Décidément, les auteurs de polar nordiques sont très nombreux. Et ils sont particulièrement doués, spécialement les autrices. J'ai lu avec plaisir ce roman d'une écrivaine venue du froid, de Suède plus précisément, que je ne connaissais pas. Elle est peut-être très connue, et appréciée, dans son pays mais je trouve que ses romans ne sont pas assez mis en avant en comparaison de ceux de
Camilla Läckberg,
Camilla Grebe ou
Viveca Sten, pour ne citer qu'elles, en France. Et c'est bien dommage selon moi car j'ai vraiment passé un excellentissime moment de lecture avec ce livre.
Je ne prendrai pas le temps de résumer l'intrigue, la quatrième de couverture est faite pour ça. Je dirai simplement que, sur le papier, il n'y a rien qui distingue ce roman d'un autre polar, une histoire de disparition, des flics qui enquêtent, une petite bourgade tranquille en apparence, où tout le monde se connaît, mais qui cache quand même quelques secrets. En soi, rien de bien nouveau sous la grisaille suédoise. Même la narration n'a rien d'exceptionnel, un jeu passé-présent s'installe, rien que du déjà-vu, déjà-lu.
Et pourtant, j'ai trouvé ce roman captivant.
Parce que notre fliquette, Charlie, en quelque sorte le personnage principal de ce roman, et au moins des deux autres déjà écrits (et/ou traduits), vaut à elle seule le détour. Elle est un peu bancale, limite, borderline comme diraient certains, alcoolique sur les bords. Ce qui à première vue peut parfois avoir le don de m'agacer, ne comprenant pas cette mode qu'ont les auteurs de polar à faire de leurs flics des êtres forcément cabossés par la vie. Mais là, cela fonctionne très bien, certainement parce que j'ai immédiatement éprouvé de l'empathie, même de la sympathie, pour Charlie.
Lina Bengtsdotter a réussi à créer un personnage émouvant et terriblement humain à la fois.
Aussi parce que l'histoire, dans sa globalité, est réaliste et crédible. On ne saute pas de rebondissement en rebondissement (il y en a quand même, il s'agit d'un roman policier), l'intrigue suit son cours tranquillement et on croit – en tout cas j'ai cru en ce que je lisais. Et même si la fin, et il y a une vraie fin, ne m'a pas transcendée plus que ça, je me suis dis que ça tenait la route. Et malgré cette révélation finale en demi-teinte pour moi, ce roman est quand même (presque) parfaitement réussi, à tel point que je n'ai finalement pas été déçue (ce qui aurait pu être le cas pour un autre roman qui ne m'aurait que moyennement convaincue tout du long).
Et enfin parce que
Lina Bengtsdotter écrit avant tout sur les femmes, chacun de ses livres portant le prénom de la disparue. Car, il ne faudrait pas oublier que la Suède, même si elle peut paraître en avance sur beaucoup de points, notamment sur la parité homme/femme dans la société, est l'un des pays qui punit le moins sévèrement les auteurs de viols ou de violences faites aux femmes. Raison pour laquelle beaucoup d'auteurs et d'autrices de ce pays parlent de ce sujet dans leurs écrits.
Et ce que j'ai beaucoup aimé ici est qu'elle ne fait pas pour autant un manifeste sur le féminisme, elle décrit simplement ce qu'il se passe, à chacun d'en tirer ses propres conclusions.
En bref, vous l'aurez compris, un roman qui m'a beaucoup plu, dont il me reste encore beaucoup, plus d'un mois après l'avoir lu (ce qui est suffisamment rare chez moi pour le souligner, je ne garde habituellement en mémoire que très peu, et pas longtemps, les polars ou thrillers que je lis). Je me souviens encore très bien de sa fin et aussi de son atmosphère. Un roman vers lequel je revenais avec plaisir, avec envie de poursuivre la lecture.
Un roman que je conseille, évidemment.