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Pierre Boileau et Thomas Narcejac nous livrent ici, une histoire vieille comme mes robes : François Rauchelle, vétérinaire à Beauvoir-sur-mer, marié à Eliane, s'entiche de Myriam, une artiste un peu excentrique, arrivée fraîchement d'Afrique avec son guépard et vivant, elle, sur l'île de Noirmoutier.
Ce roman a été publié en 1961, à une époque où le pont n'a pas encore été construit et où, pour se rendre du continent sur l'île, il faut emprunter le mythique passage du Gois.
Je ne vous cacherai pas que ce François, si doué pour comprendre les animaux malades, m'a énervée tout au long de ce roman. Son incapacité à prendre une décision, quelle qu'elle soit, face au bourbier dans lequel il s'est enlisé, est désespérante. Il s'interroge avec justesse sur des "incidents" récurrents qui mettent la vie de sa femme en danger, suspecte sa maîtresse, veuve dans des conditions pour le moins troubles. Mais qu'à cela ne tienne, il continue, (j'ai presque envie d'écrire "bêtement") à se rendre de l'une à l'autre, rythmé par le flux et le reflux de la marée qui inlassablement cache puis dévoile le passage du Gois.
Evidemment, mais ça nous aurions tous pu lui prédire, une catastrophe arrive...
Et c'est là où je me suis réconciliée avec les auteurs, car ils m'ont ratatinée avec un dénouement auquel je ne m'attendais pas du tout.

L'écriture est agréable, elle a un peu vieilli, notre anti-héros bourre sa pipe le soir en marchant dans son jardin, pendant que sa douce épouse, tablier noué autour de la taille débarrasse la table et fais la vaisselle.

Personnellement, j'ai adoré retrouver ce Noirmoutier de mon enfance, l'île sur laquelle nous partions en 2CV, mes parents, mon frère, mes deux soeurs et moi, en ayant étudié scrupuleusement l'heure des marées pour ne pas rester coincés, comme c'est arrivé à tant d'autres avant, sur ce Gois si envoûtant.
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Comme toujours, chez Boileau-Narcejac, une touche d'étrangeté, un détail qui trouve le moyen de s'intégrer au puzzle alors que, en réfléchissant, le lecteur se demande comment les auteurs ont réussi ce prodige, viennent bouleverser la donne d'un roman dont l'intrigue repose sur le classicisme d'un trio amoureux. Au centre, l'homme, François Rauchelle, vétérinaire rural, qui a choisi de vivre du côté de Noirmoutiers. Il mène la vie qu'il a toujours souhaité mener, auprès d'une femme, Eliane, gentille, mignonne, amoureuse et très femme d'intérieur, qui ne s'étonne guère des horaires éreintants de son époux.

Et puis boum ! un jour, voilà que jaillit de l'ombre le troisième côté du triangle, Myriam Heller - Mme Veuve Heller, pour être exact - qui a longtemps vécu en Afrique auprès de son ingénieur d'époux, lequel, on finit par l'apprendre, est mort dans des circonstances un peu douteuses, tant d'ailleurs aux yeux des Blancs que des Noirs - et, question cancans, Blancs et Noirs se valent absolument. C'est d'ailleurs pour cette raison que Myriam a dû abandonner cette Afrique qu'elle adorait et avec laquelle elle se sentait en osmose. Oh ! certes, on ne l'accusait pas en public mais ... des bruits, des rumeurs couraient ... Peut-être plus teintées de fantastique qu'elles ne l'eussent été en Europe mais enfin, question vélocité et rigueur, ces rumeurs étaient terribles ...

Précisons-le d'emblée : le lecteur n'en saura guère plus. Sauf que, un peu avant la mort de son époux, Myriam, qui est artiste-peintre, avait dessiné la carrière où il a trouvé la mort. La chose, en soi, n'a rien d'extraordinaire mais, sous l'éclatant soleil africain, les rumeurs font comme la végétation : elles mûrissent et s'épanouissent avec une sorte de voracité.

A cela s'ajoute le climat qui, en France, entoure encore la jeune femme. Elle a ramené d'Afrique un guépard femelle, Nyété, qui s'attache vite à Rauchelle, venu la soigner pour une petite indisposition. Et aussi une domestique indigène, Ronga, pour qui, elle le dira à la toute fin à François, après que Myriam aura empoisonné elle-même l'animal (avec un produit à l'arsenic qu'elle aura dérobé dans la trousse de son amant), coupable de l'avoir mordue à la cheville, Nyété n'était pas qu'un guépard : elle avait aussi une âme. Et puis, bien sûr, des toiles, des toiles et encore des toiles, dans une vieille maison isolée, séparée de Noirmoutiers à l'époque par la marée et ce qu'on appelle le Gois.

Un fait est indiscutable : Myriam, qui se teint, par originalité, les cheveux en blanc, tombe follement amoureuse de Rauchelle qui devient son amant sans trop se faire prier. Passons sur l'éternel couplet de la jouissance sexuelle qui est toujours plus forte là où l'herbe est plus verte ... enfin, vous me comprenez et revenons à notre intrigue. Nous apprenons les détails de la liaison de A à Z, avec d'autant plus de réalisme que Rauchellle, qui s'accuse d'avoir laissé mourir Myriam, qu'il suspectait de vouloir tuer sa femme, adresse une lettre où il raconte tout à M° Maurice Garçon en personne. Au début, bien sûr, tout est merveilleux . Et, bien sûr, bien que la malheureuse ne paraisse se douter de rien, Eliane et le train-train dans lequel elle s'épanouit - car, sur ce point, Rauchelle, en bon mâle égoïste, n'a jamais eu le moindre doute - commencent à devenir intolérables à son mari. L'instant d'après, le voici bourrelé de remords. Il l'avoue en effet deux ou trois fois : s'il est capable de prendre n'importe quelle décision importante dans son métier, dans la vie de tous les jours, il est nettement plus velléitaire et beaucoup moins stable.

Trois incidents au minimum insolites - et qui eussent pu se révéler tous trois mortels pour l'intéressée - viennent obscurcir le beau roman passionné de Myriam et Rauchelle : tout d'abord, Eliane, qui ne s'approche jamais du puits de leur propriété, y bascule la tête la première et risque d'y mourir noyée alors que, elle le dira et le redira elle-même aux enquêteurs, il n'y avait personne auprès d'elle ou dans les alentours ; ensuite, dans le garage où l'ampoule ne fonctionne plus, elle se serait, retour d'une promenade en vélo, rompu le cou en tombant dans la cave dont la trappe était ouverte (mais Rauchelle, étant rentré pour une fois plus tôt que prévu, a ainsi paré au danger, danger qu'il ne s'explique pas et le plonge dans un profond malaise car tout deux, tant lui que son épouse, prennent évidemment grand soin de fermer la trappe après toute descente dans la cave) ; enfin, après qu'une mystérieuse femme en imperméable bleu et portant un bandage au mollet, ait été vue frappant chez les Rauchelle, Eliane est prise d'un malaise gastrique assez grave. On pense à une appendicite. Mais ce n'est pas cela. On penserait bien alors à un empoisonnement à l'arsenic mais ... Peu à peu, tout semble se résorber, jusqu'à une rechute fulgurante ...

Quatrième incident, sur lequel le lecteur ne cessera de se poser des questions une fois qu'il aura délaissé le livre pour réfléchir à l'aise : alors qu'il feuilletait les carnets de croquis de sa maîtresse, Rauchelle y a trouvé deux photographies, l'une de sa maison et l'autre d'Eliane et du puits ... Troublé mais indécis, il les a laissées en place. Par la suite, il ne les a jamais retrouvées.

Comme toujours, Boileau et Narcejac nous concoctent une fin habile qui explique tout ... ou presque tout. Il est exact que le crime avoué par Rauchelle est réel et qu'il a agi pour défendre sa femme. Mais la culpabilité de Myriam, elle, est bien moins claire. Et si l'on retire du jeu les deux fameuses photos ...

... tout redevient une histoire policière, sans grand charme même.

Mais il y a ces photos tout comme il y la toile de la carrière, peinte jadis par Myriam et ce souffle puissant, venu d'Afrique noire, qui semble avoir traversé l'Océan à la suite de l'étrange jeune femme. On peut même se demander si Nyété n'était qu'un animal de compagnie, ramené en France pour la touche d'originalité qu'elle conférait à sa propriétaire, mais plutôt une créature-totem - par exemple ...

Lors d'une première lecture, selon moi, "Maléfices" dissimule bien son jeu. Mais dès qu'on referme le livre, on commence à cogiter, à cogiter ... Et l'on sent bien qu'une relecture s'imposera un jour. ;o)
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Ce roman est très original, c'est en fait une lettre de confession à un avocat.

L'intrigue est bien ficelée, avec du suspense et du mystère. On peut penser que tout ce qui se passe n'est dû qu'à la magie.

Les personnages sont typiques de leur époque, un peu idéalistes et simples.

Je recommande ce roman pour son originalité.
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François Rauchelle, vétérinaire de campagne marié, installé à Beauvoir en face de l'île de Noirmoutier, tombe amoureux de Myriam une femme africaine installée en France depuis la mort récente de son mari. Notre véto est réellement sous le charme de Myriam, la veuve l'a pour ainsi dire ensorcelé. Mais François réalise peu à peu que sa maîtresse est dotée d'étranges pouvoirs. Sa femme, qu'il ne peut se résoudre à quitter, est victime d'accidents et manque de mourir à plusieurs reprises. Tout laisse à croire que Myriam use de maléfices envers sa rivale de plus ils se sent vraiment de plus en plus impuissant face à la volonté de Myriam. Il n'a plus d'autre choix que pour résister à sa maitresse que de se mettre à la détester. Une nouvelle fois Boileau et Narcejac usent du fantastique dans ce roman policier. Ils font intervenir des faits mystérieux mais toujours ils trouvent une explication rationnelle à la fin de l'histoire. Et en plus de tout cela, il nous offre aussi comme à leur habitude une étude psychologique très fine du trio amoureux. du grand Boileau-Narcejac à lire ou relire sans modération.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Prenez un homme et deux femmes.
Mélanger fermement avec la passion pour obtenir une infidélité dangereuse.
Saupoudrez de mythes et de fables africaines.
Laissez reposer le temps de la lecture pour obtenir un plat qui sent un peu le réchauffé (j'avais lu Les Diaboliques il y a quelques mois).
Mais ce court roman suffit pour passer un bon moment de divertissement où la plume de Boileau et Narcejac est toujours aussi efficace. La fin, comme toujours, est réussie et surprend le lecteur.

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Une histoire qui semble si paisible au premier abord ... Un vétérinaire qui exerce au bord de la mer, communiant avec la nature, marié à une gentille épouse, vivant dans une jolie maison. Jusqu'à ce qu'on lui demande d'aller soigner un guépard ... Et qu'il rencontre son envoutante propriétaire !
C'est seulement le deuxième Boileau-Narcejac que je lis mais je crois qu'une addiction se développe!
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Roman noir, drame policier. Une intrigue construite avec minutie qui ne laisse pas prévoir la chute. Les caractères féminins sont décrits avec tout le diabolisme possible. Ambiance maléfique orésente depuis le début.
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L'unique raison qui m'a fait choisir ce livre de 1961 et le film qui vient d'être réédité en Blu-ray ne porte qu'un nom : Noirmoutier, le Gois...
La 4e de couverture n'était pas suffisante pour choisir ce livre ni les critiques que j'ai pu lire. Peut-être Boileau & Narcejac. Mais... Noirmoutier, le Gois.
Quant au film, il avait plus de chances : Decoin, Juliette Gréco et Noirmoutier, le Gois.
C'est donc peu, bien peu.
Et là, surprise. Quelle histoire, quelle intrigue, quel scénario, quelle angoisse ! Quelle belle réussite. Dur de s'en défaire de ce roman.
Alors oui, Noirmoutier de 61 m'a ramené à mes 6 ans et aux années qui ont suivi. le Gois et cette impression d'emprisonnement avant le pont de 1971.
J'ai adoré ce livre
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"Maléfices", un titre qui donne déjà envie de lire ce court roman. Au départ, un triangle amoureux classique : un homme marié à une femme gentille mais un peu fade tombe amoureux d'une autre femme, plus mystérieuse et séduisante, et en devient son amant. Sauf que les sentiments de cet homme vont tourner à l'obsession, le hanter jusqu'à...
L'histoire est une confession, on découvre au fil des pages les sentiments qui agitent cet homme et on devine la fin...mais les dernières pages nous en dévoilent une autre qui coupe le souffle.
Une allusion à la magie africaine donne un peu d'exotisme à cette histoire digne d"un film hitchcockien.
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Certainement le meilleur Boileau-Narcejac, un classique du genre.
Une trame complexe, un personnage féminin étrange et mystérieux, un final inattendu et, en prime, le passage du Gois de l'île de Noirmoutier en piège mortel. Mieux vaut ne pas en dire plus.
A lire absolument (et à relire dès qu'on ne s'en souvient plus...)
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