Ils sont entrés par le toit Ils ont fermé portes et fenêtres
Ils ont enfoncé une poignée de sable dans la bouche
et narines de Fatima.
Leurs mains déchirèrent son ventre le sang était retenu
Ils urinèrent sur son visage. Fatima prit la main de la statue
et marcha légère parmi les arbres et les enfants endormis.
Elle atteignit la mer
le corps dressé au-dessus de la mort.
"Il est une douleur millénaire qui rend notre souffle dérisoire. Le poète est celui qui risque les mots. Il les dépose pour pouvoir respirer. Cela ne rend pas ses nuits plus paisibles.
Nommer la blessure, redonner un nom au visage annulé par la flamme, dire, faire et défaire les rives du silence, voilà ce que lui dicte sa conscience. Il doit cerner l'impuissance de la parole face à l'extrême brutalité de l'histoire, face à la détresse de ceux qui n'ont plus rien, pas même la raison pour survivre et oublier."
La poésie se contentera d'être là, pour être dite comme une prière, dans le silence, dans le recueillement du deuil.
Incommensurable est notre besoin de dire, même si nos paroles, emportées par le vent, iront buter contre les montagnes jusqu'à la perte du sens, jusqu'à faire des trous dans la roche et faire bouger les pierres lourdes de l'insomnie.
Ce corps qui fut un corps ne flânera plus le long du Tigre ou de l'Euphrate
ramassé par une pelle qui ne se souviendra d'aucune douleur
mis dans un sac en plastique noir
ce corps qui fut une âme, un nom et un visage
retourne à la terre des sables
détritus et absence.
Celui qui erre aujourd'hui dans le sommeil des autres
n'est pas un martyr.
c'est un arbre de cendre
un vaisseau sans murmure
une statue aveugle
« Il est une douleur millénaire qui rend notre souffle dérisoire. Le poète est celui qui risque les mots. Il les dépose pour pouvoir respirer. Cela ne rend pas ses nuits plus paisibles.
Nommer la blessure, redonner un nom au visage annulé par la flamme, dire, faire et défaire les rives du silence, voilà ce que lui dicte sa conscience. Il doit cerner l'impuissance de la parole face à l'extrême brutalité de l'histoire, face à la détresse de ceux qui n'ont plus rien, pas même la raison pour survivre et oublier. »