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La dernière et non pas la moindre des oeuvres de Bernanos. Devant sa propre mort, il nous livre une méditation profonde du martyre, et peint des carmélites aux âmes différentes mais unies face à une France funeste. Des dialogues profonds et puissants.
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Quel magnifique pièce de théâtre, sur un sujet qui va si bien à la tragédie!

Je ne sais pas comment exprimer ce que j'ai ressenti, c'est une oeuvre qui envahie le coeur comme l'air pur remplit les poumons. Rafraichissant, puissant et émouvant. J'aurais tant aimé que cette oeuvre ai une paternité, mais peut-être était-elle d'un temps qui n'était déjà plus le sien?

Confiance, Espérance, Soumission, Consentement et Abnégation, ce sont les ultimes remparts de l'Homme face au désordre et à la terreur. Dernière leçon que Bernanos nous offre, leçon brillante et flamboyante. "Il faut savoir risquer la peur comme on risque la mort, le vrai courage est dans ce risque."

J'en conseille très vivement la lecture, et également regardez l'opéra tout aussi incroyable qu'en a donné Poulenc!
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Dialogues des Carmélites / Georges Bernanos
Quelques temps avant la Révolution de 1789, une jeune aristocrate d'une nature déjà très religieuse et solitaire, Blanche de le Force, entre au Carmel de Compiègne, un ordre très strict, sous le nom de Soeur Blanche de l'Agonie du Christ, un lieu sanctifié où elle espère trouver refuge contre le monde qu'elle craint avant tout.
Un décret révolutionnaire ordonne l'abolition des voeux monastiques dans tous les monastères de l'un et l'autre sexe et l'expulsion des religieuses ici du Carmel sous peine de sanction, qui doivent retourner à la vie civile alors que la Terreur fait rage et que la guillotine guette tout un chacun. Les religieux sont particulièrement visés, car la Révolution est aussi une guerre anti-religieuse. Soeur Blanche est profondément touchée car elle était sur le point de prononcer ses voeux.
On retrouve dans cette oeuvre qui est une pièce de théâtre, les thèmes familiers de Bernanos, son âme mystique tourmentée ainsi que sa noblesse de pensée et son style puissant. Les thèmes de la foi et de la vie monastique, la peur ou non de la mort, en fait sujet principal, sont développés au travers de dialogues d'une sublime intensité. La dimension importante et quasi mystique de l'échange des morts, à rapprocher de la communion des saints, est illustrée par l'acceptation par la Mère supérieure d'une mort indigne d'elle, dans l'angoisse et le tremblement, pour transférer sa force à la timide Blanche qui montera volontairement et en martyre consciente à l'échafaud. Les non croyants n'y trouveront sans doute pas leur compte. Quant aux croyants, ils seront portés à méditer à coup sûr. le texte de cette pièce, pas très facile à lire, en somme ravira les spécialistes de ce genre de sujet. Un très beau texte certes, mais qui peut laisser perplexe et même imperméable à une certaine idée de la mort.
Pour la petite histoire, notons que cette pièce de théâtre est adaptée d'une nouvelle en langue allemande de Gertrud von le Fort.

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Très difficile de donner son avis sur une oeuvre destinée à être présentée à des spectateurs plutôt qu'à des lecteurs. Et difficile de donner son avis sur une oeuvre d'un tel auteur.

Alors il me reste à dire que j'ai beaucoup aimé: le style, la belle langue, les mots qui coulent mais qui font réfléchir, les personnages qu'on voit si peu mais qui sont pourtant déjà denses, et la description émouvante du courage, de la peur et du sentiment de fraternité de femmes, qu'on comprenne leur chemin ou non.
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Pour les Dialogues des Carmélites, j'ai tout fait à l'envers : choriste amateure, j'ai d'abord chanté une partie de la partition de l'opéra de F.Poulenc (et joué sans paroles dans les actes 2 et 3), ne m'intéressant d'abord qu'aux lignes des choristes (contrairement au scénario du film, et malgré les coupures, la partition est un pavé). Puis, j'ai voulu découvrir le texte des solistes pour mieux comprendre l'histoire, le contexte, et donc mieux interpréter. Et enfin, j'ai terminé par la lecture du scénario cinématographique de Georges Bernanos.
Je tiens à préciser que je n'étais fan ni de la musique (profane) de Francis Poulenc ni des oeuvres de Georges Bernanos, lues à l'adolescence. C'est l'expérience musicale de l'opéra qui m'avait tout d'abord attirée.
Je précise également que je suis non-croyante mais cette expérience a été inoubliable, intense de bout en bout. Bien sûr, les Carmélites sont des religieuses mais elles sont aussi des êtres humains, avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs peurs et leurs joies. En d'autres termes, elles sont comme nous, de simples mortels.
Nous avons chanté cet opéra dans des décors minimalistes et en costumes. Ce n'étaient pas des déguisements, mais de vrais habits de Carmélites que nous avions empruntés au Carmel de Compiègne, d'où étaient originaires les religieuses qui ont été guillotinées. Croyez-moi, endosser un tel habit n'est pas anodin, c'est comme enfiler une seconde peau, et cela vous transforme. Alors non, je ne me suis pas convertie, mais je crois que j'ai ressenti leur émotion et j'ai chanté plus intensément. le séjour en prison, la montée à l'échafaud ont été terribles, m'ont portée au comble de l'émotion. Des larmes ont coulé sur scène et dans la salle. Je vous mets au défi d'écouter le Salve Regina qui les accompagne à la guillotine sans avoir la chair de poule.
En dépit de ce que l'on pourrait croire avant d'entamer cette lecture, les thème abordés nous concernent tous et posent des questions essentielles sur l'être humain, la vie, la mort, le sens du sacrifice.
En conclusion, malgré les handicaps multiples de départ en ce qui me concerne, j'ai réellement apprécié la lecture de ce texte et surtout de l'avoir « vécu » de l'intérieur. On n'en sort pas indemne, même quand on est choriste habituée à chanter de la musique sacrée et à éprouver de fortes émotions.
Je me souviendrai toujours, je crois, des mots de ce spectateur à la fin de notre première représentation : « Waouh… je ne trouve pas de mots. »

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Tragique récit qui, empreint d'émotion et d'empathie, relate l'intolérable intrusion de la Terreur dans le monde doux et pieux de la religion.

La scène des "représentants du peuple" qui se prennent pour des libérateurs car ils ne comprennent pas que la vraie liberté ne se trouve pas dans l'assujettissement à un pouvoir séculier relativiste et anthropocentriste mais au contraire dans la discipline et le dévouement à Dieu est d'une totale actualité ! "Il n'y a pas de liberté pour les ennemis de la liberté" dit le commissaire pendant les interrogatoires et la Mère Marie de lui répondre magnifiquement "la nôtre est hors de vos atteintes". Illustration parfaite de l'incompréhension totale du monde matérialiste face à l'élévation spirituelle.

Contre tant d'amour et de dévotion leurs tortionnaires ne peuvent rien. Leurs victimes prient d'autant plus pour eux qu'ils les supplicient. Et après les avoir tuées ils se rendent compte que leur rage n'en a pas été diminuée d'une once.

Loin d'opposer la grandeur de la vertu contre la puissance de la violence, Bernanos exalte la faiblesse face à la force, le silence face au bruit, le consentement et le don de sa vie face au désordre et au meurtre.
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Lu pour la première fois en 2018 soit 70 ans après sa première parution.
Que penser ?
Ce livre m'a beaucoup touché et ému. Il m'a emporté.
J'y ai vu la rencontre violente, la percussion en plein vol, le collision sombre de deux mondes. L'un que l'on pourrait qualifier d'immobile, séculaire, hors le temps, - un couvent de carmélites - emprunt de tout ce que l'âme humaine appelle la religiosité et que l'on peut aussi nommer spiritualité. L'autre monde est celui du bouillonnement du temps propre aux périodes révolutionnaires où la fulgurance s'accompagne le plus souvent d'arbitraire, de veulerie et de violence. Il s'agit bien sûr de la Révolution française.
Celle collision amène Bernanos à nous faire entrer dans la tête de plusieurs religieuses de ce temps (1789-1792) et nous fait toucher du doigt l'incroyable densité du sentiment de foi et de sacrifice de ces moniales et la non moins incroyable brutalité de cette période funestement nommée Terreur.
A la fin du livre, on se retrouve comme embarqué par une histoire au dénouement tragique. Partagé entre admiration et incompréhension.
La langue de Bernanos est magnifique. D'une invraisemblable tenue. Qui écrit encore comme cela aujourd'hui ?
A lire absolument pour les amoureux de notre langue et pour la découverte d'une expérience humaine exceptionnelle.
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Dernière oeuvre de Bernanos et pas des moindres. le contexte de la révolution française lui sert de cadre pour exprimer l'abnégation et la foi. Dans cette pièce, il y en a pour tous, croyants et incroyants. Les premiers y verront des martyrs, fervents, connaissant la peur, humains finalement, comme le Christ au jardin des oliviers. Les autres verront inévitablement la force et la grandeur de ces filles qui vont à la mort en chantant. Elles n'ont pas choisi ce supplice et finissent par l'accepter. Bernanos veut démontrer que la confiance est salvatrice, comme l'espérance. Elles ne suffisent pas à l'homme mais le grandissent chaque fois qu'il est héroïque et cela quelles que soient ses convictions.
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Un livre (ou plutôt un script de film jamais tourné) qui m'a beaucoup marquée... le personnage de Blanche, dévorée d'angoisse, incapable d'affronter la vie et ses tourments, est magnifique, tout comme la courageuse Constance et la Mère supérieure, pleine de bon sens. La profondeur des dialogues, la justesse des réflexions, le tragique de l'intrigue, tout est beau et apporte beaucoup. le titre "Dialogues des Carmélites" laisse suggérer quelque chose de catholique, mais il serait dommage de croire que cet ouvrage s'adresse uniquement à cette communauté. Je le recommande à tous ceux qui se demandent le pourquoi du comment sur leur vie.
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Peut-on aujourd'hui dissocier la pièce de théâtre de Bernanos de l'opéra qu'en fit Francis Poulenc ? Je ne pense pas. Les deux inauguraient, chacun dans leur domaine, un langage nouveau et fort qui ouvrait de multiples voies… Laissées à l'abandon, car ce qu'elles proposaient était bien trop complexe pour les écrivains et compositeurs qui suivirent.

Car ce qui se montre là est impressionnant. Une discussion sur un fer à repasser prend une dimension théâtrale. La lecture d'un décret ou d'un jugement devient musicale. L'agonie d'un des personnages n'est ni la douce mort de Werther ni le rapide coup de couteau de Caligula. C'est une femme malade qui se débat, qui souffre, qui paniquée face à la mort essaye désespérément d'échapper à l'inéluctable. La langue française, si difficile à manier, s'y exprime avec une puissance et une diversité de rythme inimitable.

Il est vrai que l'histoire semblait choisie pour faire fuir d'éventuels élèves. Peu avant la Révolution une jeune aristocrate, Blanche de la Force, entre au Carmel. Outre son naturel très religieux, elle espère y trouver un refuge à son tempérament craintif et son agoraphobie. Expulsées par un décret révolutionnaire, les religieuses doivent retourner à la vie civile. Mais la Terreur fait rage, et la moindre dénonciation ou le plus petit soupçon mènent à la guillotine…

Il y a là de quoi refroidir tout le monde. Les républiques françaises n'ont jamais aimé qu'on s'appesantisse trop sur les envois intensifs à l'abbaye de Monte-à-Regret de la première du nom. Les thèmes abordés – la foi et la vie religieuse, la mort et la peur, le sacrifice et l'orgueil, le courage et la lâcheté – rebuteront les non-croyants ; et ils sont explorés si durement et avec une telle profondeur qu'il y a de quoi perdre la plupart des croyants.

Une tendance à braquer tout le monde typiquement bernanosienne. Quant à Poulenc, son homosexualité combinée à un catholicisme flamboyant en font une provocation vivante pour les cléricaux comme pour les anticléricaux, ou un test pour reconnaître les gens réellement ouverts d'esprit d'un côté et de l'autre.

Aussi pièce et opéra restèrent-ils confinés aux connaisseurs et n'eurent pas le rôle que, je pense, ils auraient du avoir dans le renouvellement de la culture française. le théâtre alla lorgner du côté du Boulevard ou de l'abstrait ; et je n'ai jamais retrouvé une telle puissance et une telle force même dans le metal le plus extrême.

Le ‘Dialogue des Carmélites' résume pour moi tout un avortement de la culture française dans l'après-guerre, dont le principal symptôme fut un maniement de plus en plus laborieux de notre langue, de ses tournures tordues et de sa rythmique complexe. Voila en tout cas ce que je ressens à chaque fois que je l'écoute…
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