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4,08

sur 612 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un livre empreint d'émotion.
Amine, pianiste international, vient de perdre son père avec lequel il était en froid depuis des années. En vidant l'appartement le fils découvre des cassettes enregistrées par son père qui envoyait ainsi des nouvelles à son propre père resté "au pays". le fils alors va tout comprendre des silences de son père ou du moins une grande partie.
Un bien joli roman: on a tous envie que les défunts nous aient laissé des messages posthumes. Bravo à l'auteur d'avoir si bien saisi ces envies! La mienne en tout cas!
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Ce livre m'a beaucoup plu comme tous les romans de Rachid Benzine.
Les pères taiseux sont légion, ce sont leurs fils ou fille qui les font parler d'une façon ou d'une autre. Ici, c'est grâce aux cassettes trouvées lors du décès de son père que le fils va découvrir la face cachée de celui qu'il a fui.
La vie dans les mines, dans une cimenterie puis chez Lip ne fut pas facile mais ce père était courageux.
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J'avais découvert Rachid Benzine, en 2020, avec "Ainsi parlait ma mère" qui était une très belle déclaration d'amour émouvante d'un fils de 53 ans à sa mère de 93 ans qui s'éloignait doucement des berges de la vie.
Ce roman, c'est la quête du père qu'Amine, le narrateur, a laissé derrière lui pendant 22 ans après un malentendu, une incompréhension, une absence de communication. Amine est devenu un pianiste mondialement reconnu et son père est resté dans son appartement de cité à Trappes. Amine revient pour l'enterrer sans jamais plus avoir eu de contact avec lui.
A la faveur de cassettes audio cachées dans la salle de bain, il découvre trop tard quel homme et quel père il fut; il part rencontrer tous ceux qui l'ont connu et dont il parle sur les enregistrements. Derrière l'homme taiseux, qui ne montrait jamais ses sentiments, il découvre un homme généreux, honnête, un ami fidèle, un amoureux, un père qui ne pensait qu'au bonheur de ses enfants, fier de son fils.
Ce roman est aussi un hommage appuyé à tous ces immigrés d'Afrique du Nord en particulier, qui ont permis par leur sueur, leur labeur mal payé, souvent sous le mépris, le rejet, que la France profite des Trente Glorieuses. Hommage aussi au père qui a sacrifié ses rêves pour que ses enfants aient une vie meilleure que la sienne et qui a réussi.
C'est aussi une critique mêlée malgré tout d'une certaine admiration du poids très lourd des traditions et du respect aux parents qui a empêché le père d'Amine de se marier avec celle qu'il aimait car il n'avait pas obtenu l'autorisation de son père.
Le ton est empreint de tendresse, de regrets, de nostalgie sans jamais être larmoyant. Ce chemin vers le père mal connu nous remplit d'émotion car comment ne pas penser à nos propres parents que l'on ne voit souvent que comme un père ou une mère mais rarement comme un homme ou une femme avec ses bonheurs et ses peines, dont parfois on s'éloigne à cause d'une incompréhension.
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J'ai lu en apnée, d'une traite. Pas vite mais concentré.
Les silences des pères m'ont renvoyé au silence subit du mien, l'année de mes vingt-deux ans. Plus rien jusqu'à sa mort, sans raison connue. Notre fils m'a offert ce voyage au pays de la mémoire ; le titre s'était imposé à sa vue, dans une nouvelle librairie, "Le page d'après", comme une évidence, avec l'espoir que j'y glane quelque chose...
"L'enfant est le père de l'homme. Il est aussi le fils du père." Rachid Benzine rend aussi hommage à une génération sacrifiée.
Amine est revu à la cité pour enterrer un père quitté il y a plusieurs décennies. le fils a pris le large à Boston afin d'embrasser une carrière de concertiste, "sans attaches ni contraintes. Sans compagne ni enfant."
L'exil du père était moins prometteur, émigré du sud Maroc - là où les hommes sont travailleurs et dociles - aux mines du nord français, terre de chair à charbon. le travail dans la mine donne lieu à des pages dignes de Zola.
Amine va découvrir un versant inattendu de son père en écoutant des cassettes audio cachées dans la salle de bain, journal parlé de 1965 à 2006.
" Je m'assois sur banc dans un parc. Je place le casque sur mes oreilles et glisse l'un des enregistrements dans l'appareil. La voix de mon père est désormais très proche."
Il l'entend parler à son père toujours au bled. Amine ne saura jamais si son grand-père répondait au fils exilé, sauf une fois tragique. le fils, à la rencontre d'un père méconnu, reporte son retour, pressé de revenir par une assistante aux abois. Neuf jours durant, il tombe des nues, à dérouler une personnalité insoupçonnée, éclairée des souvenirs émus de compagnons paternels toujours vivants.
Le pianiste touche du doigt la voix devenue atone lorsque le patriarche au Maroc refuse le mariage (à 37 ans) avec une Française.
Puis c'est le mutisme intégral après la mort brutale du frère d'Amine. le père effondré, continue à bosser pour le bien-être de la génération suivante, son unique raison de vivre. Amine en a marre, il largue les amarres.
"La réussite de leur exil ce n'est pas la leur mais celle de votre génération."
Les cassettes défilent, le silence devient assourdissant et lourd de sens. Il prend un tour nouveau, brouille les croyances du fils virtuose sur le retrait de son père, interprété jusqu'alors comme la figure traditionnelle de l'immigré qui courbe l'échine. le père est tout l'opposé, militant, enjoué, solidaire, lecteur et même documentariste à ses heures.
Outre la charge émotionnelle de ces retrouvailles post mortem avec un père lointain, la puissance évocatrice d'une écriture dépouillée m'a tenu en haleine, tant j'espérais qu'Amine parvienne à se réconcilier avec cet homme incompris, tant je souhaitais qu'il reconstruise un sens aux silences des pères, ce que je n'ai jamais réussi avec le mutisme inexpliqué et inexplicable du mien.
J'ai renoncé, j'ai transmuté mon incompréhension en mystère assumé, seule façon de vivre en harmonie avec ma descendance.
Merci mon fils !
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Une lecture exceptionnelle.
Et le terme n'est pas galvaudé.

Un très beau livre, dans son écriture, pudique et solaire à la fois. Dans les thèmes qu'il aborde, aussi et peut-être surtout.

C'est très probablement ce qui m'a le plus touché, le plus marqué. Sans doute parce que cette histoire, au moins dans cette relation qui s'est distendue entre un père et son fils, c'est aussi beaucoup la mienne.

Une suite de malentendus, de non-dits, de maladresses. La vie passe, on s'éloigne en se donnant des nouvelles de loin en loin. Et puis un jour, la disparition. Et il ne reste que les souvenirs. Et des traces parfois inattendues.

J'ai souvent eu l'impression d'être à la place du narrateur.
Et j'ai souvent vu dans ce père qui parle au travers de ces cassettes l'image de mon propre père. Mais je n'ai pas de cassettes. Et je reste donc avec bien des interrogations.

Mais malgré une forme de douleur, que cette lecture fût belle et apaisante. Merci M. Benzine.
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Qu'est-ce qui peut expliquer un tel silence, justifier toutes ces années de mutisme qui mettaient tellement en colère Amine ?

Ne trouvant pas de réponse à cette question, le jeune homme quitte sa famille plein d'amertume pour voler de ses propres ailes, entre au conservatoire, part faire des études de musique aux Etats-Unis et devient un grand pianiste.

Mais quand, 22 ans plus tard, son père décède, il laisse de côté ses concerts pour partir sur les traces de cet homme dont il ne sait rien.

Au fil des rencontres avec ses complices d'autrefois, il reconstitue sa vie depuis son arrivée du Maroc jusqu'à sa mort à Trappes. Et avec le parcours de cet immigré arabe, c'est toute l'histoire de l'immigration des Trente Glorieuses que retrace Rachid Benzine dans ce beau roman social.

Il nous dévoile un parcours tortueux qui le conduisit à travers toute la France au fil des emplois. Gueule noire dans les mines de charbons, gueule grise dans les cimenteries, travailleur à la chaîne en usine ou ouvrier agricole dans des fermes, cet homme mélomane et syndicaliste, a vécu mille vies de misère mais a aussi connu l'amitié et l'amour.

Lorsqu'il fonda finalement une famille, le silence fut son choix. Celui de ne pas raconter, de ne pas faire porter à ses enfants un fardeau de rancoeur qui aurait entravé leur vie et les aurait entraînés dans une révolte destructrice. Car si son exil fut une malédiction, il se refusa de parler du sacrifice qu'il fit en toute conscience, afin de préserver leurs chances de réussite.

Avec ce voyage de mémoire, Amine comprend que ce qu'il prenait pour de la lâcheté, du renoncement, était un cadeau que ce père leur faisait à eux, les enfants de la deuxième génération.

Dans son roman, Rachid Benzine, comme Milan Kundera, raconte sans juger, sans analyser, juste pour dire : voilà, cela s'est passé comme ça, faites-vous votre propre idée, il n'y a pas de morale autre que la votre. Tout ce que j'aime.
Je ne peux que recommander ce roman sensible et tout à fait passionnant.
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Je découvre Rachid Benzine avec "Les silences des pères" un roman émotion qui a tout pour me plaire.
Alors que des histoires sur le deuil du père et l'héritage identitaire ont déjà été écrites, on pourrait penser qu'il n'y a rien d'original. Et pourtant, il l'est sur le fond et la forme. Je qualifierais ce roman que j'ai trouvé sobre et puissant, d'authentique.
Il m'a rappelé une époque et va au-delà du simple deuil puisqu'il s'agit aussi du rapport de l'on entretien avec nos parents.

Le point fort est la découverte de K7 (une façon abrégée que l'on avait d'écrire cassette audio) que le père décédé du narrateur, émigré marocain, enregistrait pour son propre père qui ne savait pas lire. Il va découvrir un homme qu'il ne reconnaît pas grâce à l'écoute sur un walkman (encore un nom que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, pour nommer le baladeur).

Le narrateur est un musicien, pianiste concertiste qui voyage beaucoup, ne voit pas souvent sa famille et se souvient d'un père sombre et taiseux. Alors qu'il participe au déménagement du logement à Trappes, il pense qu'à la mort de son grand-père au Maroc, son père a récupéré ses propres enregistrements.
Le pianiste va découvrir le jeune homme arrivé en France à l'âge de dix-neuf ans qui sera successivement gueule noir (de charbon) puis gueule grise (de ciment) avant d'exercer différents métiers, parfois en lien avec la musique, plus souvent ouvrier mais toujours érudit et surtout combatif. Ce père qui s'est engagé dans la lutte pour la défense des droits des travailleurs marocains il ne l'a pas connu. Cet homme fier et courageux va pourtant être brisé par de terribles épreuves et se réfugier dans le silence pour ne pas faire souffrir ses proches. Ces découvertes feront regretter à son fils de ne pas avoir partager plus de moments heureux avec lui, de son vivant.

Cela m'a fait penser à ma marraine qui a la maladie d'Alzheimer, que j'ai enregistré il y a quelques temps par courtes séances thématiques d'un quart d'heure pour garder ses souvenirs et sa voix. D'ailleurs, je pense souvent aux questions que j'ai oublié de poser à mes parents qui ne sont plus là.
"Les silences des pères" est comme un témoignage, un très bon roman que je conseille.


Challenge Riquiqui 2023

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Très belle découverte que la plume de Rachid Benzine. Ce roman m'a plongée au coeur d'une histoire familiale complexe, empreinte d'incompréhension et de non-dits. le narrateur, un fils éloigné de son père, est confronté à la mort de ce dernier et à la distance qui les a séparés au fil des années. C'est à travers la découverte de cassettes audio laissées par son père, où celui-ci se confie à son propre père resté au Maroc, que le fils va tenter de mieux comprendre celui qui était autrefois un mystère pour lui.

Au fur et à mesure de l'écoute des enregistrements, le narrateur va voyager dans le passé de son père, parcourant les lieux qui ont marqué sa vie et découvrant les épreuves qu'il a dû traverser. Des mines de charbon du nord de la France aux usines d'Aubervilliers et de Besançon, en passant par les maraîchages et les camps de harkis en Camargue, le fils plonge dans l'histoire d'un homme marqué par la migration et le déracinement.

Grâce à ces récits, le narrateur se rapproche de son père, comprend ses silences et appréhende enfin la complexité de son histoire. Les mots qui résonnent à travers les cassettes permettent au fils de se réconcilier avec un passé douloureux, de faire la paix avec un père dont il ignorait tant de choses.

A travers cette quête initiatique et introspective, Rachid Benzine nous offre une réflexion profonde sur la transmission, les liens familiaux et les non-dits qui peuvent briser une relation. "Les silences des pères" m'a rappelé l'importance de l'écoute, de la compréhension et de la réconciliation pour surmonter les barrières qui nous séparent de nos proches. Ce roman, c'est une ode à la mémoire et à la réconciliation. Il m'a fait réfléchir sur mes propres silences et sur l'importance de les briser pour mieux comprendre ceux qui m'entourent. Une lecture bouleversante.

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« À Trappes, mon père devait se fondre dans un tel silence pour laisser les notes flotter et scintiller comme des étoiles lumineuses dans le ciel de notre nuit noire. »
Amine est un grand pianiste. Fils d'immigrés marocains, il doit revenir à Trappes car son père est décédé. Avec ses soeurs, il va organiser les funérailles et vider l'appartement. Lui qui a réussi avec une carrière brillante, se retrouve plongé dans les souvenirs familiaux, un grand écart entre deux mondes totalement différents.
L'imam le sollicite pour la toilette mortuaire, ce qui n'est pas évident pour lui. le poids des traditions, il avait oublié … Et puis, il découvre un vieux magnétophone et des cassettes, classées par date. Ce sont celles que son Papa envoyait à ses parents, restés au Maroc. À l'époque, pas de téléphone et parler était plus aisé qu'écrire…
Ces K7 souvenirs jalonnent le présent d'Amine qui l'espace de quelques jours les écoute. Les enregistrements lui permettent de découvrir l'histoire de son père. La mine, l'usine, le mariage, les choix qu'il a fallu faire et qui expliquent certains silences. Dans ses paroles, il était toujours assez « soft » pour ne pas inquiéter les siens, ne disant que le nécessaire. Même lorsqu'il a été marié avec des enfants, il a continué à communiquer par ce biais. C'est accompagné par la voix de son père qu'Amine revit son parcours. Des pans tus de sa vie lui apparaissent, il analyse ce qu'il entend et veut avancer encore dans la compréhension de celui qui était un taiseux.
C'est avec des phrases courtes, fines, que la vie de cet homme nous est dévoilée. Une infinie délicatesse imprègne le texte, porte chaque mot. C'est doux, tendre, poétique, subtil, plein de retenue. le texte est bouleversant car on sent bien que l'éloignement, les silences, les non-dits, ont gêné les hommes de cette famille. L'amour était présent mais on ne se le disait pas, on restait pudiques, à sa place pour ne pas empêcher l'autre de prendre son envol, comme Amine avec les notes de son piano….
Un roman bouleversant.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Contrairement à nombre d'entre vous, je pense, je n'avais encore jamais lu de roman de Rachid Benzine. Je commence par le dernier "Les silences des pères", et je sais déjà que je lirai les précédents. Cet ouvrage est une magnifique découverte tant sur le fond que dans la forme.

Très court, il démontre à quel point le nombre de pages n'obère en rien la qualité du contenu et se résume simplement. Lorsque le narrateur apprend le décès de son père par un appel téléphonique d'une de ses soeurs, il décide de revenir à Trappes, le quartier de son enfance, pour le veiller et aider ses soeurs à trier ses affaires. Des années de silence, des drames passés, des non-dits ont éloigné ces deux personnages. Mais la découverte d'une grosse enveloppe contenant un grand nombre de cassettes audio va tout changer.

C'est un ouvrage qui se dévore tranquillement, se déguste. L'écriture est d'une simplicité et d'une beauté sans nom. Des petites phrases limpides, comme si l'auteur avait été mon élève, des phrases presque juste composées d'un sujet, d'un verbe, d'un complément. Des mots tout aussi simples, sans ostentation "Avant d'entrer en scène, je m'isole pour mieux me concentrer. Mon père, lui, n'a jamais quitté les coulisses. Il se tient là, sans dire un mot." Mais l'histoire coule et j'ai eu l'impression, non pas de la lire, mais de l'écouter. Est-ce pour cette raison qu'elle m'a tant émue ?

Est-ce parce que ce récit – que j'imagine, au risque de me tromper, autobiographique – a une résonnance universelle ? Est-ce le voyage qu'entreprend le fils à la découverte de celui dont il redécouvre la voix à travers ces cassettes hors d'âge ? Est-ce la compréhension de ce que fut ce père, à travers les témoignages de ses anciens amis que le fils rencontre les uns après les autres ? Est-ce l'identification de ce que fut la vie de ces travailleurs venus d'ailleurs pour accomplir en France les tâches les plus dures ? Je suis ressortie de cette lecture terriblement émue et gorge serrée.

Un roman sur le sens des silences et leurs répercussions sur ceux qui en sont témoins. Une belle histoire d'amour paternel. Une leçon sur l'obéissance d'un fils à son père. Et encore bien plus ! Un très, très beau roman !

Lien : https://memo-emoi.fr
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