Élever des enfants est un exercice d’équilibrisme extrême: il faut savoir faire le distinguo entre d’une part les menaces graves et les problèmes qui peuvent être résolus et auxquels vous devez consacrer toute votre énergie, et d’autre part la multitude de dangers potentiels auxquels vous ne pouvez rien et que vous allez devoir apprendre à ignorer. C’est le seul moyen si vous voulez poursuivre une vie normale et ne pas devenir complètement fou/folle.
Si les bons parents sont vigilants, prêts à travailler dur et à faire des sacrifices pour la santé de leurs rejetons, les excellents parents sont, eux, en mesure de supporter l’anxiété inhérente au fait de devoir choisir entre différents sacrifices, car ils savent qu’une bonne décision peut donner de mauvais résultats, et qu’un enfant doit faire face à de nombreux dangers qui échappent à leur contrôle.
On ne peut même pas se consoler en se disant que, de la génétique aux câblages neuronaux, les principales raisons pour lesquelles un enfant peut se révéler épouvantablement difficile à élever sont dues à l’hérédité puisque les parents ne peuvent rien y faire pour autant. D’ailleurs, il n’y a qu’une façon de maîtriser la transmission de notre patrimoine héréditaire: le contrôle des naissances.
Les parents se sentent toujours fautifs des problèmes de leurs gosses, même quand ils n’y peuvent rien.
Il n’y a qu’une façon de savoir ce qu’il est possible de résoudre en tant que parent: tout essayer et voir ce qui marche. Et quand quelque chose ne marche pas, arrêter les frais: admettre qu’on n’a pas de solution, garder le moral et prier pour qu’il ne s’agisse que d’une phase, pas de la genèse d’un Hitler bis.
On peut tout à fait penser que la naissance d’un bébé n’est pas un miracle, mais ce qui relève en revanche du miraculeux, c’est réussir à élever un enfant en bonne santé malgré tous les dangers auxquelles il/elle est confronté(e) au jour le jour.