"Qui triomphe de son ennemi est fort. Mais qui triomphe de lui-même possède la force."
La mer, un tronc, des branches,
des branches, un tronc, la mer.
Il ne s'agissait pas d'une hallucination collective. En vérité, je vous le dis, même si mes hommes et moi étions épuisés, même si l'air était empli d'eau, d'électricité et de furie, nous ne rêvions pas.
Et si je vous parle aujourd'hui de cet arbre, dit O'Murphy en tapotant sa casquette de la main, c'est que les mauvaises graines s'attaquent aux matelots. Pas aux capitaines."
L'homme est un bonsaï qui se prend pour un arbre.
- Pensez à vos enfants quand vous leur conterez cette histoire, bon Dieu !
- Ils ne me croiront jamais, dit l'un.
- Je n'ai pas d'enfant, dit l'autre.
Planté dans la coque d'un vieux vaisseau, enchâssé entre les mâts brisés et les cordages, se dressait un arbre superbe et fier. [...] Les racines de l'arbre plongeaient dans les entrailles du bateau et avaient depuis longtemps soulevé et vrillé planches et madriers. Les branches avaient arrachés les vergues, tranchés les haubans et s'élançaient vers le ciel, immenses.
Le petit arbre prenait rapidement possession de mon crâne et faisait courir ses racines sous ma peau. Un à un tombèrent mes poils, mes cils, mes sourcils et mes cheveux. Et seul se dressait sur ma tête nue cet arbrisseau qui me faisait de l’ombre et des désagréments.
Qui triomphe de son ennemi est fort. Mais qui triomphe de lui-même possède la force.
- C'est la première fois qu'un arbre m'adresse la parole. Je ne voudrais pas être pris pour un fou.
Un jour que je passais sous l’arbre géant de mon île, quelque chose tomba dans mes cheveux collés par le soleil et le sel. Je glissai mes doigts dans ma tignasse et continuai mon chemin. Je cherchais du bois mort pour le feu que j’allumais chaque soir. A la nuit tombée, ce quelque chose s’était incrusté dans ma tête.
[…]
Le lendemain, une graine avait germé et une plante minuscule déployait deux feuilles. J’essayai de l’arracher avec la lame de mon couteau. En vain.