contre les consignes de travail de l'entreprise et recontacte un client. Faute grave au vu de la direction alors que l'entreprise fait face à une vague de suicides. Beintingel installe son histoire avec beaucoup d'ironie et de recul ou le relationnel et le social sont remisés au placard.Une déshumanitation pour dénoncer la politique qui règne dans de nombreuses entreprises. La froide logique ou l'on va jusqu'à changer les prénoms des téléopérateurs fait froid dans le dos et montre combien l'individu est devenu un pion que l'on façonne ou que l'on jette. Un regard hélas terriblement juste et glaçant. A méditer.
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Un électricien âgé de 50 ans vient d'être licencié de l'entreprise dans laquelle il a travaillé pendant plusieurs décennies. Il retrouve rapidement un travail dans une grande entreprise de télécommunication. Il y consacre ses journées de travail à vendre de nouveaux contrats et à assurer du service après vente par téléphone. le changement est brutal pour lui : comme tous ses collègues il adopte un nouveau prénom de circonstance (Eric), il doit supporter le manque de reconnaissance sociale et l'absence de relation personnalisée avec les clients, ainsi que la grossièreté de certains d'entre eux. Sa situation est d'autant plus angoissante que parmi les salariés de l'entreprise beaucoup ont subi une reconversion difficile, à tel point que certains ne trouvent d'autre issue que la fenêtre... ou d'autres formes de suicide.

France Télécom n'est jamais nommé, mais on ne peut s'empêcher de penser à la vague de suicides qui s'y est produite il y a quelques années.

L'auteur décrit ici avec une très grande précision, les conséquences de la dépersonnification vécue par les opérateurs téléphoniques de l'entreprise sur leur santé. L'organisation du travail apparaît bien comme le facteur premier de la souffrance au travail des salariés, comme c'est généralement le cas, et comme ce le fut sans doute dans l'entreprise précitée. L'auteur semble oublier de mettre en évidence les comportements pathogènes de certains, comportement qui s'expriment particulièrement bien dans ce type d'organisation du travail. Il est possible que cette omission soit volontaire, précisément pour mieux souligner que souvent les individus se comportent de manière perverse au travail uniquement quand l'entreprise le leur permet, voire les y encourage.

Une bonne analyse du sujet de la souffrance au travail, même si elle est très partielle. Contrairement au critique de Télérama en 4ème de couverture, je n'ai pas trouvé de trace d'humour dans ce roman (même noir). le suspense est en revanche présent, puisque je me suis demandé jusqu'à la fin si Eric finirait par s'adapter à son travail ou si son nouvel employeur le jugerait finalement inadapté, voire si comme d'autres il ne finirait pas par craquer, psychologiquement ou physiquement.

Enfin, il ne fait aucun doute pour moi que l'auteur est un adepte assidu de la course à pied, comme Eric, tant il décrit bien les mécanismes de pensée des accros au jogging, à travers ce personnage.
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envie de le lire, d'autant plus que j'ai travaillé dans ce milieu il y a longtemps et en conserve un souvenir ubuesque : le pion téléphone à d'autres pions qui possèdent une carte bleue et qu'il faut inciter à dépenser pour n'importe quoi, ... avec une pression constante du surveillant qui vous traque, tapi dans son antre, à l'écoute du moindre faux pas .... pas étonnant que certains se suicident ...
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Câbler, raccorder, resserrer, démonter, remonter, tout ceci est terminé du jour au lendemain pour le nouveau qui arrive dans un service après-vente téléphonique où il a été reclassé. Il se demande combien de temps cela prendra pour que ses mains, devenues inutiles, deviennent blanches et molles. En attendant, il doit dorénavant donner de la voix, lire sans faillir des scripts affichés à l'écran pour des clients qui attendent davantage que des voix anonymes. Pas vraiment anonyme puisque le nouveau est sommé de se choisir un prénom, il sera donc Eric, une consonance scandinave qui lui plaît.

A suivre sur :
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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Après avoir passé des années comme électricien dans ce grand groupe, le voici à cinquante ans, touché par une restructuration. Il va désormais devenir un opérateur sur une plateforme téléphonique. Il passe de la main à la bouche, du travail d'équipe à l'isolement.

On lui change son prénom, le voici "Eric" à présent, comme un autre individu, une personnalité cachée, neutre, derrière les cloisons du plateau téléphonique. Un autre soi, le symbole de la déshumanisation du travail. Mais les quelques collègues ne suffiront pas à vaincre ce malaise grandissant, ce mal être qui le mine. Anonyme, perdu dans cette société, il compense en s'adonnant à la course à pied ... un échappatoire.

Mais ce monde brutal, sauvage, est-il fatalement castrateur ? Eric en cherchant l'humain dans ses "conversations" téléphoniques va être amené à transgresser la règle. Il viendra en aide personnellement à un "client".

Et finalement si cette transgression l'avait sauvé de la vague de suicides ?

Avec ce roman, on pénètre au coeur du monde du travail dans les grandes entreprises, et chacun y reconnaîtra tel ou tel aspect, traité ici avec un réalisme féroce. Bien écrit, avec un style alerte, ce court roman nous confronte à la réalité du milieu du travail. Comment chacun y trouve une utilité, des perspectives de développement, un avenir après cinquante ans alors que le désenchantement gagne. Il met aussi en lumière le poids écrasant de l'organisation sur l'homme, la société "anonyme", celle pour qui seul le compte de résultat a une importance.

Lien : http://animallecteur.canalbl..
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"Le nouveau" arrive dans le service de la plate-forme téléphonique d'une grande société. Il était précédemment sur le terrain, il câblait et était satisfait de son sort. Tout à coup, ses mains ne lui servent plus à rien et lui, le taiseux, doit se servir de sa bouche pour travailler. Parler, parler toute la journée et débiter un argumentaire tout prêt, sans âme, avec lequel il n'a pas à réfléchir, juste répéter ce qui défile sous ses yeux, afin de satisfaire le client mais surtout de vendre des contrats.
Si dans son service, lui se tait, d'autres râlent, ailleurs d'autres se suicident...
Une belle évocation de la déshumanisation du travail en cours, des stratégies managériales mises en place par de grandes boites pour écoeurer son personnel et le pousser vers la porte voire par le fenêtre.
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« Retour aux mots sauvages » est un roman sur le monde de l'entreprise et plus précisément sur les plateformes de téléopérateurs. le protagoniste, le « nouveau » ou encore « Eric », prénom qu'il s'est choisi selon les conventions de l'entreprise, est un senior qui a été plus ou moins contraint d'effectuer une reconversion professionnelle. de travailleur manuel, le voilà projeté téléopérateur ! Il découvre alors le discours préparé qu'il doit répéter jour après jour aux clients, les objectifs marketing à atteindre, la déshumanisation qu'on leur impose (comme le changement de prénom), etc… Alors qu'une vague de suicides arrive dans l'entreprise, « Eric », malgré l'interdiction formelle, décide de rappeler un client.
Le style de ce roman est facile à lire, très efficace, rapide avec des phrases courtes et percutantes. C'est si réaliste que le lecteur a l'impression d'accompagner « Eric » dans son quotidien. Très touchant.
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Suite à une reconversion forcée, « Éric », la cinquantaine, a troqué ses outils d'électricien pour devenir téléopérateur.
[...] Sans considération pour ce qu'il est, ce qu'il a été dans sa vie, il découvre alors la déshumanisation et la robotisation du travail à la chaîne. « Éric » enchaîne les appels des clients en suivant un protocole ultra précis, qui établit pour lui toute une liste de réponses toutes faites, générant parfois des dialogues incohérents. Peu à peu, ses mains perdent leurs cornes, la peau s'adoucit, les ongles se lissent. Sa bouche, à force de parler dans le vide, s'assèche.
[...]
Chaque semaine, les objectifs marketing ciblent les services à vendre aux clients, quels que soient leurs véritables besoins. [...] La pression est constante, au point qu'une vague de suicides frappe l'entreprise.
[...] Répétitif, insupportable, déshumanisant à l'extrême, le métier de téléopérateur est un des derniers que le libéralisme n'a pas encore réussi à supprimer à coup de technologies ultra novatrices et révolutionnaires.
[...]
Le malaise au travail est une composante de plus en plus banale avec laquelle l'être humain devrait s'accommoder. Travailler, c'est souffrir ; jusqu'à la dépression, jusqu'au suicide.
[...]
Face au malaise de plus en plus flagrant, la réponse managériale est une injonction au bonheur, avec ce positivisme factice qui fait gerber : soyez heureux de travailler pour nous, nous travaillons dans la bonne humeur, nous sommes réunis sous les mêmes valeurs ! S'il épouse l'entreprise à coups de « culture d'entreprise », il sera moins enclin à se retourner contre son employer ou à se suicider. Tous les petits rituels sont bons pour créer cette fausse convivialité, qui n'a pour seul but que de faire augmenter la productivité et avaler la dure pilule au travailleur : tu travailleras dur, longtemps et pour un salaire de misère !
[...] L'article entier sur Bibliolingus :
http://www.bibliolingus.fr/retour-aux-mots-sauvages-thierry-beinstingel-a114896346
Lien : http://www.bibliolingus.fr/r..
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Une écriture qui retraduit le monde du travail aseptisé, incohérent. Où l'on se trouve seul même si on est parmi les autres. Pas de révolte, pas de bruit et un cynisme incroyable.
A lire
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