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3,77

sur 789 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Laurent Binet embarque son lectorat dans une intrigue policière où un geste artistique a autant d'importance qu'une décision politique. Les lettres se suivent, se répondent sans intervalle particulier et les interlocuteurs se mêlent. On lit la correspondance des religieuses, la fille du Duc de Florence, des assistants du peintre assassiné mais aussi de figures marquantes de l'Histoire : Catherine de Médicis ou encore Michel-Ange. Par ces deux noms, l'auteur apporte une certaine dimension à son histoire, tant ces deux êtres ont engendré de nombreux fantasmes. C'est aussi un moyen de donner vie à son décor sans se lancer des descriptions de la Renaissance trop envahissantes.

S'appuyant sur une centaine de lettres, Laurent Binet relie les personnages par la mort violente et inexplicable du peintre Pontormo. Cela devient le support d'un basculement politique possible – Florence étant un joyau convoité par de nombreuses personnes – et d'une interrogation artistique. Cela explique que Vasari, célèbre critique de la Renaissance, prenne le rôle d'enquêteur. L'art et la politique se mêlent, comme les courriers se croisent. La politique semble limitée, tant les manipulateurs ont la vue courte. La figure de Catherine de Médicis ne brille pas autant qu'on aurait pu l'imaginer. Elle est, avant tout, avide de pouvoir et de vengeance, ce qui semble être un point commun avec tous les autres puissants du roman. le politique qu'elle vienne des rois, reines ou du pape, n'est qu'étroitesse d'esprit.

Heureusement, il y a les artistes dont la complexité est le champ d'exploration de l'auteur. Il traite de cet univers (critique, génie auréolé, artiste reconnu, assistants …). Assez rapidement, le vernis craque et les êtres, leurs caractères, leurs tempéraments autoritaires, leur violence intime ressortent. Laurent Binet se concentre sur les mots qui, dans le cadre d'une correspondance, ont un réel poids. Derrière une formule, se cachent un mensonge, une tactique, une manipulation. C'est là-dessus que repose l'enquête, dans la manière dont la correspondance entre les artistes, confirmés ou aspirants, glisse vers la vérité. Ce fil est intéressant parce que les indices se trouvent dans la peinture de Pontormo. Cela donne alors lieu à des réflexions sur l'art, sur le geste, sur sa portée, sur cette manière d'atteindre un absolu. Malheureusement, ce fil manque de tension pour inonder l'ensemble de l'intrigue d'un réel suspens. Et le fil de la correspondance se perd parfois.
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Roman historique épistolaire qu'on pourrait aussi qualifier de polar historique épistolaire (mais c'est un livre de rentrée littéraire alors je ne le classe pas en policier, mais il pourrait), Perspective(s) nous est présenté comme un recueil de lettres débusquées lors d'un voyage en Italie, traduites et remises en ordre (quasi) chronologique, au sujet de la mort du peintre Jacopo da Pontormo. Il s'agit d'un meurtre, et la personne chargée d'enquêter, Giorgio Vasari, écrit à Michel Ange, maître du Pontormo, pour avoir son avis. Nous trouvons bien d'autres correspondances entre les différents protagonistes (qui sont, heureusement, en début d'ouvrage (je vous le rappelle, je suis nulle en Histoire (car il s'agit bel et bien de personnes réelles, telles que, outre celles déjà citées, Catherine, Cosimo et Marie de Médicis, le pape Paul IV, Hercule d'Este, etc.)) C'est donc une partie de l'Histoire italienne (et française)--la Renaissance--qui nous est contée là, à travers l'enquête de Vasari.
J'avoue que j'ai eu un peu de mal à m'y retrouver avec tous ces noms et prénoms très semblables (mais ça on n'y peut rien, c'est L Histoire), heureusement que certain(e)s m'étaient déjà bien connus.
Quand on est, comme moi, nul en Histoire, c'est toujours intéressant de l'apprendre (ou réapprendre) à travers des romans, j'ai ainsi eu une piqûre de rappel sur les guerres de territoires et de religions de l'époque. On voit aussi comme la religion (ou les chefs religieux en place) a influencé l'art (cachez ses organes et cette nudité qu'on ne saurait voir) ; et aussi bien sûr toutes les machinations, conspirations, manipulations, intrigues et tout le machiavélisme de l'époque, donnant lieu à des trahisons, des retournements de situations et autres complots savamment élaborés.
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Un livre au style remarquable, et dont le choix d'une narration sous forme épistolaire, donne une dimension originale à l'intrigue. J'ai beaucoup aimé cette manière de découvrir l'histoire du point de vue d'une multitide de narrateurs. Une nouvelle méthode du genre policier.


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C'est la première fois que je lis Laurent Binet, et j'ai pu le faire grâce au Jury Audiolib 2024 de livres audio.

Je suis entrée dans ce roman complètement vierge de toute information, n'ayant pas particulièrement cherché, depuis la rentrée littéraire, à comprendre de quoi parlait ce livre, à la couverture pourtant expressive. Et j'ai passé un très bon moment d'écoute.

Pour rentrer tout de suite dans le vif du sujet, Perspective(s) est un roman à la fois historique, épistolaire et un polar, rien de moins !

L'auteur a imaginé une histoire se déroulant en 1557, à Florence, c'est-à-dire le centre névralgique de la Renaissance, autour de la famille des Médicis, et de la peinture.

Et qui gravitait autour des Médicis, comme autour d'un soleil, à cette époque là ? 🌞
Des familles nobles, la cour de France avec à sa tête la reine Catherine de Médicis, des peintres et pas des moindres comme Michel-Ange, même s'il s'était exilé à Rome au moment du roman, et tout ce que Florence pouvait compter d'artisans en tous genres.

C'est un roman riche sur une période faste et même bouillonnante, auquel nous convie Laurent Binet.

L'histoire :

Le célèbre peintre Jacopo de Pontormo est retrouvé mort dans la chapelle de San Lorenzo, vraisemblablement assassiné, alors qu'il terminait sa magnifique fresque sur le déluge, qu'il travaillait depuis 11 ans.

"Le choeur de San Lorenzo rivalisera avec la Sixtine."

Giorgio Vasari, peintre lui-même, architecte, et travaillant à une grande histoire de la peinture, est mandaté par son ami le duc Cosimo de Médicis, pour retrouver le criminel.

Je vais être honnête, ce n'est pas ce qui m'a passionné le plus, ni même l'histoire du tableau que je vais vous raconter.

Ce que j'ai aimé, c'est parcourir toute la société de Florence, que ce soit des petites gens, les artisans qui veulent se regrouper pour obtenir un salaire minimum, jusqu'à la famille du duc. En passant par les soeurs d'un couvent, par les peintres, par la fille du duc et son histoire d'amour, etc.

Si je puis me permettre un trait humour facile, Laurent Binet a peint une fresque magnifique lui aussi, sur cette société florentine du 16ème siècle.

Le tableau :

Cette histoire de tableau qui est reproduit plus ou moins en couverture, est finalement ce qui va, encore plus que le meurtre, agiter la bonne société florentine.
Retrouvé chez le peintre Pontormo (un grand ami de Michel-Ange), le tableau est un Cupidon et une Vénus nue, cette dernière étant "affublée" du visage de Maria de Médicis, la fille du duc de Florence, et la nièce de Catherine de Médicis.

Évidemment la première intéressée, Maria, trouve ça extrêmement affligeant, ses parents ne comprennent pas pourquoi Pontormo qui travaillait depuis si longtemps pour eux, s'est permis cette marque de mépris, Catherine de Médicis voudrait mettre la main dessus.

Intrigues, alliances, c'est LA grande histoire qui nous est déroulée. Mais de façon tout sauf assommante ! 😉
Croyez-moi je ne suis pas fan d'histoire et je ne connaissais rien à celle de l'Italie, mais j'ai aimé parcourir cette année-là avec tous ces gens.

La forme :

Comme le dit l'auteur dans son interview à la fin du livre audio, sa fausse préface emprunte beaucoup à Stendhal, lorsqu'il nous raconte de façon facétieuse avoir acheté un vieux paquet de lettres et les avoir traduites, pour nous faire part de toute cette incroyable histoire, qui trouve résolution au sein même des courriers.

Tout le roman est un roman épistolaire, ce qui crée un magnifique dynamisme, je suis assez fan de cette forme.

Par contre l'accumulation de personnages fait qu'on y perd un tout petit peu son latin (hum...) au début. Heureusement, l'auteur vous donne la liste de ses personnages au début du livre papier, et sur le site d'Audiolib vous pourrez retrouver cette même liste.
A mon avis vous y reviendrez autant que moi... 😉

J'ai même trouvé à ce roman un petit côté théâtral, façon Molière, et cela tient aussi à la diction des quatre comédiens qui ont magnifiquement fait vivre les personnages.

Humour, diableries, vengeance, trahison, soupçons, ça fusait dans tous les sens, les lettres sont relativement courtes, et elles se suivent de façon intelligible, chaque missive répondant à une précédente et/ou l'éclairant.

Un roman physique :

Côtoyant un très grand nombre de peintres et d'artisans dans ce roman, le corps en général est très présent dans ce livre.

Ce milieu du 16ème siècle voit le règne du Pape Paul IV, qui ne déteste rien tant que les hommes nus sur les tableaux dans les églises... avec lui, on a failli perdre la Chapelle Sixtine !

Les peintres nous sont montrés non pas comme des demi-dieux, mais comme des hommes normaux, avec leur problème de digestion, leurs soucis de santé, et leurs histoires de "sodomites"... je cite l'expression de l'époque !

Michel-Ange explique même comme il est difficile de peindre les fresques, les bras en l'air, et la tête en arrière.

Si je ne mets pas un coup de coeur à Perspective(s), c'est que j'ai aimé l'ambiance du roman mais pas suffisamment les intrigues autour du meurtre et du tableau.

Par contre la forme audio et la forme épistolaire, m'en laisseront un bien bon souvenir.
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Avec ce roman épistolaire, je sors clairement de ma zone de confort ! J'ai eu du mal à m'immerger dans cet univers de la Renaissance italienne où l'art est au coeur de ce livre.

Tout commence avec l'assassinat du peintre Pontormo après avoir peint une Vénus dévêtue au visage de la fille du Duc. Scandale à Florence !

Ce sacrilège suscite une enquête passionnante menée par divers protagonistes à travers des échanges de lettres.

Avec beaucoup de personnages et une écriture soutenue, cette lecture m'a demandé une certaine concentration.

Finalement, au fil des chapitres, j'ai été emportée par cette histoire.

Un roman où les intrigues, rebondissements et émotions sont au centre de ce récit qui captivera les amateurs de peinture.
Les quatre voix nous plongent intensément dans cet ouvrage original, à la limite du polar.

J'ai retrouvé avec grand plaisir la voix de Françoise Cadol, que j'apprécie
énormément.

C'est pour moi une expérience de lecture qui m'a plu, mais sans me passionner, en raison des thématiques abordées dans ce livre.
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Le sujet avait tout pour me plaire, la renaissance italienne, les Médicis, Michel-Ange, Pontormo, art et histoire, sur fond d'intrigue politico-religieuse. Sans compter l'histoire d'amour, sorte de saison 1 du « Portrait de mariage » de Maggie O' Farrel.
Il a fallu s'échauffer un peu pour se familiariser avec la forme épistolaire portée par les nombreux acteurs du drame. Comme d'autres lecteurs, j'ai pu regretter le ton uniforme des échanges qui prive le récit d'un peu de relief.
Quoiqu'il en soit, on en a pour son argent : conspiration, jeu de pouvoir, mystère, rivalité politique, religieuse, artistique, amitié, trahison, perversion, servilité, candeur. le cocasse n'est pas loin, Vasari qui s'épuise à mener sa barque de grand serviteur des puissants, les bonnes soeurs en émoi pictural… Il côtoie le tragique, celui de la désespérance des peintres, croulant sous la tâche, soumis aux dictats changeant des époques, au mépris de la magnificence de leur art.
Ce roman est certes un peu touffu mais il ne manque ni de rythme, ni d'intérêt.
On en ressort essoufflé, mais soulagé d'avoir réchappé à l'aventure.
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Livre que j'ai aimé par son originalité. Une enquête policière, dans le monde de la peinture, a la période de la renaissance. La plume est originale. Des correspondances écrites entre partis. Cest très agréable et très fluide a lire. Je le recommande vivement
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Je lis deux romans en même temps sur les Médicis et je me suis beaucoup amusée à faire les comparaisons entre la fiction, le réel, ce qui était supputé, vrai, questionné et inventé dans chacune des oeuvres.

J'ai un petit faible pour les romans épistolaires, je trouve qu'ils apportent - souvent - une petite fraicheur dans l'écriture et permettent de faire la part belle à de nombreux points de vue différents sans que ça ne soit étrange ou mal avenu. J'ai passé un bon moment, je ne dirais pas que j'ai été emportée par l'intrigue, ni que l'enquête m'a passionnée, mais le côté très réel, très cru et terre à terre de pas mal des lettres m'ont bien amusée.
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Au début je pensais que le livre allait être difficile à suivre, entre le format épistolaire et les nombreux personnages. En fait, l'auteur a bien réussi à rendre le livre accessible, de telle sorte qu'on apprend à connaître les personnages au fur et à mesure comme dans n'importe quel roman, ce qui n'était pas forcément une tâche aisée

L'histoire est intéressante, elle ne traîne étonnamment pas en longueur, le format des lettres donne une impression de toujours être dans l'action qui est assez agréable. Ça m'a rappelé mes cours d'histoire de seconde dans lesquels on devait ecrire des lettres en singeant le maniérisme italien du XVIe, qui est d'ailleurs bien répliqué dans le livre. le versant négatif de cette précision historique demeure dans la prose qui par conséquent, ne laisse pas transparaitre l'écriture de l'auteur mais seulement celle de ses personnes. Ça reste très agréable.

Bref, je conseille vivement.
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La lecture de ce roman nous transporte dans l'Italie du XVIe siècle, une époque florissante sur le plan artistique où les plus grands noms des arts se rejoignent. A Florence, le peintre Pontormo est assassiné : tout l'enjeu de ce roman épistolaire sera de trouver qui est le coupable de ce crime.

Le fait que les missives soient relativement courtes donne une bonne dynamique au livre. Quant à la variété des personnages, elle est à la fois une force et une faiblesse : plusieurs points de vue, des intrigues variées, mais au début du roman, je me suis perdue dans les noms des protagonistes. D'autant que mes lacunes sur cette période historique sont nombreuses : certains termes ou certaines références m'ont échappé, ce qui a rendu la lecture moins aisée.

Le déroulement de l'intrigue était bien amené et parfois surprenant, ce qui a largement compensé les points qui m'avaient semblé moins convaincants.
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