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EAN : 9791091108041
200 pages
Les éditions du Bout de la Ville (01/02/2017)
4/5   5 notes
Résumé :
Hafed Benotman nous a quittés en février 2015. Entre 1976 et 2007, notre ami braqueur-sans arme avait passé dix-sept ans en prison. Il était aussi un auteur talentueux de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre, de chansons qui ont toujours eu comme sujet l'opposition viscérale à toutes les formes d'enfermement. En 2001, il participe à la création de L'Envolée, un journal et une émission de radio, dont le but est aujourd'hui encore la critique et le combat contre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Hafed Benotman braqueur-sans arme a passé dix-sept ans en prison entre 1976 et 2007. Durant ces années de prison, il a démontré qu'il était aussi un auteur talentueux de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre, de chansons qui ont toujours eu comme sujet l'opposition viscérale à toutes les formes d'enfermement.
En 2001, il participe à la création de L'Envolée, un journal et une émission de radio
À sa mort en 2015, l'équipe du journal a décidé de lui rendre hommage et publiant ce livre qui est un condensé de textes et lettres qu'il a écrit pour ce journal.

A travers ces 26 lettres, Hafed Benotman va nous faire part de ce qu'il pense de l'univers carcéral et notamment de son efficacité ainsi que son impact sur l'être humain. C'est sa manière de lutter contre la justice et la prison. Il nous fait découvrir un univers avec ses propres codes où règne un microcosme qui nécessite d'être en permanence vigilant car la moindre faiblesse peut s'avérer périlleuse et où l'entraide, la solidarité ont un prix. Et, outre le fait de devoir gérer une promiscuité parfois délicate, il faut aussi gérer les gardiens qui parfois (souvent?) abusent du pouvoir que leur donne leur profession. L'univers carcéral est donc un monde bien à lui, qui laisse des marques à tous ceux qui ont la malchance (le malheur) d'y passer.

J'ai beaucoup aimé ce livre qui peut être relu et donc certaines lettres marquent plus que d'autres car mettant plus en exergue la question du bien fondé de la privation de liberté sur l'amélioration de l'homme. Vouloir « casser » un homme pour qu'il rentre dans des cases est il la solution ? Ce livre est une porte qu'il faut oser pousser et qui oblige à sortir de sa zone de confort.
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Hafed Benotman a passé 17 ans de sa vie derrière les barreaux. Braqueur au grand coeur, il est également un dramaturge et un écrivain talentueux, un opposant virulent à toute forme d'enfermement. Il participe en 2001 à la création du journal militant anticarcéral L'envolée et intervient régulièrement dans l'émission de radio éponyme qu'il a contribué à fonder. Ce recueil de textes est un hommage au combat de cet acharné de liberté, qui a eu la mauvaise idée de s'éteindre en 2015.

L'ouvrage présente de nombreuses lettres écrites en prison, mais également des extraits de romans, d'interventions radiophoniques et de pièces de théâtre, ainsi que deux nouvelles. Les écrits ont le mot libéré, à défaut de l'être. Entre anecdotes carcérales et réquisitoires contre la prison, les écrits de Benotman sont des cris du coeur qui braillent la déshumanisation derrière les barreaux ; qui vomissent enfin la misère sociale, celle qui écrase au moins autant que les geôles froides, celle qui brise et qui use. Derrière une plume malicieuse et pugnace, l'écrivain taillade les affres de l'incarcération, il se révolte contre les travers d'un système d'enfermement qui broie et qui pousse à la récidive.

Les mots de Benotman sont paradoxalement aussi noirs que lumineux, derrière leur apparente désinvolture se dessine une rébellion tenace, sur laquelle souffle le vent terriblement communicatif de la liberté ; sur ses écrits affranchis s'imprime enfin le manifeste d'une lutte vitale contre la complaisance et la compromission, contre la prison et la justice à sens unique, pour la vie coûte que coûte.


Merci aux Editions du Bout de la Ville et à Babelio pour la découverte!
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"On détient un objet et on emprisonne une personne. Les politiques détestent que l'on utilise le mot "prisonnier", ça leur rappelle trop franchement le prisonnier de guerre ou le prisonnier politique."

On ne peut pas dire que ce soit un bon ou un mauvais livre. Ce recueil de l'Envolée a le mérite d'exister. Et en ça, il est important voir indispensable. Il va sans aucun doute déstabiliser plus d'une personne, moi la première. C'est un livre pour faire réagir, pour informer et surtout pour donner un nouveau point de vue trop longtemps ignoré ou mis en sourdine.
Au fils des articles/extraits on va forcément remettre en doute notre version de la justice. On va se dire "mais vous êtes en prison pour quoi ?". Parce qu'entre un voleur et un tueur, on ne va pas être aussi clément. Idem entre la femme qui a tué son mari violent et abusif et un homme qui va tuer par pulsion. Pourtant là n'est pas la question. Ici, ce sont les conditions de détention peu humanisantes qui vont être "dénoncées" ou au moins mis au grand jour, mais aussi les conditions humiliantes qui ne cessent de torturer l'amour propre des prisonniers.

Ce n'est pourtant pas un livre qui dénonce en hurlant des faits. Disons plutôt qu'il informe le lecteur, en appuyant là où ça fait mal, avec calme...

Alors je ne dirais pas que j'aime ce livre. Il fait naître en moi trop d'interrogations violentes pour cela. Par contre je le conseille. Pas forcément en entier, mais au moins que chaque personne sache qu'il existe. Que l'Envolée existe !
Malheureusement il va toucher des personnes qui cherchent déjà à se renseigner sur le sujet.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Notre problème, c’est que l’administration pénitentiaire refusait de donner le journal gratuitement alors que, normalement, pour les prisonniers, il est gratuit. Je fais une différence entre prisonnier et détenu. On détient un objet et on emprisonne une personne. Les politiques détestent que l’on utilise le mot « prisonnier », ça leur rappelle trop franchement le prisonnier de guerre ou le prisonnier politique.
Notre journal porte en quatrième de couverture l’article du code de procédure pénale qui interdit à l’administration pénitentiaire de le censurer. Dans la mesure où il n’est pas censuré à l’extérieur, il ne peut être censuré à l’intérieur. Seul un journal censuré au dehors peut l’être au-dedans. Mais l’autorité de la prison a trouvé un système vicieux. Elle ne dit pas que le journal est censuré. Elle dit qu’il est simplement retenu et remis plus tard aux prisonnières et aux prisonniers abonné.e.s. Elle le dépose dans ce qu’on appelle « la fouille ». Lorsqu’on est arrêté et que l’on arrive en prison, on nous prend notre téléphone portable, nos clefs, nos papiers d’identité. Tout ça est entreposé dans un endroit que l’on appelle « la fouille » dans de grandes enveloppes et de petites valises noires en carton, et on retrouve ses affaires à la sortie. Mais on n’y a pas accès pendant la détention. Ce qui fait que lorsque les prisonniers sortiront, ils auront vingt ou trente numéros de l’Envolée dans leurs bagages.
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Vidéo de Abdel-Hafed Benotman
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