Quelques jours à vivre

Alors il est clair qu'il ne s'agit pas d'une bande dessinée très joyeuse, mais le récit est franchement très émouvant. le dessin en noir et blanc est simple mais très réaliste. La BD en elle-même nous permet de voir les deux facettes des soins palliatifs : d'une part, le personnel aux petits soins, parfois débordé mais passionné par son travail ; d'autre part, le quotidien des malades et leur façon d'appréhender ce qui leur arrive. Un ouvrage vraiment intéressant que je vous recommande si vous souhaitez en savoir plus sur ce type d'unité.
Lien : https://commedansunlivre.fr/..

Bon, je pensais que j'allais aimer, mais ma lecture a été moins agréable qu'imaginée.

Certes, les scènes relatées sont éclairantes sur ce métier que je découvre, cette ambiance particulière, cet humanisme qui se dégage dans les derniers instants de vie, la manière de gérer un maigre espoir distribué inégalement entre les patients du service, le rapport à la mort. Tout ça était chouette.

Ce qui m'a gêné, c'est -paradoxalement- le poids de l'oeil de la médecine, avec ses atavismes, cette volonté de prolonger la vie quitte à viser l'acharnement, ce mépris (pour le coup, quand même modéré) pour la spiritualité et plus généralement ce que la science ne peut pas expliquer, l'utilisation de la chimie, la volonté de gérer des symptômes sans aborder la question de la cause profonde (mais bon je suis conscient que dans des soins palliatifs, les causes ne sont plus la principale préoccupation).

C'est aussi le lien à la psychologie et la manière d'aborder les angoisses qui pourrait être largement simplifié, humanisé. Là, c'est mon expérience qui est particulière, et je ne peux pas reprocher au livre de relater ce paradigme que je connais répandu dans la médecine, même si l'utilisation de l'hypnose représente un espoir qui finalement ne me convient qu'à moitié.

Bref, ça a été une lecture très personnelle, un peu entachée par le prisme de mes idées, mais ça ne change rien à la qualité du récit, présentant ces situations difficiles avec la bienveillance qu'on recherche dans ces moments là.

Un roman graphique ... pas vraiment une BD, pas vraiment un roman, mais un témoignage bouleversant et très intéressant sur un sujet très difficile : la fin de vie et les services de soins palliatifs enfin surtout l'un d'entre eux, celui de l'hôpital Victor-Provo à Roubaix, grande ville de la région Nord, où le chômage, la misère sociale, l'accès aux soins et aux droits constituent un tonneau des danaïdes. Je ne me permettrais pas de critiquer cette ville et cette région pour lesquelles j'ai un grand attachement et une réelle tendresse, mais le constat est rude : les personnes malades ne se soignent pas et quand elles ne peuvent plus faire autrement, c'est trop tard d'où une unité de soins palliatifs malheureusement très/trop sollicitée. La prévention des populations éviteraient de telles situations dramatiques pour les personnes et la détresse des soignants qui savent pertinemment qu'une prise en charge précoce permet d'apporter d'autres solutions que celles des soins palliatifs.
Entre l'administration qui juge ses structures trop coûteuses (elles n'existent en France que depuis 1980 alors que leur création remontent aux années 50 au Royaume Uni) et certains médecins qui pensent qu'un bon malade est celui qui ne meurt pas (mais à quel prix ...), les soignants des soins palliatifs sont présents pour accompagner les malades jusqu'à la fin, à ne pas souffrir, les soigner mais ne pas les guérir.
Nous suivons une jeune infirmière Juliette qui fait ses premiers pas dans l'unité et découvre l'équipe lors de la réunion des transmissions. Comme elle, nous faisons nos premiers pas dans ce service hors du monde et du temps.
Composé de séquences avec les soignants et les malades (et de belles histoires bouleversantes) et celles qui content :
- l'histoire de la médecine,
- le rapport avec les morts dans le monde,
- la gestion de la douleur (il y a peu de temps qu'on estime parfaitement naturel de poser un patch anti-douleur pour les prises de sang des enfants et c'est abyssal de bêtise de relire les points de vue d'hommes de science dont le serment d'hippocrate dit "ne pas nuire", affirmer qu'un enfant ne souffre pas surtout les plus petits ...,
- l'euthanasie (qui existe en Belgique, Luxembourg ..., mais pas en France toujours cette frilosité ...).
Un texte qui m'a bouleversé, fait pleurer, rire, touchée. Superbe et terrible ...

Une immersion dans un service de soins palliatifs. de nombreux et sincères témoignages de soignants sont présentés et l'on découvre de l'intérieur la vie du service, les patients, les accompagnants. C'est à la fois une histoire très touchante, qui peut renvoyer à des questions ou blessures intimes, mais aussi une mise en perspective historique et culturelle de cette période de toute fin de vie. On y apprend, entre autres, comment ces lieux ont vu le jour. Lecture importante, pour ne pas dire indispensable.

Les dessins sobres accompagnent parfaitement ces quelques jours que l'on passe à découvrir avec Juliette ce service hospitalier si particulier puisque qu'il accompagne la fin de vie au lieu de chercher à guérir.

Contrairement à ce qu'on pourra s'attendre, cet album est plein de vie, d'anecdote, de témoignage de soignants et de moments humains et forts avec les patients ou les familles.

Tout en pudeur, douceur, il y a quelques passages émouvants mais vite balayé par les dernières urgences de vivre, rire, profiter soulager.

Un très bel album.
Lien : http://keskonfe.eklablog.com..