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Que diriez-vous d'un petit tour à l'Ile Bourbon ?

En ce XIXème siècle plein de révolutions en tout genre, pas encore débarrassé des tyrannies de l'absolutisme royal mais si avide de prospérité économique, l'île de la Réunion, appelée alors île Bourbon voit son développement s'accélérer via la découverte de la pollinisation de la fleur de vanille. Et c'est le (très) jeune Edmond, esclave de la famille Bellier-Beaumont, qui est à l'origine de cette découverte. Si Edmond s'en réjouit, si son maître en est fier, le reste de la population est plus méfiante. Comment un Cafre a-t-il pu réussir une telle prouesse, disent les Blancs... Pourquoi un esclave cherche-t-il à avoir des problèmes avec les Blancs, disent les esclaves...

Toute la problématique est là : il y a la fierté de la découverte, la possibilité d'expansion économique, la richesse à portée de main; mais il y a aussi les conventions sociales, le respect du "chacun à sa place", le front colonial face à l'incongruité de l'évènement. Comment avouer au reste du monde que la nouvelle prospérité de l'île est dûe à un esclave? Alors, quand l'abolition de l'esclavage arrivera enfin jusqu'à la Réunion, c'est tout un mode de vie qui s'éteint pour le bonheur des uns et le malheur des autres, et ce n'est pas toujours ceux qu'on pense.

Edmond Albius a donc réellement existé mais est presque passé sous silence. Gaêlle Bélem le ressuscite dans ce superbe roman historique et exotique, épique parfois. D'une écriture fluide et vivante (qui m'a fait souvent pensé à celle de Jean-Paul Delfino), elle nous retrace la vie de cet homme bon, généreux et candide. Il ne connaitra jamais la richesse que sa découverte aurait pu lui apporter, la laissant aux autres, nés du bon côté de la barrière.

Tout l'art de l'auteure a été aussi de nous décrire la vie dans une colonie au XIXème siècle, loin du pouvoir central. On découvre aussi l'histoire complète de la vanille, arôme découvert par Cortès mais qui ne saura être développé hors d'Amérique que bien des siècles plus tard. "Le fruit le plus rare" est bien un roman instructif passionnant sans être scolaire.

Pour se réchauffer le corps et l'esprit, n'hésitez pas à lire cette biographie enlevée et captivante, savamment sucrée !
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Connaissez-vous l'histoire de la vanille?

🇷🇪« Non, ce n'est pas pour rien qu'il a découvert l'épice la plus rare du monde. Un avenir inattendu et singulier l'attend, lui a-t-on prédit. Il va bientôt être quelqu'un et sa découverte lui servira. »

Ferréol-Beaumont botaniste d'origine bourguignonne installé sur l'île Bourbon, ancien nom de la Réunion, cherche la plus rare des orchidées. En vain. Veuf et taiseux, l'homme va se voir déposer par sa soeur un orphelin noir de quelques semaines, Edmond. « A dire vrai, Edmond avait eu une famille ou quelque qui y ressemblait mais la mort, l'esclavage, ces malchances habituelles en étaient vite venus à bout. »

Edmond va grandir dans un environnement de plantes et d'orchidées, esclave parmi les colons. C'est son maitre qui va lui faire découvrir la botanique. de là va naître un grand amour pour les plantes. Mais c'est bien lui qui, après plusieurs tentatives, va découvrir le procédé unique de fécondation de la vanille, en 1841 alors qu'il n'a que 12 ans.

« Il est noir, et puis il est pauvre, et puis il est orphelin, et puis…Et puis merde ! »

En retraçant la vie d'un célèbre inconnu, Gaelle Bélem narre l'histoire de la Réunion, cette île qui a vu les premiers colons arrivés en 1665. Pour conter l'existence du découvreur historique resté dans l'ombre, l'autrice s'aide d'archives et de documents historiques. Les chapitres sont beaux tout simplement et on y apprend tout de la technique de fécondation au destin d'un jeune esclave analphabète qui va bousculer l'histoire de l'île par sa trouvaille. La vanille, cette épice que l'on raffole dans nos desserts, va devenir la source de richesse. La réunion deviendra premier producteur mondial et les exportations vont croitre au fil des années. L'écriture enchante. Elle ouvre les yeux sur une partie de l'histoire, une partie comme beaucoup d'autres oubliées. Edmond Albius est de ces héros trop longtemps dénigré, par ses origines, par son manque d'éducation. Il y a la jeunesse, la découverte, la jalousie, le racisme, et la prison qu'Edmond va découvrir. Mais la vanille le sauvera. Cultivateur et amoureux, Edmond connait une vie peu commune jusqu'à l'obtention de son nom. « Il n'a pas l'air heureux, il ne paraît pas malheureux, il n'est pas de la race des hommes qui se plaignent. Sur l'image comme dans la vie, il est seul mais réhabilité.

Gaelle Bélem dessine à merveille un portrait méticuleux avec une écriture envoutante et sucrée d'un garçon à l'incroyable destin qui va modifier l'histoire d'un pays.

« Il s'appelle Edmond, il a douze ans. Dans un XIXe siècle fade comme la pluie, où le peuple mange utile, loin de tout souci de goût, de présentation ou de parfum des aliments, Edmond vient de produire une nouvelle épice. »
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Arrivé dans ma PAL via Babelio, "le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Albius"raconte la vie de ce jeune esclave noir qui a découvert comment polliniser la vanille.J'en connaissais plus sur la vie d'Albius que sur celle de Gaelle Belem jeune autrice réunionnaise.
Bien documenté, agrémenté d'expression créole, ce roman nous relate l'histoire de la vanille de Cortés au Mexique du XVIeme siècle jusqu'à son utilisation intensive à la Reunion du XIXeme siècle.Justement ce XIXeme siècle
durant lequel Edmond notre héros naît esclave sur l'île Bourbon et meurt libre à la Reunion.Que s'est-il passé?A t-il était affranchi?Non. L'état français ou plutôt la brève seconde république abolit l'esclavage en 1848; le 20 décembre 1848 plus exactement à la Reunion afin de terminer la campagne sucrière !
Les propriétaires sont très largement dédommagés!
Le "vivre ensemble" rêvé par les uns, promis par les autres n'est qu'une grande désillusion.Ainsi meurt Edmond Albius oublié et dans la misère .
A lire pour savoir et comprendre.

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Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Albius est un hommage à celui qui a découvert la manière de féconder les fleurs de vanille pour produire les fameuses gousses qui nous régalent. Edmond Albius est à la fois chanceux et malheureux. Enfant d'esclaves, il est recueilli par un planteur veuf et sans enfant, qui va lui faire partager sa maison et lui livrer ses secrets, mais plus tard ses origines et sa couleur de peau lui interdiront la reconnaissance à laquelle il a droit.

Pour moi le récit se décompose clairement en deux parties : avant et après la découverte. La première est adorable : Ferreol le bourru passionné de botanique, enseigne sa connaissance des plantes à ce gamin qui finit par connaitre les noms latins de tout ce qui pousse à la Réunion alors qu'il est analphabète. L'auteure nous raconte également les histoires que l'on lit au petit garçon et qui le font rêver. le récit de la création du monde par exemple, est un petit bijou de poésie.
Avec quelques exagérations, exemple lors du retour de Cortès en Espagne : "Un courant entier de quiétude innommable, de bonté enragée, de tendresse excessive emporte Séville partout où passent la vanille et son odeur musquée." Séville, présentée comme une ville sale et qui pue, embaume tout d'un coup lorsque Cortès rapporte une caisse de gousses de vanille. C'est trop gros pour y croire, mais c'est beau à rêver, alors pourquoi pas ?

Edmond découvre la méthode que tout le monde cherchait au tiers du livre environ et la suite du récit est beaucoup plus sombre. Les planteurs de l'île vont s'enrichir rapidement, mais Edmond lui, va aller de déboire en déboire. A noter que Ferreol son ancien maitre le soutiendra jusqu'au bout, tandis que les autres planteurs qu'il a enrichis l'ignoreront superbement lorsqu'il sera dans la misère. le style de cette partie du récit est différent, et je n'ai pas accroché du tout.

D'un point de vue botanique, l'auteur nous apprend que la vanille vient du Mexique où les Aztèques en parfumaient leur chocolat. Ensuite ce n'est pas clair : l'auteure dit "C'est une abeille qui féconde la vanille. Sans elle, point de fruit". Pourtant Edmond va réussir sans l'intervention d'insectes. Et elle ajoute que les Aztèques ont emporté leur secret dans la tombe. Mais Cortès avec sa toute petite troupe n'a pas massacré tous les Aztèques ! Et les fameuses abeilles n'ont pas disparu du jour au lendemain, pourquoi ne pas en importer à la Réunion au lieu de faire le travail à la main ???

J'ai adoré la première partie du récit, je n'ai pas aimé la deuxième, mais je reconnais l'intérêt de ce livre qui est de rendre justice à Edmond Albius, tombé dans l'oubli et victime de l'ingratitude de ceux qu'il a contribué à enrichir.
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Un petit bout d'chou nait à l'Ile Bourbon (qui s'appellera en 1848, date de l'abolition de l'esclavage, La Réunion) mais sa mère meurt à sa naissance et son père s'enfuit. Il est esclave, fils d'esclave, et, chance pour lui, ses petits pieds potelés, son front bombé et la certitude qu'il donne de tout comprendre émeuvent le veuf inconsolable qu'est Ferreol, à qui la soeur avait offert pour lui redonner envie de vivre un chien, un perroquet, puis le bébé.
Ferreol possède un grand domaine, il en connait toutes les plantes, dont les orchidées qui sont sa passion, passion qu'il communique à Edmond, qu'il promène dans une brouette en lui nommant les noms latins des différentes plantes.
J'avoue avoir mis du temps à lire ce livre, cherchant chaque nom que je ne connaissais pas, ce qui m'a donné une vision du jardin botanique réunionnais. (Remarque personnelle : la datura, dit l'auteur, est plus hallucinogène que toxique, ceci dit, cette hallucination prend parfois des allures de coma, nous l'avons constaté en Afrique. Et puis le cannabis, sans commentaire)
Avec une écriture très tendre, Gaelle Belem parsème ces noms latins du vocabulaire créole, le seul que le petit connaisse. Il grandit, passionné par la terre et ce qu'elle produit, croit le conte inventé par son « ti père », sur la création du monde, à partir des graines et des racines, et se met à la recherche d'une orchidée rare.
Écriture très tendre, et aussi parfaitement consciente de l'histoire de l'esclavage, de la pénétration de son ile par les fils d'aristocrates, d'esclaves multitâches et entre deux, les petits Blancs, chacun avec leurs intérêts divergents.
Écriture de plus retraçant l'histoire de la vanille, dont Moctezuma fait boire une décoction à Cortés, puis lui montre les gousses. Cortes s'empare de la vanille, foule aux pieds les abeilles en privant par là l'humanité des premiers agents pollinisateurs. Nous suivons le voyage, depuis l'Espagne de Charles Quint, Versailles, lorsqu'une caisse de vanille arrive à l'ile Bourbon pratiquement en même temps que la nouvelle : en Belgique, grâce à Charles Morren, la vanille fécondée a donné des fruits.
Edmond a douze ans lorsqu'après des semaines, des mois, des années à essayer d'obtenir des gousses, en compagnie de son ti père, il réussit à en comprendre le processus :
Le fruit le plus rare !
Dès son succès, les mauvais vents se liguent cependant contre lui : les propriétaires terriens parlent d'outrages, de volonté de les remplacer, de les anéantir. Les esclaves accumulent la rancoeur contre celui qui dormait dans des draps comme un Blanc. Et son presque père, au lieu de ressentir de la reconnaissance pour lui avoir redonné le goût de vivre et d'avoir réussi l'exploit de trouver comment cultiver la vanille, se sent floué et l'abandonne à son sort.

Triste sort, d'un esclave génial, finissant tristement.

Mieux vaut lire toutes les premières pages sur le voyage de la vanille, la création du monde, et aussi ce sentiment haine/amour que Gaelle Belem explique bien :
“Parfois, en se levant, Ferréol se demande ce qu'il serait s'il n'avait pas recueilli Edmond.
Edmond, son Edmond, a eu une idée de génie qui a enrichi notablement tous les vanillards de l'île. Grâce à son Edmond, la vanille est désormais un produit connu de tous. Il crie à tue-tête mon enseignement, ma propriété, mes conseils. Il répète à tout-va mon Edmond, mon esclave, mon orchidée. Debout devant le pupitre où il répète son discours de remise de la Légion d'honneur – on ne sait jamais –, Edmond silencieux à ses côtés, Ferréol regarde par la fenêtre les cargaisons de gousses qui filent vers les quais de Saint-Denis et les boutiques de France, emballées dans des boîtes de fer-blanc. Ses yeux s'illuminent comme un phare, son front s'éclaircit. Devant Edmond qui manque de s'étrangler comme s'il avalait de travers, Ferréol s'exclame tout haut :
— La vanille, c'est moi !”

Pour des raisons donc très différentes, ce livre est un petit joyau : le parler créole, les sentiments ambivalents, l'énoncé des multiples plantes et leur voyage, enfin l'abolition de l'esclavage, qui, comme dans les champs de coton du sud des États-Unis, n'a pas « donné » la liberté, vers laquelle ils foncent « droit dans un mur » mais rencontrent parfois une autre sorte de dépendance sans maitre.
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Ile Bourbon, 19e siècle. Dans une plantation naît un petit orphelin, esclave, mais que son “maître” prendra sous son aile. Il va lui enseigner la botanique et lui transmettre cette passion. C'est ainsi qu'Edmond, 12 ans, va découvrir le procédé de fécondation de la vanille, permettant ainsi le développement de cette nouvelle culture et la propagation de cette nouvelle épice en occident.
Biographie romancée du jeune prodige Edmond Albius qui mourut dans la misère et tomba dans l'oubli.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'autrice, très dynamique. le roman se lit très bien et rapidement malgré des passages techniques sur la botanique ou la fécondation des plantes, qui restent compréhensibles et pas lassants. J'ai appris beaucoup de choses sur La Réunion de l'époque et surtout sur la vanille (son origine et sa culture).

L'autrice a fait énormément de recherche sur le sujet
et sur son personnage, cela se sent. Et si elle a romancé pour combler les trous, cela passe sans soucis. Je ne pensais pas aimer autant ce roman vu que la botanique ne passionne absolument pas à la base.

Mais surtout, malgré que l'histoire d'Edmond Albius soit passionnante, elle est totalement inconnue.
Ce roman est donc important pour sortir de l'oubli cet enfant qui a été floué de son travail, de sa découverte qui a permis à tant de monde de s'enrichir. Il était temps de réhabiliter Edmond Albius, né esclave et mort dans l'oubli !
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Alors qu'un cyclone vient de passer sur l'île Bourbon, ancien nom de l'île de la Réunion, Elvire, dans une énième tentative pour lui rendre le sourire, remet à son frère, Ferréol Bellier Beaumont, veuf inconsolable, passionné de botanique et grand propriétaire terrien à Sainte-Suzanne, un orphelin noir âgé de quelques semaines. Il s'appelle Edmond, est né en 1829 sans que l'on sache la date exacte de sa naissance, de parents esclaves. Mélise, sa mère, propriété de Mademoiselle Elvire, est morte lors de l'accouchement. Il aura un patronyme bien plus tard, après l'abolition de l'esclavage, en 1848 : Albius, qu'il a choisi lui-même.
Si Ferréol hésite en voyant ça, sous-entendu ce bois d'ébène, paquet vivant de tracasseries manifestes, il a le pressentiment d'un possible pansement sur ses plaies mal cicatrisées, une sensation de seconde chance, et le garde.
Ferréol, ce botaniste amoureux d'orchidées, promène le petit enfant dans une brouette, dans son jardin et dans sa vaste pépinière. « C'est une immense kermesse de parfums et de couleurs, bruissante d'abeilles, qui bat son plein autour de la brouette qui transporte Edmond. »
C'est ainsi que l'enfant découvre la botanique et la genèse des plantes. Bien qu'analphabète, il désigne bientôt les plantes dans le jargon scientifique des Linné et Jussieu comme le dira plus tard Volcy-Focard.
Et c'est en 1841, âgé de douze ans, après avoir fait maints essais, qu'Edmond découvre le geste de pollinisation de la fleur du vanillier qui permet la production de gousses. Il vient de faire une découverte révolutionnaire : un nouveau fruit, un nouvel arôme !
Dans le fruit le plus rare, Gaëlle Bélem retrace la vie d'Edmond Albius, un esclave pas comme les autres, tout en brossant un tableau humain et social du XIXe siècle sur l'île Bourbon avec au coeur du récit, ce lourd passé colonial et l'esclavage qui ne sera aboli que le 20 décembre 1848.
Elle décrit avec un tel talent le sublime jardin de Ferréol, qu'il entretient avec tant d'amour et de passion, qu'il est impossible de ne pas être envoûté et enivré par les parfums et les couleurs de cette flore luxuriante, tout comme elle sait, ensuite, nous faire saliver avec les fameux cannelés ou encore les succulents pasteis de nata.
Il est intéressant de voir que d'une dizaine de kilos de vanille exportés en 1848, l'île Bourbon est passée, dès la fin du XIXe siècle, à deux cents tonnes !
Avec une recherche bien documentée, elle parvient à redonner vie à ce personnage oublié, que pour ma part, je ne connaissais pas. Un autre personnage est indissociable d'Edmond, il s'agit de Ferréol, souvent difficile à cerner, mais en quête d'amour lui aussi.
J'ai suivi avec curiosité et grand intérêt cet enfant passionné de botanique, épris d'amour pour sa mère morte, qui se prend à rêver de faire donner des fruits au vanillier jusqu'à ce que, à force d'essais et d'obstination, il y parvienne.
Le récit est émaillé d'expressions créoles, le rendant très vivant.
Malheureusement, cette histoire vraie, envoûtante, délicieuse à certains moments laisse un goût amer.
Si certains grands propriétaires se sont enrichis, Edmond, lui, bien qu'affranchi à l'âge de dix-neuf ans, va vivoter, trouvera quelque temps l'amour auprès de Marie-Pauline, avant de s'éteindre dans la misère le 9 août 1880, à l'âge de 51 ans.
Avec ce deuxième roman, le fruit le plus rare, Gaëlle Bélem réhabilite en quelque sorte Edmond Albius, cet ancien esclave devenu un botaniste exceptionnel en découvrant le processus de fécondation manuelle de la vanille Bourbon, resté dans l'ombre trop longtemps et on ne peut que l'en remercier !
(À noter que ce n'est qu'en 1981, que la municipalité de Sainte-Suzanne a érigé une stèle sur le lieu de naissance d'Edmond Albius à Bellevue et qu'une statue en bronze de celui-ci se dresse depuis 2004 au coeur d'un mémorial sur l'esclavage, reconnu comme crime contre l'humanité.)

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J'ai adoré aller à la rencontre d'Edmond. Au fil des pages, je pouvais presque sentir le parfum des orchidées. Effleurer, les fleurs exotiques cultiver sur l'île Bourbon, anciennement l'île de la Réunion. On en apprend beaucoup sur ce fameux fruit le plus rare au monde.
C'est une très belle écriture, qui réveille nos sens. J'ai adoré.
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Vous aimez les desserts doucereux, les parfums envoûtants avec cette subtile substance qui fait saliver les babines et flancher l'odorat ? Mais connaissez-vous son origine ? Cette vanille bourbon née à l'île de la réunion grâce à un jeune garçon : Edmond Albius. Englouti dans les oubliettes de l'histoire, Gaëlle Bélem le fait revivre par sa plume et lui offre un goûteux hommage à la gloire du plus exquis des arômes.

Ile de la Réunion, 1829, naissance à Sainte-Suzanne d'Edmond avec une double peine : esclave et rapidement orphelin. Analphabète, son malheur s'adoucit lorsqu'il est recueilli par le planteur de canne à sucre Ferréol Bellier-Beaumont et passionné de botanique. Veuf, sans enfant, il suspecte un talent naissant dans le tout jeune enfant. Il a acquis une bouture de vanillier lors de son apparition dans l'ile dix ans plus tôt mais impossible de le multiplier. Attentif à la science du propriétaire terrien, le jeune Edmond va développer un sens extraordinaire autour des plantes et découvrir – à seulement douze ans - comment féconder manuellement la fleur à l'aide d'une aiguille. Hélas, un sombre destin va rattraper le prodige…

Il aura fallu cent ans pour qu'une plaque commémorative soit apposée à Sainte-Suzanne et ce n'est qu'en 2004 qu'une statue sera érigée. La Réunionnaise Gaëlle Bélem revient avec maestria sur la destinée de cet être oublié qui, pourtant, a révolutionné la gastronomie mondiale. Tout en faisant honneur à la langue française avec une fine écriture, elle narre un chapitre de l'histoire de l'île de la Réunion, dénué de clichés ou sempiternelles cartes postales, raconter l'esclavage sans tomber dans la haine et savoir poser ces touches de romanesque qui manquent tant à la littérature contemporaine française .

Gaëlle Belem fait partie de cette congrégation des "raconteurs d'histoire", ces gens de lettres qui n'écrivent pas en se regardant mais en portant leur regard sur les autres.
Dès son deuxième roman, Gaëlle Belem sait déjà se renouveler : après "Le monstre derrière la porte" elle embarque le lecteur dans une histoire totalement différente. Seule l'âme de l'encre est semblable. Gaëlle Bélem, vous n'êtes pas une autrice. Vous êtes une écrivaine. Une talentueuse écrivaine.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Le mystère quant à l'identité du fruit le plus rare est vite levé,mais peu importe car l'intérêt du roman ne réside pas dans ce secret!
J'ai beaucoup aimé l'écriture de Gaëlle Bélem.Ses incursions de vocabulaire et expressions créoles,loin d'alourdir le texte,y apportent la singularité du contexte dans lequel se situe l'histoire. Son humour malicieux, teinté d'une fausse naïveté m'a immédiatement convaincue que ma lecture serait agréable. J'ai adoré la façon dont elle explique qu'après que Dieu ait passé pas mal de temps à créer toute la complexité de la flore,le diable " sournois et mal intentionné comme d'habitude " avait lui aussi semé de mauvaises graines, obligeant Dieu à créer les botanistes pour aider les hommes à les discerner! Ainsi,Edmond a sept ans lorsqu'il postule avec assurance à ce poste proposé par Dieu.
Historiquement, la vie d'Edmond Albius m'a permis de découvrir tout le parcours de cette plante,de sa découverte par Cortes avec les Aztèques, en passant par les jardins de le Nôtre,la Cours de Louis XVIII puis toutes les grandes tables du monde.
Surtout, c'est l'histoire réelle de ce petit orphelin de naissance,noir et esclave qui a capté toute mon attention et mon empathie.
Bien qu'il soit recueilli par Ferreol un botaniste blanc qui le nommera très vite son "ti gâté pourri" et lui permettra d'échapper au dur labeur des champs de canne à sucre,pour grandir dans un jardin d'Eden, le parcours d'Edmond sera marqué par l'injustice et le racisme structurel du colonialisme.
Même la relation père/ fils sera empreinte de ce racisme, car il n'est pas si simple d'assumer son attachement pour un esclave noir. Dans ce contexte la banalité de la rivalité père/fils prend une toute autre ampleur. Comment accepter qu'après des années de recherche, ce soit un esclave noir de douze ans qui découvre le secret de ce fruit si rare?!
De malheurs en malheurs, Edmond ne perd jamais espoir et quand la liberté ne tient pas ses promesses, il espère en l'amour.
Je ne pense pas être la seule à n'avoir jamais entendu parler jusqu'à ce livre,d' Edmond Albius,et ceci n'est pas le fruit du hasard, mais la conséquence d'une société incapable de reconnaître son racisme ni surtout de perdre son pouvoir. Pas question de mettre en péril " la verticalité des pouvoirs si durement installé à coups de barre à mine au XVII ème ."
Alors, par son roman Gaëlle Bélem permet enfin à Edmond Albius d'être reconnu pour ce qu'il était : l'inventeur de la fructification de cette plante rare dont l'île Bourbon deviendra le premier producteur mondial.
" Edmond meurt les yeux ouverts comme ces morts dont on se demande s'ils reposent en paix"
Grâce à vous, madame Bélem, je pense qu'Edmond peut enfin fermer ses yeux...
Je n'utiliserai plus jamais ce fruit sans avoir une pensée attendrie pour Edmond.
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