Ha Ha ! si le cinéma c'est de l'art, l'élevage intensif, l'industrie métallurgique, le forage pétrolier - ou pire encore, le journalisme - c'est aussi de l'art ... puisqu'en somme, il s'agit bien, ici et ailleurs, de la même chose : faire du rendement.
Le cinéma c'est la même supercherie suprême. La bourgeoisie industrielle qui avance masquée.
A ce moment-là, on ne se doutait pas, mais alors pas du tout, que ce que nous vivions s’appellerait un jour « le passé ».
Ah, Burt ! Burt, tu es mon actrice préférée.
Oui, tu vas vieillir Burt. Ta tête va vieillir devant nous… Raboté, grêlé, granuleux, tu n’en seras que plus grand, plus fort !...
Acteur mûrit, actrice vieillit.
Les vivants ont cet avantage sur les morts, cher monsieur : ils ont le dernier mot.
La grande trouvaille du 20e siècle, c’est pas l’atome, ni la relativité, non !... C’est les orchestres et le théâtre en conserve… La voilà, la révolution véritable !... Les récitals et le mélodrame dupliqués en quantité industrielle et lancés dans la circulation, et vendus au plus grand nombre d’habitants sur Terre possible…
- Acteur de cinéma ! … Qu’est-ce que c’est qu’ce genre ? … C’est quoi ces manières de s’exhiber ? De passer sa vie à poil ?
- C’est ma contribution à l’histoire de l’art, fiston…
- Quel est cet art où les hommes se font aligner et polir les dents ? Où les durs se font poudrer pour masquer leur couperose ? Où les cow-boys se font épiler la poitrine et frisotter les mèches ?
C’est drôle, en même temps, travailler pour le cinéma est amusant parce que c’est vraiment une solution de paresse merveilleuse… On est toujours mal vu si on invente, et bien vu si on n’invente pas.
Prends garde mon lapin… Je tiens la cinéphilie pour une pratique masturbatoire.