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Quelle belle découverte ! L'auteur nous entraîne aux confins du désert algérien dans un village au milieu de nulle part : "la source des chèvres" (où d'ailleurs il n'y a pas de chèvres) à travers une prenante parabole à l'écriture poétique. La vie y est plutôt paisible à l'ombre des palmiers au rythme des marchands avec leurs charrettes , du porteur d'eau , des enfants et de l'école , de l'épicerie , du café et de la mosquée...
Un jour cependant , l'accès au village est empêché par des soldats , le bus reliant les villageois à la ville ne passe plus...Progressivement les habitants sont confinés , la plupart d'entre eux se replient dans leurs peurs et dans leurs démons. La communauté villageoise se divise...Le plus riche d'entre eux , Abbas le Faune assoiffé de pouvoir et de turpitude cherche à soumettre hommes et femmes par tous les moyens ( et des plus sordides !! ) réussissant à s'attirer de nombreux pleutres comme lui...Il faut un bouc émissaire sur qui rejeter toutes les fautes .Cependant la voix "d'un fou " , Ziani , clame à temps et à contretemps leur noirceur et la perte de leur dignité tout en leur ouvrant un horizon "...vous voilà attachés, enchaînés , enfermés par vos maîtres. Faits comme des rats, assiégés ! Bientôt vous ne serez que grains de sable, enfouis au plus profond de l'avilissement. Pourtant le ciel est vaste et bleu, le soleil est toujours là , le vent balaie les dunes et la pierre, le traquet chante , la montagne est à sa place , rien n'a bougé et nul mur n'a été élevé. Vous ne voyez ni n'entendez rien bien sûr , le mur habite votre regard et la haine noircit vos coeurs p59/60 édit. Zulma 2023 .
Ce conte poétique sombre sur la nature humaine nous offre de lumineuses échappées par de beaux personnages à contre-courant de la majorité autour d'Abbas ; ainsi , hormis Ziani , citons : Abdelkrim , Slimane ... leurs épouses emplis de bonté et les autres femmes comme Zohra . Et si un vent de liberté soufflait allant jusqu'à la révolte , jusqu'au refus de toute soumission et de toute ignominie ?
Un grand merci à l'auteur pour cette superbe parabole!
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Aux portes du désert, le village de la Source des Chèvres se retrouve un matin coupé du monde, l'accès à la route bloqué par des soldats. Entre le café et la mosquée, sur la petite place où résonnent encore la voix du porteur d'eau et le passage des nomades, on cherche un coupable pour s'en débarrasser comme d'une malédiction.
Face aux luttes de pouvoir qui s'engagent, s'élève la voix de Ziani le Fou. Pieds nus, cheveux hirsutes, il clame ses prophéties mais reste celui dont on se moque et se méfie. D'où naîtra l'espoir sinon de celles qui oeuvrent en silence contre l'oppression et la convoitise, contre l'obscurantisme et la résignation ? Avec les femmes, le vent de la révolte se lève enfin.

Une magnifique allégorie sur la liberté et la réconciliation.

Mention spéciale du Prix des 5 continents de la Francophonie
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Yahia BELASKRI. le silence des dieux.

Un livre plein de poésie bucolique qui glorifie les douceurs mais également l'âpreté de la vie dans le petit village de la Source des Chèvres. Vraisemblablement, ce lieu est situé en Algérie, - dont est originaire l'autrice – au confins du désert. Il est isolé et relié à une ville, distante de quatre heure de marche et desservie par un autobus quotidiennement. Les gens , une quinzaine à une vingtaine de familles vivent quasi en autarcie, ne se rendant que fort rarement dans l'agglomération pour réaliser quelques échanges commerciaux, vendre un ou deux moutons et se procurer quelques produits de première nécessité, de l'huile, du savon. La communauté vit dans un calme relatif, en harmonie. Chacun exploite, du mieux qu'il peut son petit jardin, soigne ses chèvres, ses moutons.

Mais un matin, le bus n'est pas au rendez-vous. le lendemain, il ne pointe pas le bout de son capot. Et le troisième jour, les habitants sont confinés. Des soldats, armés, interdisent l'accès au village. Plus de liaison avec la cité voisine. Et il n'est pas possible de se hasarder dans le désert, dépourvu de piste. Pourquoi les soldats ont-ils bouclés, interdit l'accès unique à la ville ? Sur la place, les hommes se réunissent, parlent, vont à la mosquée où l'imam conduit les prières, instruit les enfants. Des rivalités de pouvoir apparaissent. Une brèche se fend. Il faut trouver l'origine de cet encerclement. Donc il y a un coupable, le punir afin d'éloigner la malédiction.

Seul, Ziani le Fou harangue la population profère des paroles destinées à éveiller , alerter la population. Personne n'entend ses propos : il est fou. Un homme, Abdelkrim est désigné responsable de la condamnation qui pèse sur le village. Ce n'est pas la richesse qui est à l'origine de cette punition ! Tous les habitants sont pauvres et vivent chichement. Lors de cette séquestration, le porteur d'eau cesse de distribuer son eau salvatrice. Des Face à l'obscurantisme des hommes, ce sont les femmes qui vont relever le défi. Comment vont-elles parvenir à leurs fins : prendre le pouvoir et, à nouveau vivre en harmonie, en toute fraternité…

Yahia dresse de beaux portraits d'hommes, de femmes vivant dans ce qui a été un lieu paisible. Nous découvrons avec horreur le traitement, le peu de respect – mais nous le savions déjà – de ces femmes soumises, battues, obéissantes à leur époux. Des volontés s'affirment, déchirant les voiles qui les enferment dans leur soumission. Ce vent de révolte ouvre l'accès à leur émancipation, leur autonomie. Ce conte philosophique démontre l'emprise que des hommes peuvent avoir sur autrui. Il témoigne de l'ignorance dans laquelle il est facile de tomber. La naïveté des êtres sensibles, faibles est mise en valeur. L'écriture est très poétique. Les descriptions du désert sont tellement bien écrites qu'il nous semble être avec ses hommes, ces femmes qui gravissent la dune, chaque grain de sable crisse sous nos pas et le soleil darde ses rayons et nous aveugle. Les textes des chansons rythment la vie et témoignent des travaux des uns et des autres et de leurs parcours. Je vous conseille la lecture de cette superbe ode au désert et à la vie de ces populations. Bonne journée.
(14/11/2023)
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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C'est le cinquième roman de l'auteur, qui par ailleurs a pratiqué le journalisme. Nous sommes en Algérie, dans le désert, dans un village perdu, dans lequel on travaille dur, où la vie n'a pas beaucoup changé depuis des siècles. Mais un jour, sans que rien n'ait annoncé la catastrophe, le seul car qui relie le village à la ville, au monde, n'apparaît pas. Des militaires arrivent, posent des barbelés sur la route, et interdisent aux villageois de sortir. Son excellence le maître a décidé d'isoler le village en punition. On ne saura jamais pour quel délit ou crime. Un huit clos s'installe. Les bons comme les mauvais penchants des uns et des autres vont apparaître, s'exacerber. le goût du pouvoir, de la domination, la haine, les peurs vont petit à petit prendre le dessus dans un environnement angoissant. C'est un défi, une épreuve, par lesquels les être montrent ce qu'ils sont réellement. Une recherche de bouc émissaire est lancée, la violence de ceux qui profitent de la situation s'intensifie.

Je suis un peu partagée après la lecture de ce livre. L'écriture est belle, il y a des pages vraiment magnifiques consacrées au désert par exemple. Les personnages sont aussi bien caractérisés, et certains vraiment attachants. La situation de départ est très forte, le livre fourmille de très bonnes idées, de métaphores, de questionnements. Il y a une amorce de réflexion politique, mais aussi plus profondément un questionnement sur le fonctionnement humain, en particulier du groupe.

Mais il m'a manqué une forme de rigueur, pour tirer de tout cela, de tous ces magnifiques personnages, de cette situation de départ forte et de ses évolutions, le maximum. J'ai eu le sentiment d'une forme d'éparpillement, de différentes directions suivie par l'auteur, sans les mener jusqu'au bout, avant de partir vers un autre horizon, intéressant aussi d'ailleurs. Yahia Belaskri semble laisser au lecteur le travail de rassembler tout cela et de faire sens, à partir de ses images et de ses propositions narratives, qui soulèvent à chaque fois des vrais questionnements, qui sont très prenants.

C'est tout de même un bon livre, visiblement très sincère, très investi, et qui laisse des traces, des images, des mots. Mais je regrette un peu, peut-être d'une manière injuste, le livre magnifique que par moments j'ai entrevu pendant ma lecture, et que je n'ai pas complètement eu le sentiment d'avoir lu.
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💫Le village de la Source des Chèvres est au coeur du désert, à des heures de la ville la plus proche.
Un matin, l'autocar ne passe pas. le Maitre d'école ne vient pas.
Une missive arrive. Les villageois se réunissent : l'un d'eux a jeté l'opprobre sur eux. Personne ne peut entrer ou sortir du village.

💫Un huit clos s'installe. L'ombre et la lumière s'affrontent : le plus beau et le plus terrifiant vont nourrir le comportement de chacun.
Abbas sème les graines de la discorde et de la haine.
Abdelkrim et Slimane cherchent l'élan d'une fraternité. En vain …
Ziani le fou rappelle aux hommes leur humanité mais aussi leurs failles. Il a la puissance du choeur dans les tragédies grecques.

💫Yahia Belaskri conte cette allégorie sur la liberté avec une poésie magistrale. Elle est parfois l'écho de la caverne de Platon. Dans la nuit la plus obscure, l'espoir est porté par la fraternité et la sororité.
💫Je vous recommande le silence des Dieux, inspiré d'un fait réel. Il laisse en nous une beauté difficile à décrire mais enchanteresse.
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Nous sommes dans un petit village, aux portes du désert. à quelques encablures de la ville où les habitants vont vendre leurs marchandises. Même si la pauvreté règne, les villageois vivent dans une certaine harmonie.

Mais un jour, voici que le village est encerclé par des militaires, plus moyen de sortir. le maire n'ose pas aller demander ce qui se passe, la population ne peut plus se ravitailler, des familles sont séparées.

La peur s'empare du village, exacerbant la couardise ou la valeur de chacun. Qui a fâché les dieux pour qu'ainsi le village soit puni ? Un coupable est trouvé, et la population s'acharne. Seul le fou aux paroles prophétiques met en garde les villageois contre ce manque d'humanité.

Après l'avoir lu j'ai appris que ce roman était inspiré d'un fait réel mais je n'en sais pas plus !

Un conte à l'écriture envoûtante. Car au-delà de l'histoire, j'ai aimé la musique que l'auteur donne à ses mots. On ressent la chaleur oppressante, on est frappé par le sable et le vent, on goûte les plats et les épices. de plus, les poèmes qui parsèment le texte apportent un éclairage et une pureté particulière.

Une leçon de vie où les messages de solidarité ou de haine sont nombreux. le poids de la société, la naïveté ou la lâcheté de certains sont contrebalancés par l'amitié et la force d'âme des femmes.

Sur le bandeau qui accompagne le livre, on peut lire : "Contre l'obscurantisme et la résignation, un magnifique chant de liberté". C'est un très bon résumé.

Je ne suis pas loin du coup de coeur. A découvrir.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Il y a dans ce minuscule village au fin fond du bled algérien un résumé de l'humanité : un religieux (l'imam), un officiel (le maire), un riche (qui tire les ficelles), des pauvres (en grand nombre), des dominés (les femmes, surtout), des travailleurs, des lèche-bottes, un sage (qu'on dit fou), un charlatan, un commerçant (parmi les pauvres), etc. Et tous acceptent docilement l'autorité d'en haut, celle de la loi (qui tient les armes), tous sont prêts à se soumettre plutôt que de se battre, car ils ont la trouille, tous sont des lâches.
Un jour, le village est encerclé par des militaires. Par suite d'une décision floue mais impérative, à cause d'une faute inconnue, il est désormais interdit aux habitants de quitter le village ou de recevoir des visiteurs.
Petit à petit, la vie se réorganise tant bien que mal, et chacun devient une caricature de lui-même. Les rôles restent à peu près les mêmes, tout en éclatant au grand jour. Comme si on poussait les curseurs au max. le maire réalise que son titre n'est que du vent, le riche donne ouvertement les ordres, les femmes font vivre tout le monde, le fou assène des vérités, les plus lâches rampent devant les autres.
Un bouc émissaire est désigné. Tout ça, c'est de sa faute. Il devient l'homme à abattre, à isoler pour commencer…
C'est un roman passionnant, qui prend le lecteur et se lit presque d'une traite. L'isolement dont ces gens sont victimes fait surtout ressortir les mauvais côtés de chacun. Les mesquineries, les lâchetés, les hontes, les mensonges… tout ressort sous forme de mépris, de violence.
Y aura-t-il une réaction ? Oui, car malgré tout l'optimisme est la vie ne sont pas oubliés. Toutefois, cet espoir, fragile, viendra d'un manière plutôt inattendue.
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C'est l'histoire d'un village perdu au milieu de nulle part, à la limite du désert, où le soleil et le sable règnent en maître. Terres arides où les villageois vivent chichement du peu que la nature leur concède : une palmeraie, des chèvres et des moutons et quelques parcelles potagères à l'ombre des palmiers. Ce village peut s'enorgueillir d'avoir un maire, un épicier, un imam, un fou aux paroles prophétiques et un marabout qui apporte consolation aux femmes. le seul lien qui les relie à la ville est un car qui passe régulièrement. Un jour, celui-ci ne passe pas. Et le lendemain, des militaires bloquent l'accès à la route. le village se retrouve complètement isolé. La peur s'empare des villageois. Celle-ci modifie progressivement les relations entre les habitants et met à jour la lâcheté ou le courage de chacun. Ce conte, rythmé par les incantations que récitent les divers protagonistes, nous dit l'histoire universelle d'hommes et de femmes accablés par le destin. Il nous dit également le courage de ceux et celles qui prennent leur vie à bras le corps et choisissent d'être libres et de vivre dignement en fils et filles d'une humanité appelée à la fraternité.
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Un village comme oublié au milieu du désert, et qui se réveille, un jour, isolé du monde par un barrage de soldats. Des habitants arrachés à leur routine et qui s'interrogent sur cet enfermement, mais finissent par s'entredéchirer et chercher des boucs-émissaires. Si certains choisissent la résignation et la soumission, d'autres se révoltent ou s'en vont… Et si, finalement, l'espoir était du côté des femmes, revendiquant enfin leur liberté ? Un texte de Yahia Belaskri, à l'écriture pleine de finesse, à la poésie puissante, où la fiction semble naître des frémissements du paysage. Un roman comme un magnifique apologue pour notre temps !
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Bonjour,
je voulais évoquer une de mes dernières lectures. « le silence des dieux » de Yahia Belaskri, une sortie littéraire très récente (octobre 2021).

Aux portes du désert, le village de la Source aux chèvres n'est relié à la route que par une piste de terre. Un matin des soldats en bloquent l'accès et le village se retrouve isolé du monde.

Quel ode à la langue française ! Ce roman est magnifiquement écrit, ciselé, c'est comme lire un long poème. Merci M. Belaskri de m'avoir donné ce plaisir. J'ai lu quelque part que le roman était une fable, oui, c'est vrai, le mot m'est venu en tête durant ma lecture ainsi que celui de conte.

En observateur, le lecteur voit ainsi tout au long du roman, les personnages réagir à une situation que l'on dirait aujourd'hui de crise. Un événement survient et tout dérape, les vrais visages se montrent au grand jour. Les sentiments s'exacerbent jusqu'au dénouement final et la conclusion, sorte de morale moderne.

Au-delà de la poésie de l'écriture, c'est un roman dur et violent qui met en exergue la bêtise humaine, une image de l'expression "bête et méchant". C'est ainsi que j'ai vu une partie des hommes de ce village, une bande d'ignares avec la méchanceté et la couardise vissée au coeur.

Les femmes d'abord décrites comme soumises et assez idiotes elles aussi pour se laisser berner par un charlatan soi-disant saint homme. Mais elles finissent par reprendre la situation en mains à un moment de l'histoire. Comme si leur instinct de survie les réveillait d'une longue soumission, comme si tout à coup, elles mettaient enfin leur capacité de réflexion en oeuvre, libérées du sort qui leur a été imposé.

Je ne peux que vous recommander ce très beau livre qui donne à réfléchir.
Lien : https://www.mrsnorthlit.com/
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