La première lecture de cette bande dessinée m'a laissée perplexe. Vu le quatrième de couverture, je m'attendais à une lecture humoristique, légère, dans la lignée de « Joséphine ».
La deuxième lecture m'a permis de rentrer complètement dans l'univers de
Fred Bernard, un univers très poétique.
Cléo est une jeune femme de trente ans qui se pose énormément de questions, sur sa vie, sur sa relation avec les autres et surtout avec les hommes. Malgré une vie bien remplie, avec son travail, les sorties entre amies, Cléo se sent souvent en décalage avec le reste du monde.
Le style de l'auteur est très particulier avec des dessins parfois un peu déroutants. Chaque image est très dense et remplie de symboles. Pour exemple, le monde du travail est représenté par un dialogue entre abeilles, au sein d'une ruche. Les animaux sont souvent utilisés pour décrire certains moments de la vie de Cléo.
Au fil des pages, Cléo nous parle de ses blessures, de ses désillusions, avec les hommes mais aussi avec sa famille, de sa relation conflictuelle avec sa mère, de l'importance dans sa vie quotidienne de l'héritage culturel transmis par ses parents, de sa difficulté à trouver sa place au sein d'une grande ville.
En personnifiant le surnom que son père lui donnait quand elle était enfant, l'auteur exprime aussi la difficulté qu'éprouve Cléo à trouver sa place dans sa vie d'adulte.
Cette lecture a été pour moi une bonne découverte. Au-delà du fait que j'aime beaucoup les bandes dessinées en noir et blanc, j'ai apprécié le style de l'auteur et je compte bien lire les autres oeuvres de
Fred Bernard, et notamment « La tendresse des crocodiles », qui a d'excellentes critiques.