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Citations sur Maléfices (15)

Je les déchiffrais à travers moi et je me guérissais à travers eux. Il me semble que les musiciens, les vrais, doivent éprouver quelque chose de semblable, et c'est bouleversant. Il y a là une joie dont on n'est jamais rassasié.
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[...] ... Instantanément, je pensai au mari de Myriam et je sentis que j'avais redouté, obscurément, le retour de ce souvenir. J'allumai ma pipe. Soit. Le mari de Myriam avait fait une chute et s'était tué. Quel rapport avec Eliane ? Aucun. Myriam était veuve. J'avais bien failli être veuf. Est-ce que j'aurais épousé Myriam ? ... Peut-être ... Sans doute ... sûrement ! Ma méditation tournait court. Il y avait quelque chose que je n'osais pas m'avouer et, maintenant, seul avec moi-même, je voulais vider l'abcès. Le mari de Myriam était mort et personne n'avait su comment. Il avait suivi un chemin qu'il n'avait pas l'habitude de prendre ... Avait-il glissé ? ... Avait-il été victime d'un malaise ? ... L'avait-on poussé ? ... Mais on ne l'avait pas poussé, Vial me l'avait affirmé. Restait l'accident. Chute là-bas, chute ici. Pure coïncidence. Qu'est-ce que j'allais m'imaginer ? ... Je regardais l'île, au fond de la nuit. J'avais coutume de raisonner, que diable ! J'étais un esprit positif. Mon métier m'avait appris à observer, à réfléchir, à interpréter méthodiquement les apparences. Il m'arrivait quelque chose de classique : je m'étais interdit pendant longtemps de penser à Myriam et, pour tourner cette censure, j'étais en train de cultiver des inquiétudes d'une autre sorte. Je transposais le problème sur le plan d'une enquête. Mais il n'y avait pas de problème. Il n'y avait qu'un homme repris par la passion. Etait-ce bien cela ? J'étais contraint, en conscience, de reconnaître que c'était bien cela : j'avais envie de revoir Myriam et je me forgeais des prétextes fallacieux. Mais pourquoi m'interdirais-je de revoir Myriam ? La revoir ne signifiait pas forcément succomber ! ... [...]
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Je cherchai une sonnette. Pas de sonnette. Je frappai donc, discrètement. Aucun bruit. Myriam et son guépard dormaient. Je fis le tour de la villa et découvris la mer, à travers les pins. De ce côté-là, un balcon de bois courait le long de la façade ; il était très large. On y avait laissé une chaise longue près d'un guéridon. Le vent feuilletait doucement un livre ouvert oublié sur la table. Je revins au perron et j'appelai.
– Quelqu'un ?
Au moment où j'allais redescendre, la porte s'ouvrit brusquement et je vis une négresse.
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Etait-ce l'eau qui montait plus vite ou le chemin qui, en cet endroit, s'abaissait : La mer atteignit mes genoux... je fus certain que nous étions en train de jouer notre vie... J'entendais le souffle rauque de Myriam... Et puis, il y eut comme un bruit de plongeon... Elle venait de tomber et se débattait au centre d'un remous blanc...
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Le Gois, c'était la tentation de la mort autant que celle du bonheur.
(folio p. 45)
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Les hommes, les femmes, j'ai de la peine à les comprendre, à cause de ce nuage de mots et de raisons dont ils s'entourent. Les animaux ne sont qu'amour et souffrance. J'étais le berger du canton, la bête instruite qui rendait la vie aux autres bêtes.
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Ce qui est certain, c'est qu'auprès des bêtes j'entrais en communication avec ma vraie nature. Je sortais de ce flou, de cette brume où ma pensée aimait à s'engluer. Je me concentrais, je devenais extraordinairement attentif. Je me faisais chien, cheval ou bœuf. C'est dans ma chair que je sentais leur chair. Je les déchiffrais à travers moi et je me guérissais à travers eux. Il me semble que les musiciens, les vrais, doivent éprouver quelque chose de semblable, et c'est bouleversant. Il y a là une joie dont on n'est jamais rassasié.
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Je ne fermais jamais les volets, sauf les soirs de grande tempête, quand les embruns volaient au-dessus des prairies. J'aimais voir, du lit, les étoiles et le reflet des phares, si prompt qu'il en devenait imaginaire. Et ensuite ? ...
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D'un accord tacite, nous ne parlions jamais de mon travail. Eliane, en retour, ne se plaignait jamais. Quand je rentrais, fourbu, je me changeais, mettais un costume propre, et passais dans l'autre aile de la maison où Eliane m'attendait. Je l'embrassais. Elle me caressait doucement la joue pour me montrer qu'elle était avec moi, qu'elle restait mon alliée, qu'elle partageait mes difficultés, et puis elle m'emmenait dans la salle à manger. La table était toujours fleurie et le menu agréable. Presque jamais de poisson. Eliane ne savait pas le préparer. Mais des viandes accommodées de vingt manières, des plats de chez elle qui m'engourdissaient. Je somnolais, ensuite, pendant qu'elle regardait la télévision.
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J'aurais dû, par exemple, vous décrire notre maison. A la sortie de Beauvoir, se trouve la route du Gois. Elle se glisse entre les marais salants, tout en virages bizarres, un vrai chemin de montagne dans une plaine plate comme la main. Ça et là, poussées au hasard, il y a des fermes, des maisons blanchies à la chaux, des remises ou des granges dont les portes sont ornées d'une grande croix blanche. En Bretagne, on élève des christs aux carrefours. Ici, on peint des croix sur les portes.
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