Pierre Berruer fait ici le portrait d'un Gauguin peu orthodoxe, loin en tout cas de ce que nous donnent à voir d'autres biographies, disons traditionnelles, et qui me semble être plus proche de la vérité du personnage. Ici point de concessions, ses contradictions, son égoïsme, sa sensualité exacerbée, sa crédulité même... tous les traits de l'artiste ne subissent pas la gomme, mais, en même temps, sa recherche d'absolu, son talent.
Petit-fils de
Flora Tristan, dont il dira qu'elle était “une drôle de bonne femme” (mais on voit qu'il a de qui tenir) Gauguin n'a pas eu une attirance précoce pour les pinceaux, mais quels bouleversements ensuite dans la vie aisé de ce bourgeois père de famille tranquille devenu bohème ! Colleur d'affiches à Paris, chef de file à Pont-Aven, témoin de la folie de van Gogh, matelot, terrassier à Panama, journaliste pour la revue catholique de Tahiti, citoyen rebelle des Marquises soulevant les indigènes contre le pouvoir... pour mourir finalement au milieu du Pacifique !
Un roman certes, mais un roman-vérité, une aventure artistique aussi, mais une aventure humaine avant tout. Passionnant.