Que me dit de cela Le Voleur de bicyclette, si je voulais nommer cinéaste Vittorio De Sica ? Que la perception de la réalité italienne vient ici d’une sensibilité de l’époque et non d’un homme seul – est homme seul Rossellini qui va fouiller les ruines encore fumantes de l’Allemagne que personne ne veut voir dans un film -, et que la conviction (ce paramètre commode) avec laquelle De Sica raconte cette histoire particulière est en harmonie avec une sentimentalité double – et qui ne veut pas qu’on la disjoigne – qui est à la fois celle de la culture de la petite bourgeoisie italienne (à laquelle nous nous sommes à un moment ou à un autre identifiés), en tant quelle vit de ses références mais ne les analyse pas, et aussi celle, à l’intérieur de cette culture, du système confus de sa représentation par le cinéma (art encore populaire), qui ne peut fonctionner – c’est-à-dire convaincre ou frapper – qu’à condition de considérer la rhétorique à l’œuvre dans les films comme une donnée naturelle, universelle, interdite d’analyse. De même qu’il y a dans tel ou tel pays une double sentimentalité, vive et toute prête, et puis le cinéma, comme instance générale supérieure, pour la colporter dans le monde, d’autant plus qu’elle ne manque pas de talentueux manipulateurs (encore aujourd’hui où la télévision a soulagé le cinéma d’une partie de ses fonctions), de même y-a-t’il une autre sentimentalité, complexe et rusée, qui agit dans le temps : celle qui, par suite de transformations sociales et politiques dont nous saisissons la portée toujours trop tard, fait revenir – aujourd’hui ou demain – des éléments rhétoriques d’autrefois, tant sur le plan des affects sociaux que sur celui de leurs répondants expressifs dont le caractère commun est de ne toujours pas vouloir qu’on les disjoigne, mais plutôt qu’on les considère, comme si rien n’avait jamais changé, en êtres éminemment naturels alors qu’ils n’ont pour fonction que de rendre chatoyante une sombre économie de consommation qui carbure à la reconnaissance.
Dans "Petite Solange", Axelle Ropert présente un drame familial à travers le regard d'une adolescente. Elle nous livre ce que vit profondément Solange, et par là les grands tiraillements du passage à l'âge adulte.
Cette réalisatrice et scénariste est connue pour son cinéma original et hors des modes, ce qui ne l'empêche pas de trouver l'inspiration dans plusieurs traditions cinématographiques, de la Nouvelle Vague au cinéma classique américain (Ernst Lubitsch, Leo McCarey, Fritz Lang) et aux cinéastes des productions Diagonales (Paul Vecchiali, Jean-Claude Biette).
Elle revient avec "Petite Solange", un film à hauteur d'enfant, qui montre comment Solange, jouée par Jade Springer, une adolescente qui vit le divorce de ses parents, joués par Léa Drucker et Philippe Katherine.
Ne montrant pas les disputes de manière frontale et ne donnant jamais à entendre les cris, le film souligne la dureté du passage à l'âge adulte et la profondeur des drames quotidiens. Il s'est vu décerner le prix Jean Vigo.
Olivia Gesbert invite à sa table Axelle Ropert pour nous présenter son dernier film, "Petite Solange" en salle dès le 2 février.
#cinéma #PetiteSolange
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