Aloysius Bertrand, c'est le type même du poète maudit. Mort jeune, mort pauvre, son oeuvre principale n'est publiée qu'après sa mort, oubliée puis redécouverte bien des années plus tard par
Baudelaire puis par les surréalistes. Il nous plonge dans sa vision du Moyen-Âge et crée un univers pittoresque, fantastique, gothique, noir. C'est très beau, le résultat est une suite de
poèmes en prose (les premiers ?), très influencés par la peinture (le sous-titre est Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot, mais on peut aussi penser à Brueghel ou à Bosch). On y retrouve le moyen-âge romantique de
Victor Hugo dans
Notre-Dame de Paris, mais aussi le fantastique noir de
Théophile Gautier. Il était bien de son temps pour les thématiques mais il faut croire qu'il était trop en avance pour la forme, avec cette langue ciselée, précise, virevoltante qui dessine de petits tableaux avec un sens aigu du rythme et de la musique des mots (Ravel ne s'y est pas trompé et a mis trois
poèmes en musique). Un petit bijou à déguster par petits morceaux.
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