Ceux qui sont morts sont morts, et il leur est bien égal qu'on leur rende hommage. Mais c'est pour nous, les vivants que cela signifie quelque chose. La mémoire n'est d'aucune utilité à ceux qu'elle honore, mais elle sert celui qui s'en sert. Avec elle, je me construis, et avec elle je me console.
Je pense à Oscar Wilde, comme d'habitude, c'est toujours la même histoire : " Toute la matinée, j'ai corrigé un texte, pour finalement ne supprimer qu'une virgule. L' après-midi, je l'ai rétablie."
C'est amusant de constater comment, lorsqu'on s'intéresse de près à un sujet, tout semble nous y ramener.
... Prague ... est une ville de conte de fées. Ce n’est pas par hasard que Walt Disney s’est inspiré de la cathédrale de Tyn pour dessiner le château de la reine de La belle au bois dormant.
La mémoire n’est d’aucune utilité à ceux qu’elle honore, mais elle sert celui qui s’en sert.
Je ressens une très grande répulsion et un profond mépris pour quelqu'un comme Bousquet , mais quand je pense à la bétise de son assassin , à l'immensité de la perte que son geste représente pour les historiens , aux révélations qui n'auraient pas manqué lors du procès et dont il nous a irrémédiablement privés , je me sens submergé de haine . Il n'a pas tué d'innocents , c'est vrai , mais c'est un fossoyeur de la vérité .
(...) dans un souci d'efficacité très allemand , les SS , avant de les abattre , faisaient d'abord descendre leurs victimes au fond de la fosse , où les attendait un " entasseur " . Le travail de l'entasseur ressemblait presque en tout point à celui des hotesses qui vous placent au théatre . Il menait chaque Juif sur un tas de corps et , lorsqu'il lui avait trouvé une place , le faisait étendre sur le ventre , vivant nu allongé sur des cadavres nus . Puis un tireur , marchant sur les morts , abattait les vivants d'une balle dans la nuque . Remarquable taylorisation de la mort de masse . Le 2 Octobre 1941 , l'Einsatzgruppe en charge de Babi Yar pouvait consigner dans son rapport : " Le Sonderkommando 4a , avec la collaboration de l'état-major du groupe et de deux commandos du régiment Sud de police , a exécuté 33771 Juifs à Kiev , les 29 et 30 septembre 1941 . "
Ceux qui sont morts sont morts, et il leur est bien égal qu'on leur rende hommage. Mais c'est pour nous, les vivants, que cela signifie quelque chose.
Depuis des années que je porte ce livre en moi, je n'ai jamais pensé à l'intituler autrement que "Opération Anthropoïde" (et si jamais ce n'est pas le titre que vous pourrez lire sur la couverture, vous aurez que j'ai cédé à l'éditeur qui ne l'aimait pas trop : trop SF, trop Robert Ludmum paraît-il....). Or Heidrich est la cible et non l'acteur de l'opération. Tout ce que je raconte sur lui revient à poser le décor, en quelque sorte. Mais il fait bien reconnaître que d'un point de vue littéraire, Heidrich est un beau personnage. C'est comme si un docteur Frankenstein romancier avait accouché d'une créature terrifiante à partir des plus grands monstres de la littérature. Sauf que Heidrich n'est pas un monstre de papier. (P. 138)
Chaque membre de chacune de ces familles mériterait son propre livre, le récit de son engagement dans la Résistance jusqu'à Mauthausen et son tragique dénouement. Combien de héros oubliés dorment dans le grand cimetière de l'Histoire... Des milliers, des millions (...)
Ceux qui sont morts sont morts, et il leur est bien égal qu'on leur rende hommage. Mais c'est pour nous, les vivants, que cela signifie quelque chose. La mémoire n'est d'aucune utilité à ceux qu'elle honore, mais elle sert celui qui s'en sert. Avec elle je me construis, et avec elle je me console.