Les premières pages sont déconcertantes.
Ce n'est pas l'histoire qui est en cause, comme toujours, il faut un certain temps pour s'en imprégner ... normal ... mais le style qui est loin d'être académique !
Du genre comme on parle mais pas dans un salon en buvant sa tasse de thé, le petit doigt en l'air, plutôt comme on cause dans la rue avec des mots raccourcis, des expressions que certains diraient graveleuses ou vulgaires, il faut s'y faire, prendre le temps, ramer un peu pour passer outre, le choc du départ.
À la moitié du bouquin, je me rends compte que je suis passée au delà de mes premières impressions pour trouver de l'humanité là où j'avais du mal à la discerner.
On parle de gens qui vivent à la limite du supportable, enchaînant les galères les unes après les autres, à qui le malheur, la déprime, le pas de chance ont donné rendez vous à toutes les heures de chaque jour de leur vie ... alors on fait comme on peut, on saisit les mains qui se tendent, des fois c'est des sympas qui veulent vous sortir la tête de l'eau, d'autres fois des pourris qui ne souhaitent que vous entraîner dans le caniveau ... alors le style ... la belle écriture ... au milieu de tout ça ... on s'en fout !
Une lecture qui remue les tripes.
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Le gamin marchait le long du trottoir sans nous regarder.Ses lacets traînaient dans la neige et sa démarche laissait supposer des séquelles de poliomyėlite, ou la superposition de quatre ou cinq pantalons.Le perfecto qu'il avait volé à quelqu'un de moins fort mais surtout de beaucoup plus petit que lui sciait ses aisselles et laissait voir deux tronçons de poignets blanchâtres. Mais ce qui tirait l'œil par-dessus tout,c'était sa crête blanche et bleue de stalagmites au cirage.Avec un gyrophare sur la tête ,il n'aurait pas davantage attiré l'attention.
Nous étions à la fin de juillet.Sur la terrasse du petit bistrot valentinois,à l'ombre,il faisait trente-six degrés. Je bus une gorgėe de bière glacée. L'histoire était finie, et bien finie.Nous avions fêtė les dix -sept ans de Jim quelques jours plus tôt. J'étais toujours seule et contente de mon sort.Les enfants grandissaient et la crise profitait à l'Hippo. Je ne me rappelais plus très bien le visage de Sandro.Tout ça me semblait faire partie d'un mauvais rêve où se mélangeaient la violence de Michaël, les emmerdes de fric ,la fatigue due aux galères accumulées, des chiottes qui fuient aux pneus qu'on ne peut pas changer,des fringues usées jusqu'à la trame aux ardoises impossibles à payer.Michaël était à l'ombre pour cinq ans encore.D'ici là les trois mecs seraient de taille à nous défendre,Cindy et moi.J'envisageais l'avenir avec sérénité.
Il me regarda ,hésitant. Il ne savait pas trop ce qu'il pouvait me dire. Somme toute je n'étais pas flic.Je faisais partie des témoins, peut-être même des suspects.En me détaillant, il ramena à la surface quelques pensées personnelles me concernant,et sa belle assurance l'abandonna.
--Je ....
--Vous me plaisez bien ,dis-je d'une voix étranglée.
--Moi aussi,repliqua-t-il du tac au tac.Mais je suis marié et très heureux avec ma femme.
Un silence épineux stagna entre nous.
--Vous avez de la chance.
--Oui ,repondit-il consterné Ce sont des choses qui arrivent...enfin ça ne m'était jamais arrivé jusqu'ici.
--Ça passera ,dis-je avec un sourire forcé de bonne perdante.
J'étais bien vivante toute neuve,pas si abîmée que çà par ma vie de con.Nos esprits sont comme des larves d'insectes ils contiennent des paquets de cellules dormantes ,inutiles ,inertes.Et puis un interrupteur invisible est actionné, et le programme se met en marche:nous avons la faculté de digérer la plus grande partie de nous-mêmes pour produire une forme inédite,différente, à partir du même matériau. Avec des organes devenus inutiles ,nous pouvons fabriquer des ailes,des antennes....
Avec la participation des autrices Laurence Biberfeld, Rachel Corenblit, Catherine Dabadie et de l'autrice-illustratrice Cécile Dupuis.
Et la classe de 3èmeB du collège Gustave Courbet, Romainville (93).
Un grand merci à la professeure Émilie Restoueix.
Avec la participation de Cécile Ribault Caillol pour Kibookin.fr
Avec la séquence La Tête dans les images
Henning Wagenbreth, L'Univers à l'envers, trad. de l'allemand Clément Bénech, Les Grandes Personnes
Avec le soutien du Goethe-Institut Paris.