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4,05

sur 150 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je referme cet ouvrage poignant , bouleversant , lu en deux jours en retenant mon souffle ....
J'ai lu beaucoup de livres à propos de la Shoah et des camps de la mort mais celui - là vivra longtemps en moi !
De 1939 à 1967 il conte l'histoire de deux êtres seuls , fracassés et brisés par la guerre, Simon, orphelin ( il a perdu ses parents , son frére et sa soeur ). Il appartient à la bourgeoisie parisienne , laïque et patriote, maquisard et blessé au combat , Léna , issue d'un milieu de petits commerçants polonais qui a réussi, seule de sa fratrie à survivre au ghetto de Varsorvie .
En 1945 , la guerre leur a tout pris......
Chacun de leur côté , ils vont accepter une mission trés particulière dont l'auteur a choisi de nous informer avec intelligence, une finesse saisissante de précision et de nostalgie pour ces coeurs blessés : rechercher des enfants cachés par leurs parents dans des familles pour les protéger du pire, des voisins, des institutions catholiques , des couples , des couvents , qui souvent, refusent de les rendre à leur famille ....
On les appelait des" " Depisteurs " de l'oeuvre de secours aux enfants :OSE.
Retrouver ces enfants devient un devoir moral et une priorité absolue aux quatre coins de la France.
La revendication du retour de l'enfant pose un problème religieux, social et politique .
Certains Depisteurs se heurtent à des refus catégoriques lorsqu'ils retrouvent des enfants déja baptisés au cours d'adoption , de prosélytisme , " âmes à sauver "" , main du seigneur "et autres raisonnements fallacieux ....

Simon cherche son petit frère Elie , le dernier de sa fratrie , caché quelque part .....Fatigué , angoissé, assiégé d'obscures pensées , il prend soin de ces enfants dispersés et cachés même si son chagrin l'étouffe , aux côtés de Lena , fragile et lumineuse , passionnée, meurtrie par les épreuves,....
Turbulents, agressifs ou repliés sur eux - mêmes les orphelins savent tous qu'une tragédie à frappé leurs familles et que plus rien , désormais ne sera comme avant .....
Ils ont été terrifiés, battus parfois, humiliés, déçus par les adultes , ce sont des forteresses assiégées , ces enfants , ces gamins , privés de l'essentiel ....

Cauchemars , ombres grises , wagons de plomb , névroses liées à la déportation , tant de moments perdus , tout se brouille et s'éfface sur le miroir de la mémoire pour Simon et Lena !

L'auteur revient sur les rafles, les arrestations, la vie d'après, la douleur intense, la colére, la souffrance incommensurable, intraduisible d'avoir tout perdu , le vide , la détresse, le courage de ces adultes de résister à l'instabilité ambiante . ....

Sans parti pris, discrètement, l'auteur a reconstitué l'atmosphère de l'époque....

Le récit est minutieusement documenté, le travail de recherche, parfait, fouillé, précis , le contexte reconstitué sur le fil.
Elle construit des personnages meurtris par la vie qui désirent compenser , comme une espèce de revanche sur la vie !
Ce trés bel ouvrage fait écho à la détresse des victimes de cette barbarie , fauchés et disparus en pleine vie d'amour et de promesses .
Lena et Simon vont se reconstruire dans une France exsangue grâce à la force de l'amour !
L'histoire est bien plus compliquée mais n'en disons pas plus ,....

Ces enfants retrouvés incarnent l'espoir, le futur, la trace vivante et prometteuse du passage de leurs parents sur terre, là où l'absence et l'attente, le manque ont créé des gouffres,...

Merci à l'auteur pour son travail et la mise en exergue d'un point de vue plutôt méconnu de cette période !

À lire absolument , ce n'est qu'un conseil , bien sûr !
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C'est en naviguant sur Babelio que mon épouse a trouvé des critiques sur ce roman et a décidé de le lire.Hélas pour elle,je m'en suis emparé pour lire la quatrième de couverture et...je ne le lui rends qu'aujourd'hui,après avoir tourné la dernière page....Bon,je suis pardonné car mon emprunt n'a duré que 24 heures environ...Oui,vraiment,un livre que j'ai "avalé",passionné par cette rencontre avec Simon et Lena...et les autres.
C'est la guerre.Les Mandel sont juifs.Une famille aisée, bourgeoise,peu portée sur la religion.Chez les Mandel,on est français avant d'être juif,mais,en ces temps de guerre,les juifs ne sont souvent,malheureusement,que juifs.Après avoir fait partie de la résistance, Simon revient chez lui et,là ....
Le garcon est détruit lorsqu'on lui confie une mission,retrouver les enfants juifs cachés aux quatre coins du territoire.On lui adjoint la jeune Lena,rescapée du ghetto de Varsovie,brisée ,elle aussi.
Leurs points de vue s'opposent souvent mais leur volonté commune de "se reconstruire" est telle qu'ils se deviennent indispensables l'un à l'autre et se lancent avec coeur et détermination dans leur quête.
C'est là que l'on découvre combien le sort des enfants a pu être différent en fonction des motivations des "accueillants".Il sera beaucoup question de l'église chrétienne ,si généreuse,.... en apparence.Je vous laisse découvrir.
La guerre,pour ces hommes et femmes ne s'est pas arrêtée au jour de l'Armistice...La France d'après guerre garde en elle un profond ressentiment contre les juifs.Se reconstruire dans ce contexte relève d'une mission impossible ou ...presque.Ce roman en est une illustration.
On ne peut contester le travail de l'auteure et on doit la remercier de nous avoir permis de découvrir cette ambiance délétère d'après guerre.C'est un très grand travail de mémoire étayé par une bibliographie imposante.Bravo à cette dame.
Ce livre,c'est la douleur des âmes de tous ces gens persécutés par les nazis et juste acceptés par la suite.C'est l'origine de leur quête de liberté et l'illustration de leur envie d'exister,de se relever,de se rassembler.
Un livre que je conseille vivement à tous ceux qui apprécient la paix et le respect des uns et des autres.Superbe.
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Je tiens vraiment à remercier Babelio et les éditions Belfond car je ne m'attendais pas à recevoir un tel livre ... Comment se plaindre après avoir lu un tel Roman , un plaisir ..
Le recueil de données est impressionnant, Ariane bois a vraiment fait des recherches précises pour évoquer un thème que je connaissais très peu et qui me semble peu décrit dans la littérature... L'après guerre et la résistances des juifs en France.
Simon Mandel est un jeune juif qui est à la recherche de sa famille à la fin de la seconde guerre mondiale ...
Il apprendra au fur et à mesure la disparition de son frère et de sa soeur Lucien et Madeleine , ils ne seront jamais retrouvés puis par la suite apprendra que ses parents déportés sont décédés dans les camps .
Son seul espoir , sa seule famille qui lui reste Elie son frère cadet qui avait été placé chez une nourrice.
ISi.on devient dépisteur et avec l'aide de Léna .... Ils vont scillonner le sud de la France pour rechercher Elie ainsi que tous les enfants juifs qui ont été confiés à des familles.
Un lien amoureux va lier les deux jeunes , ils s'aiment et sont solidaires dans le même combat.
Ils seront unis pour la vie .
La déscription des enfants retrouvés met en évidence à quel point ils ont pu être meutri indirectement par cette guerre ... La perte des familles ou l'impossibilité de les retrouver.La séparation familiale est facteur de dégâts psychologiques irréversibles ....
Certaines familles d'accueils catholiques pour la majorité ont converti les enfants juifs, les ont baptisés ...
Comment ces enfants peuvent ils ensuite se construire ... Nés juifs issu d'une famille de traditions et du jour au lendemain ils doivent apprendre autre chose , prier d'une autre façon , changer les fêtes religieuses... ?
Il y aura obligatoirement à un moment ou à un autre de leur vie une faiblesse psychologique pour certains ... Comment effacer une partie de sa vie ??

C'est un Roman qui passionne , qui fait réfléchir et une fois qu'on le tient .... On a pas envie de le lâcher !!!
Je vous le conseille vivement.



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C'est le genre d'histoire sur la guerre que j'évite, enfin normalement, quand je suis dans un état normal, pas en plein chaos de déménagement avec la traversée de la France et un changement radical de vie. Ce fût une chance de découvrir un tel récit et faire connaissance avec le style de l'auteure. Car ce récit d'une famille juive pendant la guerre avait de quoi être désespérant et déprimant au possible. Surtout quand la France n'a pas protégé ces gens qui pensaient être français à part entière. Ils ne s'attendaient pas à être dénoncés par leur patrie, ils ne s'attendaient pas à être pillés par leurs voisins. Il y a aussi l'emprisonnement, les tortures, les mauvais traitements, la mort. Il y a la séparation de chaque membre de la famille et le choc d'apprendre la mort de l'un deux soit au combat, soit dans un camp, puis la disparition du dernier de la fratrie confié à sa nounou qui malheureusement est décédée pendant la guerre. Il y a le doute, le chagrin, la peur, l'angoisse puis la volonté, l'espoir, le renouveau, la rencontre. Je ne me souvenais pas de l'existence des dépisteurs, pourtant j'en avais entendu parler. Chercher des enfants cachés et placés pour leur redonner une place dans la société avec leurs racines et leur religion. Mais certains enfants, bien placés, se sont habitués à leur famille d'accueil, et il est difficile d'arracher une nouvelle fois ces enfants à des gens aimants. C'est le sort d'Élie, le petit frère de Simon et le reconstruction sera longue de part et d'autre. Léna, rescapée de l'horreur sera une aide et leur apportera de l'amour. Oui ce livre devrait être déprimant mais la plume de l'auteure en a décidé autrement : il y a de la lumière, de la pudeur, de l'espoir. Je remercie infiniment BABELIO et les Éditions BELFOND pour cette découverte.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Ariane Bois , avec ce magnifique roman , rappelle un épisode peu connu immédiatement après la seconde guerre mondiale . Chacun sait qu'un certain nombre d'enfants juifs ont eu la vie sauve grâce au dévouement et au courage de personnes qui les ont pris en charge , confiés à des familles ou à des institutions religieuses ou évacués en Suisse .

Après la libération des camps , beaucoup de familles se sont retrouvées dispersées ou exterminées et quelques associations ont oeuvré pour permettre aux enfants orphelins de retrouver des membres survivants de leur famille.

Ariane Bois met en scène Simon , un très jeune homme . Sa famille d'origine juive , non pratiquante vit confortablement à Paris, ses parents sont plutôt confiants au début de la guerre mais finalement sont arrêtés et ne reviendront pas des camps . Son plus jeune frère confié à la gouvernante disparait, alors que Simon se bat dans la résistance et est blessé .
D'un tout autre ordre est le passé de Lena, polonaise ayant connu le ghetto de Varsovie où l'ensemble de sa famille a été exterminée .
Simon et Lena vont faire équipe pour sillonner les régions où sont signalés des enfants cachés .
L'écrivaine livre beaucoup de faits véridiques à partir d'archives , les éléments sont sérieux et bien documentés , habilement mêlés à la fiction .
Si cette recherche a été soutenue activement par la population, peu à peu les gens s'en sont désintéressés et le devenir de ces enfants s'est heurté à plusieurs dilemmes .
Certains ayant été parfaitement intégrés dans leur famille d'accueil étaient en cours d'adoption , d'autres recueillis dans des institutions catholiques se sont heurtés au refus des religieux de les laisser partir .
Quelques uns malheureusement ont été maltraités dans des familles qui les ont exploités et ont même monnayé leur départ ...

Très bien construit, ce roman est passionnant, il rend hommage à tous ceux qui ont oeuvré pendant et après la guerre pour la survie des enfants juifs et pose la question de la transmission de la mémoire .
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Oh un grand merci à Ariane Bois que j'ai découvert il y a quelques semaines avec son dernier roman L'île aux enfants édité chez Belfond, qui m'avait tant chamboulée et c'est pourquoi j'ai eu envie de lire le gardien de nos frères. Bon à priori, je me suis dit en lisant le sujet, sans y prêter plus attention, encore un livre sur la guerre 39-45. J'ai hésité ....

Et puis très vite j'ai été happée par l'histoire. Ainsi, je remercie l'auteure de m'avoir donnée une lecture aussi intense sur le plan émotionnel .

Je la remercie car ce livre nous offre un épisode que je ne connaissais pas vraiment, qui est la résistance juive et cette commission de dépistage.

Elle nous raconte comment des jeunes juifs se sont mis au service de cette commission qui avait pour but de retrouver tous les enfants juifs cachés, confiés à des couvents, des familles.. pendant la guerre

Cette histoire c'est donc l'histoire de la famille Mandel, une famille juive bourgeoise vivant à Paris. Henri et Marguerite ont quatre enfants, Lucien, Madeleine, Simon et le petit dernier Elie. Simon à 16 ans en 1939, il voit son père partir, son frère partir et avec le reste de la famille il quitte Paris pour Toulouse. Seulement lors d'une rafle, la maman va être prise ... le petit est donc confié à une nounou, Madeleine va aider à passer des enfants en Suisse ..... et Simon va se battre, prendre le maquis.

A la fin de la guerre, Simon se retrouve seul, il apprend la mort de tous les siens, il reste Elie mais celui ci est introuvable. Anéanti, Simon suite à la demande de son ami Lionel va être missionné pour devenir dépisteur dans la région du sud-ouest. Et c'est là qu'il va rencontrer et travailler avec Léna, une jeune juive rescapée du ghetto de Varsovie.

Beaucoup d'émotion dans ce roman qui raconte l'incroyable. Mais je me garde bien de vous en dire plus.

Comme dans L'île aux enfants, j'apprécie beaucoup comment l'auteure pénètre l'âme profonde de ses héros. Et puis ce travail de terrain à propos de l'Histoire est remarquable. Retrouvons-nous là, le travail de la journaliste ? Certainement mais elle a ce plus que beaucoup de ses confrères ne parviennent à atteindre, elle va plus loin qu'un simple rapport, elle donne vie, émotion et cela est extraordinaire pour mettre en oeuvre un magnifique roman.
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« le gardien de nos frères »… un roman au titre qui interroge !

Simon Mandel, aujourd'hui brillant architecte vivant à New-York, avec une vue imprenable sur Central Park, ne peut oublier son enfance. En 1945, la guerre lui aura tout pris, ses parents, son frère aîné, Lucien, combattant de la première heure, sa soeur Madeleine, une icône de la Résistance et son petit frère Elie, disparu alors que lui-même, Simon, était entré en résistance, avait été blessé, soigné mais n'avait plus goût à rien, ou si peu. Enrôlé par les scouts Israélite de France (en quelque sorte, une BA de leur part, bonne action, pour le sortir de son apathie), il devient dépisteur, chargé avec Léna, une survivante du ghetto de Varsovie, de retrouver la trace des enfants juifs cachés durant la guerre et dont les parents, le plus souvent, ne sont jamais revenus.
Tout comme lui, juif français rejeté par la France, Léna, juive, ne peut plus trouver sa place dans sa Pologne natale. Ces deux êtres privés de patrie parce que juifs, brisés, cabossés par la vie vont se lancer, corps et âmes dans ce combat de justice, rendre les enfants juifs à Israël ! Charriés par l'Histoire, nourris et déchirés par l'amour, ces deux révoltés vont apprendre à communiquer entre eux, à se découvrir, à se serrer les coudes et à tout donner pour retrouver Elie, et tous les autres enfants, tous frères, pour lesquels il faut se construire, homme, adulte, gardien, protecteur et sauveur. Une lourde tâche portée par tant de trop jeunes adultes en cette période de fin de guerre 40-45. Pourquoi en parle-t-on si peu ? Rien que pour ces faits ‘historiques', le livre vaut la peine d'être lu.

Mais, ce livre est aussi un lieu de rencontres, de confrontations qui demandent des prises de positions, des choix justifiés… et s'il n'est pas toujours possible d'exiger, dans le feu de l'action, que l'auteur de chaque acte prenne le temps de réfléchir et de construire une argumentation solide des réponses qu'il apporte, le lecteur, de nos jours, ne peut honnêtement faire l'impasse sur la réflexion quant aux actes posés.

La photographe, Laurence Verrier, à qui on doit la couverture de cette réédition chez France Loisirs du livre paru chez BELFOND en 2015, disait de son rapport à l'art qu'elle domine : Ce qui m'intéresse avant l'image, c'est le processus photographique, ce qui est en oeuvre chez la personne photographiée comme chez le photographe. Rencontre entre le photographe et le photographié, rencontre du sujet avec lui-même, rencontre du photographe avec lui-même. Il faut ces trois rencontres pour que la magie opère. (Extrait du site ‘les seize anges', association d'artistes dont elle est membre).

Ariane BOIS, grand reporter, critique littéraire et auteure de quatre romans primés par des prix internationaux, se trouve, elle aussi, à la croisée des rencontres. Celles de ses personnages avec eux-mêmes, leurs passés, les stigmates qu'ils en portent, les relectures qu'ils peuvent en faire. La rencontre entre l'auteure et une période, la fin et l'après seconde guerre mondiale dont on a tant parlé, sur laquelle on a déjà tant écrit pour cependant très peu aborder le sujet qui est au centre de ce roman, à savoir, la recherche et le ‘reclassement' social des enfants juifs cachés durant cette période. Très documentée, Ariane BOIS, avec une écriture souple, tendre, précise nous situe l'époque, les actions, les doutes et les certitudes de ses personnages.
C'est donc, à travers les réflexions que l'auteure prête à ses personnages, qu'il y a des rencontres dans lesquelles le lecteur est invité à se positionner. Rencontre entre le bien et le mal, le juste et l'injuste, la condamnation ou le pardon, la réponse appropriée ou non aux réalités de ces vies d'enfants déchirées, en partie reconstruites, parfois sauvées ou perdues à tout jamais.
Car peut-on, au nom de la justice, tout se permettre, même l'illégal, l'enlèvement d'enfants ? A-t-on raison d'arracher des enfants à des secondes vies, même factices, pour les réintroduire dans des pensionnats, des homes, des lieux parfois dénudés de vie familiale même quand on veut y mettre une chaleur humaine ? Peut-on défendre les illusions sionistes qui veulent expatrier des enfants afin de conquérir une terre que les juifs estiment sainte et dont ils revendiquent la propriété ? Et que penser de la position de certains membres influents de l'Eglise catholique qui n'ont pas suivi leurs prélats dans la lutte contre le nazisme ? Que penser des ‘petites gens' qui ont monnayé le retrait des enfants parfois d'autant plus lourdement qu'ils les avaient exploités, voire violés durant la période où ils étaient censés les cacher et les protéger ?

Le gardien de nos frères, un roman qui nous interroge sur l'humanité des hommes, sur les questions que l'Histoire pose et sur les réponses que nous soutenons on non. A lire, sans aucun doute !
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La déportation des juifs, le retour de seulement quelques rescapés, survivants de familles décimées, et surtout la recherche des enfants sauvés par des particuliers ou des institutions catholiques, pas toujours disposés à les rendre à leurs proches, constituent le cadre de ce livre, dont le caractère historique est le point fort. Par ses personnages fracassés, l'auteur nous fait partager le cauchemar du retour à la normalité de ces survivants, dans un monde qui, après une compassion passagère, voir une hostilité dans certains cas, reprend son cours et les oublie, relativisant parfois les souffrances vécues. le style, l'écriture sage et sobre, et l'intrigue simple, n'en rajoutent pas à des faits qui parlent d'eux mêmes. On le regrette parfois un peu, mais l'éclairage apporté sur cette période suffit à l'intérêt du livre qui se lit avec plaisir et beaucoup d'intérêt.
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Même quand on a lu des centaines d'ouvrages sur la seconde guerre mondiale, la Résistance et les drames de la persécution des français de confession juive dans l'indifférence de leurs concitoyens de la France de Vichy (à quelques notables exceptions près), on a constamment les larmes aux yeux à la lecture de ce roman bouleversant.

Les rafles, la séparation des familles, l'horreur des camps, la détresse de ces enfants dont on modifie l'identité et qui sont prestement cachés dans des familles à la campagne … Puis, les difficultés du retour, le choc de la mort de leurs parents, l'attente parfois d'un hypothétique retour, le silence des survivants qui se reprochent à eux-mêmes d'avoir échappé à l'Holocauste (se souvenir du récit autobiographique de Simone Veil « Une vie »), la résilience, la reconstruction … Tout ici est raconté avec pudeur, dans une fresque réaliste où le malheur voisine avec de grandes joies.

Nous suivons Simon Mandel, fils d'une famille privilégiée du VIIème arrondissement, dont le père avocat et ancien combattant des deux guerres est raflé par la police française, puis sa mère, se réfugie dans le midi, prend le maquis, est gravement blessé, revient dans une maison vide à la fin des combats. Il s'enrôle dans une organisation juive - les Dépisteurs - qui s'est donnée pour mission de retrouver et rendre à leur famille les petits réfugiés dispersés afin de retrouver son petit frère Elie dont on a perdu la trace. Il va faire équipe avec Lena, rescapée du ghetto de Varsovie, indomptable et guerrière.

Difficultés immenses à situer ces enfants dans un pays en pleine désorganisation, situations diversifiées des familles d'accueil – certaines se sont terriblement attachées à ces petits, d'autres les traitent comme des esclaves, des religieux les baptisent et refusent de les rendre (comme la célèbre affaire des enfants Finaly) …- l'ouvrage s'appuie sur une documentation fouillée que la forme romanesque rend sensible et concrète.

J'ai eu l'occasion, personnellement, il y a fort longtemps, de rencontrer le président d'une compagnie de navigation qui m'a raconté son enfance cachée dans une famille charentaise puis sa jeunesse dans plusieurs maisons d'enfants. Il rendait hommage à ces Justes qui avaient risqué leur vie pour sauver celle de ces enfants mais il restait, après tant d'années et une réussite intellectuelle et professionnelle éblouissante, profondément marqué par cette tragédie, au point d'en parler à une femme qu'il ne connaissait absolument pas cinq minutes avant. Je n'ai jamais oublié.

Pour ceux et celles qui ignorent encore cet aspect épouvantable de l'histoire de France dont les derniers témoins disparaissent les uns après les autres, ce livre apporte un éclairage émouvant. Il se lit comme un souffle, dans un style de belle facture. J'ai beaucoup aimé … tout en m'interrogeant sur les relents d'antisémitisme et de négationnisme qui traînent encore aujourd'hui dans certains cercles de notre société qui n'a rien appris, rien oublié.

Chronique publiée dans le cadre de l'opération "Masse critique", que je remercie de m'avoir fait découvrir cette auteure !

Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Très émue par cette lecture, très reconnaissante face aux émotions et surtout de ne pas oublier notre histoire. Livre avec une place de choix dans ma bibliothèque.. le gardien de nos frères.. le gardien de ces enfants qui sont les nôtres
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