Charlotte Blum propose une biographie objective, intelligente et finement analysée d'un personnage qu'elle admire.
Je l'ai lue peu après sa sortie, en 2004, souhaitant éclaircir mon jugement et en apprendre davantage sur ce phénomène de société qui a marqué son époque.
De
Brian Warner...
Elle évoque l'enfance de
Brian Warner de façon synthétique.
"Un jour, ceux qui le bousculaient à l'école, les filles qui lui passaient devant sans même le regarder, les artistes qui lui répondaient vaguement sans lui prêter attention, tous ces gens qui ne lui ont porté aucun intérêt s'en mordraient les doigts."
Puis, elle revient sur ses débuts, quand
Marilyn Manson était encore entouré de sa bande d'épouvantails endimanchés, les Spooky Kids. C'est certainement elle qui m'a donné l'envie de visionner quelques-uns de leurs premiers concerts. Ça vaut son pesant de cacahouètes.
Marilyn Manson, s'il n'est pas un peu contrôlé sur scène, part en vrille avec une facilité déconcertante. Simiesque, anguleux, il peine à se déplacer avec élégance et il a vite l'air d'un pantin désarticulé. Ces vidéos m'ont marquée car j'ai retenu que le jeune Warner avait une rage folle, celle de devenir une icône, sa légende.
...À
Marilyn Manson
À l'imagination insatiable, l'excentrique personnage ouvre le chapitre 2.
"Je suis devenu
Marilyn Manson le jour où j'ai décidé de croire en moi."
Elle explique sobrement comment il va façonner sa création, et l'énergie déployée pour parvenir à son but. "Le personnage même de
Marilyn Manson est né de la rancoeur du petit
Brian Warner envers le monde."
Le 3ème chapitre illustre les différents membres du groupe, à travers les époques.
À l'image de leur leader, ils vont devoir choisir un nom de scène basé sur le glamour en contraste avec la terreur de l'Amerique. (Madonna Wayne Gacy, Twiggy Ramirez, etc...)
C'est mouvant.
Marilyn Manson se débarrasse facilement, soit par manque d'intérêt, où encore de peur qu'on lui vole la vedette.
Puis, sur plusieurs parties,
Charlotte Blum passe en revue analytique les nombreux albums, dont la liste a évolué depuis 2003.
À commencer par "Portrait of an American Family" dans lequel il dénonce le système hypocrite qui l'étouffe, et "Smells Like Children" où il s'est inspiré de Willy Wonka, c'est aussi l'époque où il a habilement repris "Sweet Dreams". Ensuite, en s'arrêtant plus longuement sur "Antichrist Superstar" sa plus belle revanche. Puis "Mechanical Animals" trop sucré pour séduire son public, jusqu'à "Holy Wood" où il livre sa colère la plus forte. Et enfin, "The Golden Age of Grotesque" adoptant une attitude plus sereine et sexy.
Au-delà de la musique, l'autrice nous éclaire sur l'activité professionnelle de l'homme d'affaires, Trent Reznor, son entourage, ses goûts artistiques, la peinture, ses références philosophiques, son rapport fort et paradoxal avec la religion, ses excès, la drogue, ses peurs et angoisses et sa vulnérabilité en tant qu'artiste.
Charlotte Blum conclut en se remettant dans la peau de l'admiratrice qu'elle est.
C'est avec un grand discernement du chanteur qu'elle a écrit son ouvrage, en y ajoutant beaucoup de délicatesse, de bienveillance et de recul. Pragmatique, elle n'est pas dupe et maitrise parfaitement son sujet sans céder à l'émotion.
Bravo.
Je lui laisse la parole pour achever mon billet.
"Pour conclure, et parce que cette biographie a été écrite par une fan, j'y mettrai un point final en disant que l'influence positive de Manson peut aider - sauver - soutenir, pour peu qu'on l'accepte. Il est facile de ne voir que le lugubre, le rouge du sang, les déclarations fracassantes et les prestations scéniques frénétiques, mais être fan de Manson n'est pas facile. Aller plus loin que l'apparence n'est pas facile. Mais c'est possible. La preuve."
Charlotte Blum
Lu en août 2005.
Feuilleté en août 2019.