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EAN : 9782864321712
123 pages
Verdier (01/05/1993)
4/5   2 notes
Résumé :
Dans l’arrière-pays de Vintimille, l’entroterra ligure qu’aimait Italo Calvino, Varì est devenu passeur d’hommes : à quelques kilomètres d’une riviera défigurée par l’industrie du tourisme, il conduit de part et d’autre de la frontière des êtres en perdition, des fugitifs. Parce qu’une femme, Sabèl, a disparu peu après la mort d’un autre passeur qui lui servait de père, Varì parcourt une fois de plus ces sentiers, ces cols, à sa recherche. Il traverse des hameaux à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Francesco Biamonti était l’un des grands écrivains italiens contemporains. Mais on ne le sait pas assez. L’auteur, né en 1930 près de Vintimille, cultivait des mimosas dans les terres qui s’étendent entre l’arrière-pays de Vintimille et Nice. Ce détail n’est pas seulement « poétique ». Il évoque un travail et une attention et peut-être aussi la solitude et le silence.
Un silence qu’on retrouve dans toute l’œuvre de Francesco Biamonti. Ici, dans cette zone frontalière entre la France et l’Italie, on trouve des oliviers, des étroites terrasses en montagne, des villages perdus qui se meurent, et la Méditerranée qu’on aperçoit au loin, entre les rocs.
Vari, lui, est éleveur de mimosas dans ce paysage, comme son auteur. Il part à la recherche de Sabèl, une jeune femme qui a disparu après la mort d’un passeur dont le décès « ouvre » le roman : « Dans la lumière étale entre oliviers et solitudes rocheuses parvint le son de la cloche du milieu. Vari compta ses voyages : trois, c’était pour un homme. Il ne parvenait pas à s’imaginer : il n’avait pas entendu dire qu’à Luvaira quelqu’un fût sur le point... Et là autour, dans les olivaies, il n’y avait personne à qui demander. Mais le soir, descendu à Luvaira, il apprit que c’était le passeur qui s’en était allé, et se rendit à sa bicoque. »
A partir de là Vari va prendre la place du passeur et, à travers cette « fonction » si hautement symbolique, va nous entraîner dans une quête incertaine, ballotté au gré du vent: « Quand la brise marquait une pause, du silence recouvrait le silence. » dit le personnage principal. Et c’est dans ce silence que se résoudra peut-être la recherche de Sabèl : « Elle a toujours aimé ceux qui vivent et meurent cachés, pensait-il ; je ne dois plus enquêter sur elle. Il y a une grandeur dans son silence. »
Désormais, Varì ne vivra que d’éphémère : une femme travaillant pour les douanes, un professeur hollandais réfugié sur ces « terres verticales » en compagnie de sa fille, des marins qui espèrent embarquer... Mais une frontière n’est pas un pays. On ne l’habite pas : on y passe.
Le vent aussi est un personnage central dans cette histoire. Le vent-larg en provençal, littéralement vent largue, qui donne son titre au roman, est un vent marin qui change souvent de direction et inquiète le navigateur.
Vari, pourtant, comme son auteur, ne varie pas dans son projet : il s’intéresse aux petits, aux sans-noms, à ceux qui ne font jamais l’actualité, ou alors par défaut, aux laissés-pour-compte qu’il conduit à travers la montagne et qui vont chercher en France une vie meilleure, ou simplement possible.
Désormais, ce sont la drogue et les armes que l’on demande à Vari de faire passer ; les fugitifs, les égarés, tous ces « gens bizarres portant au cœur trop de nœuds et de rage », sont devenus de la main-d’œuvre dont d’autres tirent un profit cynique. La violence et la mort prennent la place de cette morale implicite qui donnait à la vie du passeur son sens.
Ce sens, cette femme, Sabèl, l’incarnait, ou plutôt lui conférait son poids nécessaire par sa part de rêve. Elle aussi, tentant de fuir la ruine, a disparu. « Il errait en esprit dans sa désolation d’ex-paysan et de passeur sans travail. Était-il temps de partir ? La décadence de la campagne, la disparition de Sabèl, le gel et les périls qui flottaient autour de lui étaient-ils autant d’invitations à quitter ces quatre terrasses, à les abandonner à leur sort ? »

Signalons l’excellent travail du traducteur Bernard Simeone qui a su retranscrire la beauté du style qui isole des détails révélateurs, fait miroiter des jeux de soleil et de pluie sur la Méditerranée, sans oublier le béton lépreux d’un littoral saccagé par des promoteurs immobiliers, le tout disposé ça et là dans le récit comme des à-plats de couleur.
Avec une pudeur très grande, une mélancolie constamment retenue, sans psychologie ni moralisme, Francesco Biamonti montre le lien, ou le passage, entre la figure de l’homme, son destin, et le lieu, l’espace vivant, qui les attache. Il dit ici l’éblouissement de paysages menacés et, malgré la ruine d’un monde, une promesse de douceur sur les pas d’une femme.

Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il montait de nouveau à Aùrno. La raison pour laquelle il était descendu (voir Virgin pour convenir d’autres passages), il l’avait comme oubliée. Pour ça, il avait le temps. Il regardait les sentiers lointains qui l’avaient fait trembler. Les rochers pâlissaient encore sous l’air marin. Les montagnes semblaient rongées, entamées par des éclairs. Comme quand il rentrait à l’aube et que lui venaient à l’esprit les chansons qu’elle chantait :
Où sont tous mes amants
tous ceux qui m’aiment tant ?
Ils sont à d’autres rendez-vous.
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En passant les frontières,
Seuls les fugitifs peuvent sentir sur leur peau
La douceur des oliviers et des mimosas qui se balancent dans le vent
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La chercher ainsi, dans le vague, était une folie ; mais il aurait eu des remords s’il ne l’avait fait : trop grande était sa dette à son égard. Maintenant le ciel bleu ne dépassait pas le clocher. Une étoile était apparue dans les ouvertures, l’étoile immobile du berger, avec une autre, presque invisible, qui palpitait à ses côtés. (…)
Il marchait courbé dans le bruissement de l’air, dans un chœur de grillons sans écho. « Que lui dirais-je si je la trouvais : qu’elle me fait tant de peine ? »

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L’obscurité montait ; déjà, des décharges, revenaient les mouettes, qui survolaient des rochers. Enduites d’air, elles allaient à la mer encore marmoréenne comme à un lit de paix.
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