dans la rue un homme en costume noir traînait un enfant qui ne voulait pas : trace des doigts serrés aux poignets, l’enfant à genoux et l’homme tirant sur les bras, face à face les deux visages fermés, hostiles, ennemis pour toujours
ce serait plutôt comme
le paysage lui-même quittant ses places à l’intérieur de soi
déserte ses places vides ses poubelles ses plis
plie bagage
prend ses marques ailleurs
comme des humains se déplient et sortent lentement du sommeil écrasées les couleurs des toits et des arbres dans la lumière blanche
un homme jaune fluo
un petit garçon harnaché d’un énorme cartable,
ce qu’il regarde lui ou ce qu’il ne regarde jamais au bord
le soleil passe sur leur visage et ils ferment les yeux
petite manivelle des vitres
un homme aux yeux clos les mains posées sur les cuisses, la ficelle jaune du gros sac marin serpente entre les doigts noirs
la tête d’une jeune fille posée sur le poing, l’arc gracieux du poignet, semblable au reflet brisé d’une tige enfoncée dans l’eau