Malade et alité, il continuait à travailler, ou bien il improvisait des vers avec leur musique. Trois jours avant sa mort, il coloriait encore une de ses pièces d'affection, et, voyant toute en larmes sa femme : «—Ne bougez pas , Kate! posez comme vous êtes. Je veux faire votre portrait, car vous avez toujours été pour moi un ange. »-Et l'artiste mourant dessina un beau portrait de sa vieille compagne. Il s'éteignit le 12 août 1828, à l'âge de soixante-onze ans.
Comme peintre et comme poëte, Blake « le Visionnaire » fut d'une prodigieuse fécondité. Il a laissé en manuscrits une centaine de volumes de vers, et le nombre de ses dessins s'élève à plusieurs milliers. Oui, c'est un homme de génie, mais extravagant.—Le génie n'est-il pas presque toujours une certaine excentricité?
Sa première invention, comme il se plut à appeler ses oeuvres, est intitulée Chants d'Innocence et d'Expérience, environ soixante-dix scènes, offrant les images de la jeunesse et de la virilité, les joies de l'enfance, les bonheurs de la famille, — chaque scène accompagnéede strophes, d'un sentiment très-poétique, qui s'élance au-dessus des aspirations terrestres. Ses tendances mystiques sont déjà curieusement indiquées dans les dessins et dans le texte. Bientôt il s'imagina qu'il subissait des influences surnaturelles, qu'il communiquait avec un monde idéal, qu'il voyait et qu'il entendait les grands hommes des anciens temps, que le passé et l'avenir n'avaient point de mystères pour lui. Ces hallucinations devinrent chroniques et il ne vécut plus que dans une continuelle rêverie. C'est à cet état de somnambulisme lucide que ses créations doivent leur originalité et quelquefois leur beauté naïve, mais aussi une sorte de sauvagerie et de démence, souvent une obscurité impénétrable.
Mais le plus grand artiste anglais que van Dyck ait formé, c'est William Dobson, un vrai peintre, dont les portraits valent à peu près ceux de son maître. Né à Londres, dans le quartier de Holborn, en 1610, il avait d'abord étudié chez Francis Cleyn le vieux, eonnu surtout pour ses modèles de tapisserie à la fameuse fabrique de Mortlake; puis chez Robert Peake, peintre et marchand de tableaux. On raconte que van Dyck, ayant aperçu à.la vitre d'une boutique une peinture de Dobson;s'intéressa à lui, le prit dans son atelier et le recommanda au roi Charles. Après la mort de van Dyck, Dobson eut, en effet, la charge de premier peintre, serjeant painter, et de valet de chambre, groom of the privy chamber, et, en cette qualité, il accompagna la cour à Oxford, oit il fit le portrait du roi, celui du prince Rupert et de plusieurs autres nobles personnages.
Au commencementdu seizième siècle, sont appelés des Italiens, Toto del Nunziata, élève de Ridolfo Ghirlandajo, et Luca Penni, frère de Giovanni Francesco Penni, nommé le Fattore, élève, ami et légataire de Raphaël. Mais il n'était pas facile alors d'enlever à l'Italie les premiers maîtres de son école : Henri VIII, comme François Ier de France, avait essayé vainement d'attirer Raphaël. A défaut d'Italiens, un Allemand qui les valait bien, Hans Holbein, d'Augsburg, illustra tout le règne de Henri VIII. Sa glorieuse vie appartient surtout à l'histoire de l'école allemande.
Holbein ayant séjourné vingt-huit ans en Angleterre, sauf quelques voyages de courte durée sur le continent, a laissé quantité de portraits dans les palais de la royauté anglaise et dans les châteaux de l'aristocratie, à Windsor Castle, à Hampton Court, chez les ducs de Northumberland, de Manchester, de Portland, de Newcastle, de Buccleuch, de Bedford; chez les comtes de Pembroke, de Dembigh, etc. L'Exhibition de Manchester a montré une vingtaine de ces chefs-d'oeuvre. Il est singulier que la National Gallery de Londres ne possède encore aucun tableau de Holbein.