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Critique de JimmyTornado


On n'a pas assez parlé de ce beau roman sorti en mars dernier, alors je prends la plume.
Esther est nommée institutrice dans un (tout) petit village de Lozère, là-haut, sur la Margeride. Elle arrive de Paris et on ne sait pas ce qui l'a poussée à accepter ce poste. Pas de famille, à part sa fille Juliette, 3 ans. Elle vont passer deux années dans cette communauté d'hommes et de (quelques) femmes, sur cette terre éloignée de tout, aux hivers durs et aux caractères trempés.
Trente ans après, Esther s'ouvre aux fantômes du passé, se souvient de ces deux années en Lozère. Au milieu de rêves oniriques, provoqués sans doute par sa maladie, un cancer qu'elle sait incurable et qui affaiblit son corps, elle lui redonne pouvoir en retrouvant sa mémoire perdue.
Elle n'était pas seule dans ce village, elle avait sa fille d'abord, elle avait aussi les voisins, sur lesquels elle pouvait compter, Lucien et Lionnel, le vieil agriculteur qui vit en face de l'école et son acolyte, patron du bar-restaurant-épicerie, deux-cent mètres plus loin. le centre-bourg s'arrête là. Les autres habitants vivent dans des hameaux clairsemés entre des prés, des bois et des tourbières et personne n'aurait envie de s'y aventurer. Personne ne vient par la route, ou très rarement, surtout l'hiver, ce terrible hiver 1985. Une ancienne copine d'Esther, Vanessa, droguée jusqu'à l'os, arrivée de Paris, attire à elle des types patibulaires.
Dans ce huis-clos pourtant ouvert sur les grands espaces, entre l'école, la ferme de Lucien et le restaurant, se joue un drame auquel le lecteur n'a pas de prise. Une chronique d'une communauté villageoise un hiver rude de montagne fait un drame en quelque sorte, dont personne ne peut s'échapper. Quand là-dessus sont saupoudrés des éléments perturbateurs -une nouvelle institutrice, une junkie, des voyous et des trafiquants de drogue - cette communauté peut perdre le fragile équilibre qui la faisait vivre-ensemble. Quand ceux qu'on prenait pour les derniers des arriérés (en fait, il y a plus arriéré qu'eux) se révèlent plus malins que les autres, le lecteur est pris dans un récit d'action, un tourbillon de violence dont même les enfants et les animaux n'ont pu être exemptés. Alors quel est le prix de la liberté pour Esther, pour Alice, la fille de Lionnel ?
Une écriture légère et lyrique pour dessiner l'âpreté des vies, qu'elles soient en ville ou à la campagne, dire la beauté des paysages et des gens malgré leurs travers : la folie consanguine, la sauvagerie, l'alcoolisme, le machisme, les rêves...
Je ne peux que saluer le travail de l'excellente collection Territori, entre les mains de Cyril Herry et des éditions La Manufacture de livre, qui après les éditions Écorce, et nous avoir fait découvrir Séverine Chevalier ("Recluses", "Clouer l'Ouest", bientôt "Les mauvaises"), Franck Bouysse ("Grossir le ciel", "Plateau"), Patrick K. Dewdney ("Crocs", "Ecume") (et tous les autres), poursuit son fantastique travail en nous livrant Laurence Biberfeld et “Sous la neige nos pas”.
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