C'est une dame dans la quarantaine, une mère, cela se voit tout de suite. Elle a les yeux cernés, le teint gris, un cœur qui bat dans son cou, qu'elle tente vainement de dissimuler de la main. Le mien s'est serré lorsqu'elle est entrée dans mon bureau : prémonition ? C'est une mère au bout du rouleau.
Il s'agit de son petit dernier, Léon, onze ans, un enfant doux, une crème, mais voyez-vous, une crème qui refuserait de prendre, disons plutôt une mayonnaise ou un soufflé raté : Léon ne lève pas.
À l'école, c'est le trop célèbre « coin du radiateur », la feuille blanche, la bouche cousue, bref, la résistance passive. Les tests auxquels il n'a pas refusé de se plier montrent pourtant que le garçon n'est pas bête ; il aurait même plus qu'il n'en faudrait pour être parmi les bons, mais on dirait que son intelligence ne lui sert qu'à trouver le meilleur moyen de se défiler. Le conseiller en orientation a interdit de prononcer le mot « paresse ». Il paraît que ça va plus loin, plus profond, un blocage. On est bien avancé avec ça.
M. et Mme Poupinot ont tout essayé pour faire sauter le verrou : la douceur et la force, le raisonnement, la cure de vitamine, rien n'y a fait ! Le gamin n'offre aucune prise, tout glisse sur lui, à se demander parfois s'il existe vraiment. Il vous fixe de ses grands yeux transparents, il a l'air d'accord avec vous, vous reprenez espoir, c'est pour vous apercevoir la minute suivante que vos paroles ne l'ont pas atteint. Une sorte d'extra-terrestre en son genre.
Physiquement, aucune carence, jamais malade, pas d'anémie, Léon se porte comme un charme. À la vérité, il n'aime qu'une seule chose : la maison. Il y resterait bien toute la journée en rêvassant entre un esquimau, du n'importe quoi à la télévision ou sa musique préférée sur les oreilles, comme une barrière de protection. Des copains ? Il n'a rien contre. Mais rien pour, non plus. Si l'on vient à lui, il paraît content, sinon, tant pis.
La vengeance est un plat qui se déguste froid.
Le cerveau d'un bébé prend deux grammes par jour, tandis que son corps s'allonge d'un millimètre.
Aujourd'hui, c'est pas parce qu'on rompt les ponts qu'on les coupe.
Les enfants n’ont pas besoin de copains qui leur filent des joints et des préservatifs, mais d’adultes responsables qui leur désignent clairement les dangers, les préservent contre eux-mêmes, leur disent leur fait.
Le téléphone est devenu le négrier des temps modernes ; il n’est qu’à voir les malheureux enchaînés à lui dans leur voiture, la rue, les magasins, aux terrasses des cafés et même à l’église, parait-il… Les esclaves de la communication.
Il n'y a pas d'âge pour redevenir un bébé couple.
Facile d'être généreux avec l'argent des autres!
La colère donne des ailes, au moins autant sinon plus que l'amour!
En tout cas, c'est bien triste de penser que la colère, la haine, la rancœur emplissent autant l'âme que l'amour