La lanterne des morts

Comme ils ont raison ceux qui affirment qu'un trop grand bonheur vous terrasse.

J'avais confié à Lila mon appréhension de ce premier Noël sans papa, c'est l'absence de ses gros godillots, que nous accusions de déshonorer la fête, qui a soudain obstrué ma gorge et fait déborder mes yeux. On ne sait jamais à quelle occasion les disparus vont s'inviter.

quant on pense à tout ce qu'il y a à faire quand on perd un proche, on se demande comment se débrouillent ceux qui sont seuls ou qui n'ont pas de sous.

Quand on pense à tout ce qu'il y a à faire quand on perd un proche, on se demande comment se débrouillent ceux qui sont seuls ou qui n'ont pas de sous.

Et le temps, ça veut dire quoi exactement ? Papa affirme que les arbres l'effacent en nous répétant : "Quand tu n'étais pas là, moi j'existais déjà. Quand tu cesseras d'exister, moi je serai là."

Il paraît que, dès que j'ai su tenir sur mes jambes, je réclamais d'accompagner papa dans ses promenades. Sans doute est-ce ainsi que naît une vocation.

Les pendules sonnent différemment dans les maisons en deuil.

Lorsque, près de Sarlat, nous visitions papa, Lila et moi, " La lanterne des morts ", je ne me lassais pas de regarder les petites flammes dont la légende affirme qu'elle guidait les âmes des défunts vers la lumière céleste. Cette lumière, j'aime à penser que mon père l'a enfin trouvée.

On ne refait pas sa vie, on tente, vaille que vaille, de rebâtir un peu mieux à côté.

Certains disent que le meilleur arrive lorsqu'on ne l'attend pas et que l'on se satisfait de ce que l'on a.