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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Marc Biancarelli a écrit ce livre en langue corse(traduction assurée en partie par Jérôme Ferrari) et il n'est tendre avec personne, ni avec les Corses, ni avec les Touristes, ni avec lui -même, ni, en vérité, avec l'humanité toute entière...C'est un livre très dur voire même parfois très cru et il est difficile de supporter et d'expliquer tant de haine.Le personnage principal Marc-Antoine Cianfarini est un libraire amoureux de certains livres et de poésie mais il déteste la société de consommation et en particulier les touristes au point de fermer sa librairie l'été et de se réfugier dans un hameau où il habite la maison familiale héritée de ses aieux. Ses amis passent avant tout et il partage avec eux les bonnes bouffes bien arrosées et une passion pour le sexe. La violence de ses propos et des comportements des uns et des autres sont lamentables en particulier dans leurs rapports avec les femmes.Je recommande toutefois la lecture de ce livre, édifiant sur certaines dérives de la Corse, mais aussi pour des pages très bien écrites et très belles sur la montagne corse, sur l'amitié virile ainsi que les passages qui évoquent la terreur de la guerre de 1914...Le parti pris de l'auteur est un jugement sévère, parfois injuste, mais sans concessions sur les méfaits de la société de consommation au travers duquel perçent évidemment des blessures et fêlures très personnelles.
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J'essaie, tant que faire se peut, d'allier mes voyages avec la découverte de la littérature locale. C'est donc en Corse, où je mettais les pieds pour la première fois que j'ai découvert le Murtoriu de Marc Biancarelli.
Son style et son récit, pleins de violence, de haine, de crudités, m'ont terrassée, tant ils étaient en décalage avec les magnifiques paysages que j'avais sous les yeux. Cependant, en y regardant de plus près, force m'a été de constater la profonde vérité qui se dégageait de ma lecture : la haine des étrangers (le summum étant le continental parisien), l'opposition quasi continuelle à toutes formes de règles, la désertification des villages de montagnes, les regrets d'une autre vie.
Qu'est-ce que la Corse ? Que veut dire être Corse ? À ces questions, peut-être y a-t-il autant de réponses que de Corses…
Récit sur l'oppression, réelle ou imaginée, sur l'injustice - là aussi réelle ou imaginée -, Murtoriu est un roman profondément dépaysant et violent, duquel se dégage l'image d'une Corse mythique, le souvenir d'un lieu peut-être légendaire, qui en tout cas n'existe pas (plus). Comme la recherche d'un paradis perdu.
Et ce constat, poignant, que pour aimer la Corse, il faut la quitter ?
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Marc-Antoine Cianfarani est libraire, et poète raté, comme il se définit lui-même. Il est aussi un peu ermite, notamment pendant ces mois d'été où, à l'inverse de la plupart de ses concitoyens, il ferme boutique pour fuir les hordes de touristes qui dénaturent la Corse et se retire aux Sarconi, son hameau natal, perché à mille mètres d'altitude, blotti entre pins et châtaigniers, où il côtoie à l'occasion quelque fantôme, notamment celui de son père, "le Vieux".

C'est en partie sa voix qui nous accompagne dans "Murtoriu", et qui surtout donne au roman de Marc Biancarelli sa tonalité amère et acrimonieuse, en exprimant au fil de jugements mordants et péremptoires, sa vision du monde et de ses contemporains, sous lesquels se devine la douloureuse conscience de la vacuité de son existence.

Haineux vis-à-vis du consumérisme comme du nationalisme, de la corruption comme de l'autorité, il méprise tout autant les dominants que les soumis, le consensus -culturel ou politique- que les idéologies... Rien ne semble trouver grâce à ses yeux, ni les institutions ni les individus.
Il n'est pas vraiment plus complaisant envers lui-même, admettant sa passivité, son absence de révolte face à l'absurdité plombante de ce monde au sein duquel, en être inadapté, il ne trouve pas sa place, nostalgique d'un passé qu'il n'a pas connu, où les hommes, encore insoumis aux diktats de la consommation, de l'argent et de la contestation, vivaient dans une forme de simplicité primaire, et dont Mansuetu, l'ami berger de Marc-Antoine, serait l'un des derniers représentants. En sa compagnie, et celle de Trajan, frère de l'éleveur de chèvres, le narrateur jouit, à l'occasion d'une pêche à la truite dans quelque inaccessible recoin de la montagne corse, de quelques moments hors du temps, à retrouver cette harmonie avec l'environnement que l'inconsistance et la vénalité du monde moderne ont anéanti.

Aux passages dévidés par Marc-Antoine avec un emportement à la fois âpre, gouailleur et caustique, alternent ceux qui mettent en scène Don Pierre, sorte de brute incontrôlable, qui écume la région de sa violence en traînant avec lui un jeune idiot à sa botte, et des incursions dans le passé, qui nous amènent, aux côtés d'un autre Marc-Antoine Cianfarani -aïeul du premier-, sur le front de l'Est en 14-18. Bien qu'ayant apprécié ces dernières, je ne suis pas sûre d'avoir compris le but de ce choix narratif (la grande guerre, avec son industrialisation de la violence et sa portée mondiale, est-elle considérée ici comme le début de la rupture avec un certain mode de vie ancestral, une façon de se situer dans le monde ?), incompréhension confortée par la manière un peu expéditive avec laquelle l'auteur traite ces parties, qui m'ont du coup un peu laissé sur ma faim. Quant aux épisodes évoquant Don Pierre et son pitoyable acolyte, bien qu'ils rejoignent finalement le fil principal de l'intrigue, on peut aussi s'interroger sur leur signification. Symbolisent-ils la preuve qu'une sociabilisation croissante, et un éloignement de plus en plus marqué d'avec son environnement naturel ne prémunissent pas l'homme de la violence (au contraire) ?

Un roman dont la construction narrative m'a laissé un vague goût d'inachèvement, et que j'ai refermé sans trop savoir si je l'avais aimé. Ceci dit, je réalise avec le recul et malgré mes bémols l'avoir apprécié, notamment pour le ton qu'y distille l'auteur, entre amère détresse et férocité...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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